« Décret du 1er mai » : le gouvernement Meloni attaque, Landini aboie mais ne mord pas

« Décret du 1er mai » : le gouvernement Meloni attaque, Landini aboie mais ne mord pas

2023-05-12 17:25:49

Il y a un mot qui explique mieux le « décret travail du 1er mai » (alors que la journée internationale de la lutte ouvrière se célébrait sur les places, le gouvernement Meloni préparait une énième attaque contre la classe ouvrière). Ce mot est “magheggio”, que l’on pourrait définir comme la ruse frauduleuse et illusoire du magicien.

Par : Diego Bossi (travailleur Pirelli, Italie)

Bien que les “magiciens” aient changé au fil des ans, le répertoire de la magie reste le même et ne produit plus pour l’instant d’étonnement parmi le vaste public d’ouvriers exploités, de retraités et de chômeurs qui peuple l’Italie.

La réduction de la pression fiscale

Le centre de notre “truc” se trouve dans l’aspect économique, notamment dans la fameuse baisse de la pression fiscale, c’est-à-dire des impôts et cotisations qui composent le package salarial des travailleurs.

Tout d’abord, il faut dire que nous sommes confrontés à une réduction des déficits, et ici il est utile de remonter une décennie en arrière, lorsque l’Union européenne, en 2012, avec Mario Draghi comme président de la Banque centrale, a imposé aux États membres d’inclure dans les constitutions respectives l’exigence d’un budget équilibré, mise en œuvre dans la Charte italienne à l’initiative du gouvernement Monti. Depuis lors, l’impérialisme européen a bénéficié d’un nouvel instrument juridique pour affamer des millions de prolétaires. Il est superflu de le rappeler, mais les déficits deviennent des dettes publiques que les gouvernements devront régler : et ils le feront en mettant la main dans la poche des travailleurs. Parce que c’est ainsi que fonctionne le vol légalisé de l’Union européenne.

La deuxième considération est qu’il s’agit d’une coupe unique (“una tantum”) et valable six mois, apportant des montants nets absolument dérisoires à la masse salariale et loin de vraiment récupérer le pouvoir d’achat des travailleurs : ici aussi il est utile de rappelons que l’Italie est le seul pays européen qui a perdu le pouvoir d’achat des salaires de 1990 à aujourd’hui (données OCDE).

Enfin, il s’agit d’une baisse des cotisations sociales qui retomberont sur les retraites déjà maigres, décimées par le système d’indemnisation, qui reviennent aux travailleurs septuagénaires après 44 ans de travail (encore un cadeau du duo Draghi-Monti). En plus de cela, il faut noter que la baisse d’impôt va augmenter l’assiette fiscale, qui sera renié via l’Irpef (Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques), réduisant encore “l’avantage” net pour les salariés. C’est tout le sens de cette astuce du gouvernement Meloni : aujourd’hui je vous propose une pizza, mangez et n’y pensez pas… demain j’enlèverai la nappe et la table aussi.

Sécurité au travail

L’inclusion dans le décret du 1er mai, de normes de renforcement des mesures de sécurité au travail, est de la pure démagogie qui n’apportera aucun changement concret pour la sécurité et la santé des travailleurs. Il s’agit d’une opération de maquillage sur un texte, le décret législatif 81/08, qui en soi n’a produit aucun résultat appréciable : trois travailleurs en Italie ne sont pas rentrés chez eux tous les jours depuis des décennies ! Arrêtons de nous leurrer avec des discussions interminables sur les lois : le capitalisme ne peut garantir la sécurité de l’emploi car il fait passer le profit avant lui. Dans la vie réelle et concrète, faite de travail non déclaré, de précarité, de contrats, de sous-traitance et de chantages de toutes sortes, les travailleurs, surtout les travailleuses et les immigrés, n’ont aucune protection, non seulement dans l’exercice de leur travail, mais aussi ils ne peuvent pas se permettre pour poursuivre les réclamations. Sans conflit de classe et sans stabilité d’emploi, même les normes de bon sens resteront forcément des vases vides.

Formation, chômage et précarité

L’un des pires aspects de ce décret est la prétendue lutte contre le chômage, qui est en réalité une lutte contre les chômeurs. La grave baisse du revenu de base déjà insuffisant (559 euros en moyenne pour 26 000 enfants de moins de 25 ans sur 700 000) va porter un coup sévère à des milliers de jeunes et de chômeurs. La subvention d’inclusion sociale, en plus d’être inférieure, soumise à des exigences plus strictes et destinée à un public plus restreint, s’éteindra en cas de non-acceptation d’offres d’emploi qui, sur papier, doivent respecter les minima contractuels, mais en réalité Ils se caractérisent par des contrats à temps partiel de 4 heures par jour pour les faire travailler 12 avec des taux en dehors de la rémunération officielle.

Deux autres coups très durs aux conditions des travailleurs sont plus de liberté dans l’utilisation des contrats à durée déterminée et l’augmentation des plafonds d’utilisation des primes, notamment dans le secteur du tourisme.

Enfin, les stages dits de formation qui peuvent durer jusqu’à 12 mois et représentent un bénéfice économique de 350 euros par mois pour les participants : même pas de quoi payer les factures d’électricité et de gaz d’hiver !

Landini : le masque qui tombe

Trotsky, dans un texte de 1940 intitulé “Les syndicats à l’ère du déclin de l’impérialisme”, explique très bien une notion importante : “les syndicats aujourd’hui ne peuvent servir que ou, d’une part, d’outil auxiliaire entre les mains des capitalisme impérialiste pour subordonner et discipliner les masses laborieuses et obstruer la voie de la révolution, ou – au contraire – les syndicats peuvent devenir un instrument du mouvement révolutionnaire du prolétariat».

Nous pensons que ces propos sont plus que jamais d’actualité et peuvent donner aux travailleurs les explications les plus efficaces : qu’attendent les secrétaires des syndicats (CGIL en tête !) pour réagir après des années d’attaques continues et massacrantes contre les travailleurs ? ? Que doit-il se passer d’autre pour que, sans délai, une grève générale de masse soit déclenchée pour bloquer le pays ? Landini a révélé les intentions de la direction de la CGIL en invitant Giorgia Meloni, la “présidente” la plus à droite que l’Italie républicaine ait jamais eue, au congrès du plus grand syndicat italien. A noter qu’il s’agit du chef d’un parti qui rassemble une grande partie des principaux représentants de l’ère post-fasciste italienne, des politiciens actifs dans des formations d’extrême droite depuis leur jeunesse. Pourquoi invitent-ils l’héritier politique de ce fascisme, qui a interdit les organisations syndicales et déporté des milliers de travailleurs dans des camps d’extermination, au congrès de la plus grande organisation syndicale italienne ? Non seulement ne devrait-elle pas être invitée, mais elle devrait être avertie de ne pas s’approcher à moins d’un mile ! La direction de la CGIL a trahi et marqué les luttes des travailleurs, à commencer par celles encouragées par sa propre base, en marquant dans l’histoire ces images de Giorgia Meloni qui, du haut de la chaire, a pontifié son programme avec le logo CGIL en arrière-plan, ajoutant à la réconciliation sociale déjà honteuse qui s’opère depuis des décennies ce lien institutionnel avec la droite réactionnaire.

Il ne faut donc pas se demander pourquoi Landini, face aux attentats (dont ceux du décret du 1er mai) perpétrés par le gouvernement dirigé par son “invité d’honneur” au congrès, n’est pas allé au-delà de la feinte et de l’hypocrisie l’indignation et n’a convoqué que trois manifestations sans grève, entre autres trois samedis différents et dans trois villes différentes.

C’est la représentation plastique de ce que Trotsky, parlant des syndicats, définissait comme « un outil auxiliaire entre les mains du capitalisme impérialiste pour subordonner et discipliner les masses laborieuses et obstruer le chemin de la révolution ».

La nécessité d’une direction révolutionnaire

Une fois de plus l’importance d’une direction révolutionnaire est confirmée, qui sait orienter les luttes depuis les revendications syndicales de base jusqu’à la lutte politique contre la bourgeoisie.

Si en Italie, malgré l’une des plus belles et émouvantes histoires du mouvement ouvrier, aujourd’hui le panorama du syndicalisme confédéral est sombre et du côté du syndicalisme de base il y a une incapacité à offrir une alternative de classe attractive pour les travailleurs, il faut dire que même dans la France de ces jours d’incendie, où des millions de travailleurs se sont arrêtés et ont mis les principales villes au-delà des Alpes au fer et au feu, les directions syndicales, bien qu’ayant montré une dose généreuse de conflit et d’unité d’action Ils se gardent bien appeler à la grève générale à tout prix et approfondir le coup d’État contre le gouvernement Macron.

D’où la nécessité de construire une direction révolutionnaire, active dans les luttes, qui prenne la tête de ces commandants réformistes qui les trahissent constamment et conduise les syndicats – pour reprendre les mots de Trotsky – à être “un instrument du mouvement révolutionnaire du prolétariat” , suivant le phare de l’indépendance de classe.

Nous croyons que c’est l’une des tâches les plus importantes du trotskysme et des trotskystes sur la scène de la lutte mondiale des classes ; et c’est dans cette direction que va l’engagement de l’Internationale que nous voulons construire, la Ligue Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale, dont le Parti Communiste Alternative est la section italienne.

Article publié dans www.partitodialternativacomunista.org05/06/2023.-

Traduction : Natalia Estrada.



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