L’assemblée des Nations unies sur l’environnement qui commence la semaine prochaine à Nairobi promet des discussions animées. Et pour cause : la Suisse propose que l’organisation mondiale “recueille des informations sur les recherches en cours dans le domaine de la géo-ingénierie solaire et mette en place un groupe consultatif qui pourrait suggérer des options futures.”
Cette approche visant à réfléchir une partie de la chaleur et de la lumière du soleil vers l’espace en envoyant dans l’atmosphère des particules de dioxyde de soufre – reproduisant l’effet d’une éruption volcanique massive – fait l’objet d’une controverse en raison de ses impacts potentiels sur l’alimentation, la biodiversité, les inégalités et la sécurité mondiales.
En 2022, quelque 500 scientifiques avaient signé un appel en faveur d’un moratoire sur la géoingénierie solaire, qui stipulerait l’absence de financement public, de déploiement, de brevets, d’expériences et de soutien dans les forums internationaux.
La suite sous cette publicité
La nature prend son temps…
comme cette publicité !
La nature prend son temps…
comme cette publicité !
Un cadre pour éviter le far-west ?
Pour le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), “la recherche est nécessaire” afin d’assurer une “surveillance multilatérale des technologies émergentes qui modifient la planète” – et qui, autrement, pourraient “être développées et testées isolément par des gouvernements puissants ou des individus milliardaires” (Le gardien22 février 2024).
Ainsi, une précédente proposition de la Suisse d’examiner la géoingénierie lors de l’assemblée de l’ONU sur l’environnement en 2019 avait été, selon nos confrères, bloquée par les États-Unis et l’Arabie saoudite – possiblement parce que ces deux pays “souhaitaient mener des recherches sur ces technologies sans être soumis à une surveillance ou à des réglementations internationales.”
La suite sous cette publicité
La nature prend son temps…
comme cette publicité !
Exemple emblématique du “far-west” potentiellement né de ce statu quo, la start-up américaine Make Sunsets vend déjà des “crédits de refroidissement” (sur le modèle des crédits carbone liés à la plantation d’arbres) et prétend avoir effectué des “essais en plein air” au Mexique – pays dont le gouvernement a par la suite interdit de telles expériences sur son territoire…
“Une pente très glissante”
“Il y a des domaines que la communauté internationale a décidé à juste titre d’interdire, comme l’eugénisme, le clonage humain et les armes chimiques. La géoingénierie solaire a sa place sur cette liste et doit la rejoindre rapidement, avant que des conversations apparemment inoffensives sur la gouvernance ne nous entraînent sur une pente très glissante vers le déploiement”défend Mary Church, du Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL), citée par le média britannique.
La suite sous cette publicité
La nature prend son temps…
comme cette publicité !
La nature prend son temps…
comme cette publicité !
Notons cependant qu’une autre institution des Nations Unies, l’UNESCO, a pour sa part déjà planché sur le sujet. La Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST) avait en effet livré son premier rapport sur l’éthique de l’ingénierie climatique (géoingénierie solaire et élimination du CO2) en novembre 2023 – consulté par GEO – peu avant la COP28.
L’ingénierie climatique pourrait “compromettre les politiques climatiques existantes et freiner le financement de mesures essentielles à la réduction des émissions de CO2 ainsi que les efforts d’adaptation”soulignait le rapport, évoquant également le risque “d’aggraver les inégalités à l’échelle mondiale : les pays les plus riches seraient susceptibles d’utiliser ces technologies là où les pays les moins favorisés n’en auraient pas les capacités financières et pourraient en subir les conséquences.”
La suite sous cette publicité
La nature prend son temps…
comme cette publicité !
Cinq ans seulement pour un déploiement à petite échelle
“Une expérience [de géoingénierie solaire] peut utiliser seulement quelques kilogrammes de particules, alors qu’un déploiement susceptible de ralentir considérablement le réchauffement, voire de l’inverser, impliquerait des millions de tonnes par an, soit une différence d’échelle d’un milliard”ont récemment comparé deux chercheurs américains de l’université de Chicago et de la Harvard Kennedy School (Revue technologique du MIT5 février 2024), eux-mêmes en faveur du moratoire.
Leur analyse suggère qu’un pays ou un groupe de pays pourrait vraisemblablement lancer un déploiement de géo-ingénierie solaire à petite échelle en cinq ans seulement, produisant “des changements indéniables dans la composition de la stratosphère.”
Cela pourrait déclencher, préviennent-ils, “une réaction brutale qui bouleverserait la géopolitique du climat et menacerait la stabilité internationale”susceptible de représenter “une rampe de lancement pour un déploiement à grande échelle” et d’être “exploitée par les intérêts des combustibles fossiles qui cherchent à ralentir la tâche essentielle de réduction des émissions.”
#Suisse #ouvre #débat #pour #lONU #forme #groupe #dexperts #sur #géoingénierie #solaire
publish_date] pt]