Davos-Kloster : une vision de tolérance, d’ouverture et de partage pour le VTT en station

Davos-Kloster : une vision de tolérance, d’ouverture et de partage pour le VTT en station

Alors que la vision de la pratique VTT en station se traduit souvent par la création d’un bike park et de quelques traces enduro… accompagnées d’interdictions partout ailleurs, la région de Davos-Kloster, en Suisse, a fait un choix différent : celui de l’ouverture. Voilà qui a attiré Jérôme et Pauline Clementz, qui nous racontent leur expérience, illustrée des magnifiques photos de Richard Bord : Davos est une station suisse, connue dans le monde pour son forum économique où les grands patrons internationaux se rencontrent pour discuter de comment rendre le monde meilleur (soi-disant). En tant que rider c’est pour moi une destination dans les Alpes Suisses avec un paysage magnifique et une cartographie qui regorge de beaux sentiers. Vous me direz que beaucoup d’endroits sont comme cela dans nos montagnes. Cependant, Davos-Kloster a attiré ma curiosité pour une raison singulière. Depuis maintenant plus de 20 ans, le développement de l’offre VTT dans les stations se traduit souvent par la création d’un bike park bien artificialisé et éventuellement quelques « sentiers enduro ». Mais le tout s’accompagne aussi souvent d’interdictions. Davos-Kloster a eu une vision un peu différente : plutôt que créer de nouvelles traces, ils proposent en grande partie de partager les sentiers. Cette curiosité nous a poussés, avec Pauline, à venir nous perdre un peu dans les montagnes des Grisons pour clôturer la saison. Le site internet regorge de suggestions et il est dur de choisir, mais nous partons vers le Gotschnatgrat. La vue est à 360° est les sentiers partent dans tous les sens avec une perspective sur la vallée de Kloster, celle de Davos et son fameux lac. Des glaciers sont suspendus à droite et à gauche, et le majestueux Weisshorn nous domine. De là-haut, on découvre encore plus le potentiel d’exploration. Pour cette première journée, nous resterons proches de la civilisation. Le terrain de jeu n’en est pas moins exceptionnel et nous nous régalons du matin au soir sur chaque versant. Ayant la bonne idée (ou pas) d’emmener un photographe avec nous, la progression est ralentie suite à ses innombrables envies de prendre des clichés. On vous laisse juger par vous-même les images mais, rétrospectivement, on se dit que le jeu en valait la chandelle et on pardonne bien volontiers Richard. En cette fin de saison, nous croisons peu d’autres usagers et la montagne est à nous. De manière générale, dès qu’on s’écarte un peu des centres des stations, et dès qu’on est en dehors de la haute saison, il n’y a absolument aucun problème de sur-fréquentation. Et donc pas non plus de cohabitation. Eviter de trop concentrer les usagers en laissant un maximum de trails accessibles à tous est aussi une bonne solution. Nous partons ensuite via le téléphérique au Jakobshorn. Une belle crête relie deux sommets avant de basculer sur un autre versant. La vue est prisée des marcheurs qui font un aller-retour sur la crête ou redescendent dans la vallée. On voit que les équipes de Davos entretiennent les trails, que quelques « chicanes » ont été installées, mais l’itinéraire reste naturel et plaisant. De mi-mai à mi-octobre, le Trail Crew Davos se déplace quotidiennement sur les nombreux sentiers. Ils entretiennent chaque trail au moins deux fois par an, et plus fréquemment les itinéraires très prisés. Ils construisent des ponts en pierre au-dessus des passages boueux et des ruisseaux, ce qui limite l’érosion et finalement tout le monde profite de sentiers bien entretenus, sans rejeter la faute sur un utilisateur en particulier. Durant le ride, on profite et chacun montre de la considération pour les autres usagers. Comme quoi, quand on crée un contexte favorable au partage plutôt que de monter les usagers les uns contre les autres, ça fonctionne ! Pour notre exploration suivante, nous partons encore une fois du Jakobshorn, mais sur la partie sud cette fois. Au menu : « l’ Alps Epic Trail », emprunté et rendu célèbre par la Swiss Epic. Apparemment c’est le singletrack le plus long de Suisse. Dès le début, un panneau signifie que l’itinéraire est bien partagé, (sauf avec les poussettes) et il y a effectivement beaucoup de monde. La première partie est vallonnée et permet de doubler ou de se croiser amicalement. Cependant la déclivité augmente et nous pourrions commencer à prendre une certaine vitesse qui pourrait effrayer certaines personnes. C’est à ce moment-là que le trail se divise en deux, avec une partie piétonne et, parallèlement, un sentier aménagé pour les VTT. Un vrai régal où on peut lâcher les freins, se faire plaisir sans arrière-pensée. Moins direct et plus joueur, le tracé VTT est attractif car fun et agrémenté de quelques petits appuis et sauts en pierre. Quand la pente redevient plus douce il rejoint le sentier piéton et la cohabitation prime à nouveau. Un vrai exemple qui permet de ne pas interdire et de créer de nouvelles traces seulement quand c’est vraiment nécessaire. L’appel de l’aventure nous titille et, après ce tronçon assez fréquenté, nous décidons de partir là où il y a moins de monde. J’avais repéré sur une carte un vallon qui m’avait l’air sympa et « éventuellement roulable ». Après un verrou glaciaire qui nous a offert une belle cascade et une vue sur la vallée basse, nous nous perdons dans le coté sauvage où il n’y a plus de traces d’urbanisation. Le vallon est magique, il évolue pour devenir de plus en plus minéral et nous offre de beaux défis accessibles en e-bike mais où il faudrait pousser en vélo classique. Personnellement, c’est ici que je m’épanouis et l’effort est récompensé par un calme majestueux ainsi qu’une belle descente. Nous faisons le tour de la montagne sur du sentier et recroisons une autre section du fameux « Alpe Epic Trail » pour terminer la descente. On pourra dire que nous nous sommes régalés au niveau du ride, du paysage et de l’accueil suisse. Le potentiel à découvrir est énorme, avec ou sans moteur, en utilisant ou non les remontées mécaniques (et trains + bus, qui sont aussi disponibles et très efficaces en Suisse). Bref, les opportunités semblent illimitées. Il y a même deux pistes aménagées avec sauts, relevés et passerelles pour ceux qui sont en manque de « bike park », le tout dans une ambiance 100% Suisse. C’est un exemple qui pourrait inspirer certaines stations ou villages de montagne qui voudraient développer leur offre vélo. On peut aussi y voir une vraie vision de tolérance, d’ouverture et de partage qui prouve que c’est possible de cohabiter et faire que chacun puisse pratiquer son activité dans le respect des autres tout en profitant pleinement. Ayant visité Davos-Kloster en fin de saison, toutes les remontées n’étaient pas ouvertes et nous repartons conquis mais avec l’envie de revenir pour en découvrir plus, voire s’aventurer à pousser jusqu’à Arosa ou même Lenzerheide pour une aventure encore plus épique. A suivre en 2024…
#Découverte #Davos #une #vision #lespace #partagé
publish_date] pt]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.