Des experts de l’ONU s’inquiètent des arrestations de travailleurs migrants au Maroc.

Le vieux marché à Marrakech, au Maroc

Des experts des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont exprimé leur inquiétude face aux arrestations massives de travailleurs migrants en situation irrégulière au Maroc. Bien que le Maroc ait récemment adopté une nouvelle politique migratoire, les restrictions liées à la pandémie ont rendu les travailleurs migrants plus vulnérables à l’exploitation et à la détention sans procédure régulière. Les experts de l’ONU appellent à une meilleure protection des droits humains des travailleurs migrants et à une approche plus inclusive pour leur intégration dans la société marocaine.


Le Comité des Nations Unies sur les travailleurs migrants a examiné le rapport périodique présenté par le Maroc le 28 mars dernier et a noté avec préoccupation l’absence de mesures spécifiques destinées à informer les travailleurs migrants des voies de recours dont ils disposent. Les experts du comité se sont également inquiétés du fait que de nombreux travailleurs migrants au Maroc sont dépourvus de ressources financières, ce qui entrave leur capacité à payer les frais liés aux procédures judiciaires. En outre, le Comité a noté qu’un certain nombre de travailleurs migrants employés comme domestiques ne sont pas liés à leur employeur par un contrat de travail, les exposant ainsi au risque d’exploitation.

Le Comité a également exprimé sa préoccupation face aux informations faisant état de travail forcé de migrants, en particulier de migrants en situation irrégulière, ainsi que de certains travailleurs migrants en situation régulière qui se sont vu confisquer leurs papiers d’identité par leurs employeurs ou la famille de ces derniers, ce qui les empêche d’accéder à des services sociaux de base.

Les experts ont également été préoccupés par des allégations de déportation d’enfants et de femmes, y compris de demandeurs d’asile et de réfugiés, ainsi que des défenseurs des droits des migrants en dehors des frontières du pays.

Face à ces préoccupations, le Comité a recommandé à l’Etat partie de prendre les mesures nécessaires pour que l’expulsion de migrants soit interdite jusqu’à ce que chaque situation individuelle ait été évaluée de manière appropriée, afin de respecter le principe de non-refoulement et l’interdiction de l’expulsion collective et arbitraire. Les experts ont également exhorté l’État partie à enquêter sur les allégations de violence contre des migrants au poste-frontière entre Nador et Melilla en juin 2022, qui ont fait au moins 23 morts et des dizaines de blessés.

Le Comité a noté que le Maroc a mis en place plusieurs mesures préventives pour protéger les migrants contre les organisations criminelles impliquées dans le trafic de migrants et la traite des êtres humains. La délégation marocaine a affirmé la proximité géographique avec l’Europe, dont le Maroc est séparé de seulement 14 kilomètres, tout en soulignant également que la marine marocaine a secouru plus de 90 000 migrants au cours des dernières années.

Le Maroc a souligné sa stratégie « humaniste et solidaire dans le traitement des migrants » et que 86 % des régularisations concernent les ressortissants de pays africains, qui ajoutent à la richesse de la société marocaine, caractérisée par l’absence de racisme et de xénophobie.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, qui sont les mécanismes indépendants d’établissement des faits et de suivi du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Les experts travaillent sur une base volontaire et ne font pas partie du personnel de l’ONU. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.

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