Le gouvernement du Québec a laissé des demandeurs d’asile attendre quotidiennement pendant des mois à l’extérieur dans une file d’attente gigantesque devant l’un de ses bureaux, avant de trouver une solution en quelques heures lorsque Le Journal s’est intéressé au dossier. «Avec le froid d’aujourd’hui, patienter quatre heures dehors, c’est quand même difficile», a soufflé Bebeto Lonsili. Il a attendu tout ce temps devant les bureaux de Services Québec sur la rue Notre-Dame avec sa cousine lundi alors qu’il faisait -2°C. La femme, arrivée du Burkina Faso il y a un mois pour demander l’asile, venait faire le suivi de sa demande d’aide sociale du gouvernement provincial. Chaque jour depuis des mois, ils étaient des dizaines, voire des centaines, à attendre comme elle dans une file monstre faisant souvent plus de 100 mètres sur les trottoirs qui contournent l’édifice du Vieux-Montréal, selon ce qu’ont indiqué des commerçants voisins au Journal. Des demandeurs d’asile devaient patienter par dizaines à l’extérieur pendant des heures lundi, alors qu’il faisait -2°C, devant les bureaux de services Québec sur la rue Notre-Dame à Montréal. Photo Olivier Faucher «La file se rallonge» «Cette gestion-là est un problème pour tout le monde. Les conditions d’attente sont très difficiles. […] La file se rallonge depuis quelques mois», a fait savoir de son côté Arthur Fouasson de Gestion Georges Coulombe, l’entreprise gestionnaire de l’immeuble. Sous le couvert de l’anonymat, un commerçant a déploré ce traitement «inhumain», alors que la température frôle le point de congélation depuis plusieurs semaines. Il raconte avoir par exemple permis à une femme enceinte de s’asseoir sur l’une de ses chaises après qu’elle eut utilisé ses toilettes il y a quelques semaines. «J’ai attendu deux heures, mais il y a beaucoup de gens. C’est un petit peu lent. Le froid, c’est le climat!» a déclaré sur un ton optimiste Jean Letang, demandeur d’asile venu d’Haïti. Il a dû quitter la longue file lundi pour aller travailler sans obtenir les explications qu’il souhaitait sur un document gouvernemental reçu par la poste. Jean Letang, un demandeur d’asile de 49 ans originaire d’Haïti qui a abandonné après avoir attendu pendant deux heures en file. Photo Olivier Faucher Disparue miraculeusement Le Journal a envoyé lundi après-midi des questions au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale au sujet de cette attente interminable dans le froid devant son bureau. Les bureaux de Services Québec sur la rue Notre-Dame Photo Olivier Faucher Or, mardi matin, il n’y avait miraculeusement plus de file à l’extérieur, une première depuis des mois selon un commerçant voisin. Le ministère a répondu par courriel mardi avoir ouvert une mezzanine «dès le 14 novembre 2023, augmentant ainsi la capacité d’accueil de la clientèle à l’intérieur de l’édifice». «D’ici deux semaines, des travaux de réaménagement des salles libre-service seront également exécutés pour accueillir plus de clientèle», a indiqué la porte-parole Catherine Poulin. Arrivée massive de demandeurs Selon le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), entre 200 et 250 personnes par jour se présentent à ces bureaux, un afflux important qui n’est pas étranger à l’afflux important de demandeurs d’asile au cours des derniers mois (voir autre texte). Or, il résulte aussi d’un enjeu de diffusion de l’information auprès de cette clientèle, car celle-ci peut présenter une demande d’aide sociale dans n’importe quel bureau de Services Québec, selon le gouvernement. Le ministère a d’ailleurs dit faire une «promotion accrue» des autres bureaux auprès de la clientèle, en plus de la rediriger vers d’autres points de service.
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