HANOVRE – Des dizaines de milliers de travailleurs de Volkswagen (VW) se sont mis en grève le 2 décembre dans le cadre d’un conflit du travail qui s’intensifie, les syndicats avertissant que le géant automobile allemand, frappé par la crise, a l’intention de procéder à des licenciements massifs et à fermer des usines.
Agitant des pancartes indiquant « Vous voulez la guerre, nous sommes prêts ! » et les drapeaux rouges du puissant syndicat IG Metall, les employés des usines à travers le pays ont débrayé contre les plans de la direction visant à procéder à d’énormes réductions.
VW a été durement touché par des coûts de fabrication élevés dans son pays, une transition hésitante vers les véhicules électriques et une concurrence féroce sur un marché clé, la Chine.
Le groupe VW – qui possède 10 marques allant d’Audi et Porsche à Skoda et Seat – a déclaré qu’il « respecte les droits des travailleurs » et croit au « dialogue constructif » pour tenter de parvenir à « une solution durable soutenue collectivement ».
Il a également déclaré avoir pris des « mesures pour garantir des livraisons urgentes » pendant la grève.
IG Metall et le puissant comité d’entreprise de VW se sont battus pour protéger les emplois depuis que VW a annoncé en septembre qu’il envisageait une mesure sans précédent consistant à fermer certaines usines en Allemagne, où le groupe emploie environ 120 000 personnes.
Des milliers de travailleurs ont défilé aux côtés d’une file de nouvelles voitures électriques quittant l’usine de Zwickau dans le cadre de l’action collective, des débrayages ayant également été observés dans les usines de Hanovre au siège historique de VW à Wolfsburg.
“Que ceux d’en haut fassent des erreurs et que nous devons en payer le prix, cela m’énerve”, a déclaré à l’AFP le gréviste Michael Wendt, arborant un foulard aux couleurs du syndicat.
« Le conflit salarial le plus dur »
Au son des acclamations de la foule, des klaxons et des tambours, la présidente du comité d’entreprise, Daniela Cavallo, a déclaré lors d’un rassemblement que les patrons de VW cherchaient à « vendre l’Allemagne en tant que site industriel » et à priver les salariés de leurs droits.
Mais elle a déclaré que la « famille Volkswagen » était unie et disposait d’une « grande endurance » pour lutter contre un conflit du travail qui s’éternisait.
IG Metall a annoncé ce week-end qu’une action revendicative débuterait le 2 décembre avec une série de « grèves d’avertissement », qui sont de courtes grèves, après que VW ait rejeté la semaine dernière les propositions du syndicat pour protéger les emplois.
Environ 66 000 employés de VW ont participé à la grève du 2 décembre, selon IG Metall, et les arrêts devraient se prolonger jusqu’aux petites heures du matin du 3 décembre alors que certains travailleurs de nuit abandonnent leurs outils.
Le négociateur syndical Thorsten Groeger a toutefois prévenu que les grèves pourraient dégénérer en « le conflit salarial le plus dur que Volkswagen ait jamais connu ».
Il a accusé « Volkswagen d’avoir mis le feu à nos conventions collectives » et que le conseil d’administration de l’entreprise « y jetait désormais des fûts d’essence ouverts ».
Il a déclaré : « Ce qui suit maintenant est le conflit provoqué par Volkswagen. Nous ne le voulions pas, mais nous le mènerons avec tout le dévouement nécessaire.
Des perspectives assombries
Les représentants syndicaux affirment que VW souhaite fermer au moins trois usines en Allemagne et supprimer des dizaines de milliers d’emplois, les travailleurs restants étant confrontés à des réductions de salaire de 10 pour cent.
La crise du titan industriel allemand survient alors que la principale économie de la zone euro est en difficulté et dans un contexte d’incertitude politique accrue à l’approche des élections de février.
La situation financière périlleuse de Volkswagen a été soulignée en octobre lorsque le groupe a annoncé une chute de 64 pour cent de son bénéfice au troisième trimestre, à 1,58 milliard d’euros (2,23 milliards de dollars singapouriens).
Le ralentissement de l’activité en Chine, où les concurrents locaux vendent mieux que le constructeur automobile allemand, a été un coup particulièrement dur.
VW a invoqué des « raisons économiques » la semaine dernière lorsqu’il a annoncé la vente de ses activités dans la région chinoise du Xinjiang, bien que l’entreprise ait également été sous pression pour quitter la région du nord-ouest en raison de préoccupations en matière de droits de l’homme.
Les perspectives sont encore assombries par la décision de l’Union européenne d’imposer des droits de douane élevés sur les voitures électriques fabriquées en Chine, ce qui, selon VW, pourrait déclencher des mesures de représailles.
Ses malheurs reflètent une crise plus large dans l’industrie automobile européenne, avec une demande faible et une transition vers les voitures électriques plus lente que prévu.
En Allemagne, VW, BMW et Mercedes-Benz ont tous récemment revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices, tandis que les principaux fournisseurs du secteur ont annoncé des suppressions d’emplois. AFP
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2024-12-03 11:00:00
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