Au moins trois nouvelles lignes de transport d’électricité à très haute tension traverseront le Québec, du nord au sud et d’est en ouest, dans une dizaine d’années, a appris Radio-Canada, incluant, pour la première fois, une connexion de 735 000 volts avec la Gaspésie.
Hydro-Québec dit ne pas avoir le choix, car son réseau de transport arrive à saturation et il faut acheminer la nouvelle production d’électricité vers les projets industriels et la population en croissance.
L’immense projet d’Hydro-Québec coûtera de 45 à 50 milliards de dollars, uniquement pour les lignes de transport. Jusqu’à 20% de tous les travailleurs de la construction du Québec seront requis pour réaliser le plan de la société d’État.
Hydro-Québec doit agir très vite, car les lignes de 735 kilovolts prennent 10 ans à construire et il faudra convaincre les communautés locales de la pertinence des projets.
Le sujet est sensible et la société d’État a refusé de détailler sa planification à Radio-Canada. La porte-parole Caroline Des Rosiers confirme seulement que de nouveaux liens à 735kV seront requis afin d’acheminer la nouvelle production vers les centres de consommation.
Carte du réseau actuel de lignes 735 kV, en mauve, et 315 kV, en vert.
Photo : Hydro-Québec
Selon trois sources, une ligne à très haute tension sera ajoutée depuis la baie James, pour renforcer le corridor de transport d’électricité vers la région de Montréal. Il y en aura une autre, sur le même principe, pour ajouter de la capacité entre la Côte-Nord et le sud du Québec.
Toujours selon nos informations, le troisième grand projet de 735 kV connectera les parcs éoliens actuels et futurs du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Jusqu’à la Vallée de la Matapédia a récemment expliqué le vice-président d’Hydro-Québec Dave Rhéaume à des promoteurs de l’énergie renouvelable.
Cela permettrait à Hydro-Québec d’ajouter une ligne en parallèle dans le corridor Lévis-Boucherville, pour augmenter la capacité.
C’est comme si l’autoroute 20, entre Québec et Montréal, était toujours congestionnée et qu’il fallait ajouter une voie.
Il faut bâtir les autoroutes pour acheminer l’énergie là où on en a besoin explique François Bouffard, professeur agrégé au Département de génie électrique et génie informatique de l’Université McGill.
Il rappelle que la géographie de l’industrie québécoise est en train de changer, avec beaucoup de projets de la filière batterie annoncés au sud du fleuve Saint-Laurent, notamment à Bécancour.
À lui seul, le projet de Northvolt aura besoin d’une puissance électrique de 352 mégawatts (MW), soit plus qu’il en faut pour alimenter toutes les résidences de Longueuil.
Chaque ligne à 735 kV peut transporter plus de 2000 mégawatts, assez d’électricité pour alimenter 700 000 résidences.
Photo : Radio-Canada / Thomas Gerbet
Le réseau de transport est, pour l’essentiel, à saturation. Donc, à peu près partout où on veut faire des ajouts significatifs de production, ça va prendre des investissements importants en transport.
En plus d’une nouvelle centrale hydroélectrique envisagée sur la rivière Petit-Mécatina, sur la Côte-Nord, des parcs éoliens vont se multiplier sur tout le territoire.
La place que l’éolien va jouer dans l’avenir est massive et ça ne pourra pas être concentré à un seul endroit au Québec expliquait le vice-président d’Hydro-Québec, Dave Rhéaume, aux membres de l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER), en février dernier. Donc, c’est toute l’architecture du réseau de 735 kV qui doit être améliorée pour être capable d’y répondre. Il faut réfléchir à l’ensemble du territoire.
Des éoliennes le long du fleuve, à Cap-Chat, en Gaspésie (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
De la pression pour agir vite
Hydro-Québec confirme que, pour construire une ligne de 735kV, qui est souvent longue, l’échéancier typique peut aller jusqu’à 10 ans pour la réalisation des études d’avant-projet, l’obtention des autorisations requises et les travaux de construction.
Si l’objectif de la société d’État est d’avoir terminé en 2035, il va falloir lancer les projets dans les mois à venir. C’est déjà bien tard, au goût de certains promoteurs.
Nous, ce qui nous préoccupe, ce n’est pas de savoir où mettre les éoliennes, c’est de sortir l’électricité de chez nous pour l’amener vers Montréal expliquait, le mois dernier, le maire de Saint-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, lors d’un colloque organisé par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) au sujet d’Hydro-Québec.
Le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, est vice-président de l’Alliance de l’énergie de l’Est. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-François Deschênes
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