Dante poète «subversif»- Corriere.it

Dante poète «subversif»- Corriere.it
De Paul DiStefano

Un livre de Luciano Canfora sur un motif central de la Divine Comédie sort ce mardi 14 mars chez le Corriere. La valeur de la liberté vue à travers trois personnages : César, Caton, Ulysse

Il commence à partir du VI del Paradiso entièrement occupée par le monologue de l’empereur Justinien. Il continue avec le chant I del Purgatoire où Dante et Virgile croisent le gardien Caton Uticense qui doit autoriser le passage. Nous arrivons au XXVI duEnferle chant d’Ulysse. Dante et la liberté (Corriere della Sera – Solferino), le voyage que Luciano Canfora nous invite à faire dans le Comédie divine, un voyage de retour, un voyage plein de surprises, une focalisation progressive sur le problème des problèmes, celui de la liberté. La lucidité et la clarté avec lesquelles Canfora nous accompagne sont impressionnantes.


On part en fait de l’antinomie entre César et Caton, les deux pôles de sa réflexion (de Dante) sur la meilleure forme de gouvernement : un manifeste politique à la première personne (Justinien parlant, Dante le faisant parler), auquel l’auteur lui consacre un espace exceptionnel en faisant son propre manifeste en défense de l’empire universel. L’histoire de la guerre civile qui a vu César triompher de Pompée et de ses partisans est l’étape centrale du remarquable compendium de l’histoire romaine retracée par Justinien, un développement qui commence avec Enée, atteint Charlemagne et devrait aboutir à Henri VII selon l’idéal de Dante.


C’est que si dans ce résumé historique la figure de Caton en anti-César reste dans l’ombre, c’est parce qu’elle est déjà entrée en scène puissamment aux portes du Purgatoire : Caton était dans la vie un représentant de l’idéal républicain, si radical qu’il a répondu à la victoire de César en choisissant le suicide. C’est une surprise de voir un païen suicidaire, que ni Augustin ni Thomas d’Aquin n’aimaient, être pris parmi les sauvés et ne pas le trouver à la place dans le cercle VII en compagnie de Pier delle Vigne et des autres violents contre eux-mêmes. Il est étrange que Dante l’ait même arraché aux limbes, la destination des grands esprits non chrétiens, qui sont également épargnés de toute souffrance pour les mérites intellectuels et moraux. Un privilège que Caton partage avec Virgile, qui lui aussi, en grand païen, vit dans le noble château limbique mais a le droit de partir. La troisième exception est le poète latin Statius, placé au purgatoire en tant que converti secret au christianisme après avoir lu l’églogue IV de Virgile. La fonction prophétique d’enseignant suprême et d’auteur en direction chrétienne est renforcée par cette promotion.

Mais surtout, l’hypothèse du suicide comme gardien du Purgatoire, “officiel” du maître souverain de l’univers, comme le définit Canfora, pour donner le sens de la rupture choquante accomplie par Dante. Pourquoi cette rupture ? Pour Dante, Caton est celui qui refuse la vie au nom de la liberté : c’est précisément ce geste extrême, condamné par la doctrine chrétienne, qui exalte sa valeur morale et civile au point de lui faire prendre le contrôle à l’entrée du second royaume. . Rôle que Cato joue avec sévérité. Le même montré aux deux voyageurs qui arrivent duEnfer contre toutes les lois d’un autre monde. À ce moment-là, sur le seuil, Virgile oblige Dante à s’agenouiller aux pieds du vieil homme avant d’expliquer les raisons qui ont poussé le pèlerin à entreprendre ce voyage: la liberté se cherche, s’exclame Virgile, et précise à l’austère gardienne que cette liberté est chère,/ comme le sait quiconque refuse la vie pour elle : habile de gagner de l’achalandage pour ceux qui avaient choisi de mourir au nom de la liberté. Ici l’expérience de Dante (chercheur de liberté chrétienne) est associée vertigineusement à celle de Caton (chercheur de liberté politique jusqu’au choix extrême).

un Dante subversif qui contourne intrépidement l’hérésie et tout sauf conservateur ou réactionnaire, c’est ce que Luciano Canfora lit à la lumière de la culture classique, et la liberté est le maître mot du poème : certainement la liberté politique de Caton n’est pas la même liberté que recherche Dante et que Béatrice lui a promise: la première est la liberté du libre arbitre, la seconde est celle du chrétien, accordée d’en haut. Mais, précise Canfora, peut-être quelque chose de plus, du moins selon Virgile, qu’au XXVII de Purgatoire il prend congé de son adepte, l’avertissant que maintenant, après ce voyage, votre libre arbitre est libre, droit et sain. Lui rappeler, avec cette triple série d’adjectifs, que la liberté théologale accompagne nécessairement la maîtrise de soi en termes de vertu éthique (et le faire sans faute, avertit Virgile : ce serait une erreur de ne pas obéir à cette droiture et à ce bon sens conquis en chemin ). Bref, cela n’a rien à voir avec la liberté libérale. Voilà la lecture politique de Canfora, pleine de bien d’autres nuances (par exemple, la référence à la conscience de la limite ou de la nécessité d’une empreinte hégélienne).

A cela s’ajoute l’exemple d’Ulysse, héros moderne du savoir au-delà des frontières imposées par une vision catholique : en sa présence Dante fait preuve de la plus grande déférence en obéissant à l’ordre de silence que lui impose son guide. L’admiration du pèlerin change face au défi de curiosité lancé par Ulysse, l’une des plus hautes manifestations du principe de liberté : vous n’étiez pas faits pour vivre comme des brutes… Ce n’est pas un hasard si le Comédie condamné depuis des siècles par l’Inquisition. Ce n’est qu’en 1965 que Paul VI prononça un discours réparateur à cet homme qui avait osé prendre la place de Dieu en évaluant à quel point ses semblables étaient dignes ou indignes du ciel. Acte incomparable de liberté (fuite folle), de désobéissance et d’hérésie.

Dans l’anthologie qui clôt le livre, outre les trois chants mentionnés au début, le XXVII de la Purgatoire con les adieux déchirants de Virgileainsi que le IV duEnferla chanson des limbes, où le subversif Dante donne une preuve extraordinaire de s.

Il volume

Le livre de Luciano Canfora sort le mardi 14 mars en kiosque avec le Corriere della Sera Dante et la liberté (pages 111), au prix de 9,90 euros plus le prix du journal. Le volume sort au même moment en librairie pour Solférino au prix de 11,90 €. Né à Bari en 1942, Luciano Canfora est professeur émérite de philologie grecque et latine à l’Université de Bari. Écrivain au Corriere della Sera depuis 1992, il dirige la revue Quaderni di storia. L’essai de Canfora vient de sortir Catilina. Une révolution ratée (Laterza, pages 396, 25 euros). Parmi ses livres les plus récents : Démocratie des gentlemen (Laterza, 2022); Le passé présent (Sandro Téti, 2022) ; Thucydide et le coup d’état (le Moulin, 2021) ; Le trésor des Juifs (Laterza, 2021); La conversion (Salerne, 2021); La métamorphose (Plus tard, 2021)

Bergame et Brescia célèbrent le génie d’Alighieri
– La journée du 25 mars

La troisième édition de Danted, le samedi 25 mars, revient pour célébrer le jour où, selon les spécialistes, le voyage dans le monde souterrain de la comédie commence. Le projet de nommer un jour après Dante Alighieri (1265-1321) né dans le Corriere d’une idée de Paolo Di Stefano, à laquelle des institutions telles que l’Accademia della Crusca avec son président honoraire, Francesco Sabatini, et des universitaires tels que Luca Serianni (1947-2022). La Journée a été instituée en janvier 2020 par le Conseil des ministres : l’édition zéro a eu lieu en 2020, le sept centième anniversaire en 2021 et la deuxième édition en 2022. De nombreuses initiatives pour 2023, à partir du calendrier de Dante de Bergame et Brescia Capitale de l’Italie culture 2023, Face Brescians et Bergame (XX chant de l’Enfer). À Brescia, au Cinéma Nuovo Eden, le vendredi 24 à 21, l’avant-première avec la projection du film Giovanni Alighieri del fu Dante, réalisé par Paolo Pasquini. Danted, le samedi 25, s’ouvre toujours à Brescia avec une rencontre pour les écoles à l’Auditorium Santa Giulia (10h00), et se poursuit au Théâtre San Carlino (17h00) avec la lectio de la savante Lincei et universitaire Lina Bolzoni, Il visible parler de la Divine Comédie ; le soir, l’Institut Mantegna (à 19h30) accueille la représentation théâtrale Dentro a le craving reeds, organisée par le Centopercento Teatro ; le dîner Dante a Convivio se termine au même endroit (à 20h30). Les festivités se déplacent ensuite à Bergame : le jeudi 30 mars, au Centro Culturale delle Grazie (17h30), le spectacle Processo a Dante met en scène le philologue Fabrizio Brena et l’acteur Virginio Zambelli, avec la lecture de textes de Gasparo Gozzi (pour défense) et Saverio Bettinelli (pour l’accusation). Ravenne, où Dante mourut en 1321, célèbre aussi le Danté : le samedi 25, devant la tombe du poète (9h00) l’ouverture officielle avec les salutations des autorités et la lecture du II chant de l’Enfer par les élèves ; la journée se poursuit avec des lectures, des spectacles et des visites guidées des lieux de Dante par la Fondation RavennAntica). (ida bozzi)

13 mars 2023 (changement 13 mars 2023 | 10h54)

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