Des fans de la Jeunesse sportive de Kabylie au stade Hammadi Agrebi de Radès

Des fans de la Jeunesse sportive de Kabylie au stade Hammadi Agrebi de Radès

Son inauguration par le président Tebboune, annoncée le 23 décembre, attendra encore. Mais le stade, à l’allure de soucoupe volante verte et jaune, les couleurs de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), se dresse déjà tel une forteresse au-dessus de Tizi-Ouzou. « Le plus beau stade d’Algérie »juge le sélectionneur Djamel Belmadi, au sujet de cet édifice de 50 000 places promis par Abdelaziz Bouteflika en 2003, alors en pleine campagne pour sa réélection. Il s’agissait alors de faire oublier la mort de plus d’une centaine de jeunes tués dans des émeutes deux ans auparavant. Vingt ans plus tard, la promesse a été tenue, mais les lignes de fracture entre Alger et la Kabylie restent béantes.

La JSK est un porte-étendard de la cause berbère dans le pays et au-delà des frontières. Elle représente la Kabylie, sa langue et sa culture opprimée par le pouvoir central algérien. Elle a accompagné par ses victoires des moments politiques clés comme le « printemps berbère » en 1980 ou le « printemps noir » en 2001. Les slogans qui ne pouvaient se dire dans la rue étaient criés dans les stades.

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En 1977, lorsque l’équipe a atteint la finale de la Coupe d’Algérie, pour la première fois on pouvait entendre une partie des travées du stade du 5 juillet d’Alger demander « Perruque Anwa ? » (« Qui sommes-nous ? »), et le reste de répondre en chœur « d’imazighen ! » (« Des Amazigh ! »), se remémore Houcine, alors étudiant en droit. « C’était d’un courage incroyable, en présence du président Boumediène, c’est-à-dire durant les années de plomb où la sécurité militaire faisait peur à tout le monde », explique cet avocat, impliqué dans la défense des prisonniers d’opinion, sous couvert d’anonymat. L’événement est évoqué par Oulahlou, auteur de la chanson Pouvoir assassin !, dont le refrain est devenu un classique des stades depuis 1998 et l’assassinat de Matoub Lounès, chanteur rebelle, icône de son vivant, tué dans des circonstances toujours floues.

Pour Aghiles, un supporteur venu d’Alger pour encourager son équipe, « la JSK, c’est comme le Barça, c’est la fierté d’une région dont la culture a été longtemps méprisée par le pouvoir ». Pour Da Ouamar, un vieux supporteur qui ne se rend plus au stade depuis longtemps mais dont la boutique est ornée de photos historiques résume le sentiment général, « la JSK, c’est un symbole de liberté et de fierté ».

Record de titres de champions

Le club de Tizi-Ouzou est une institution du football algérien, le seul à n’avoir jamais quitté l’élite depuis qu’il y a accédé en 1969. Il détient le record de titres de champions (14) et un palmarès africain éloquent avec notamment deux victoires en Ligue des champions continentale. Mais depuis quinze ans, la JSK n’a récolté que deux trophées et les dernières années de Mohand-Chérif Hannachi, capitaine de l’équipe des années 1970 avant de devenir le président emblématique du club entre 1993 à 2018, ont été synonymes d’un déclassement progressif. « On était devenu un club banal », se désole Aghiles.

Sa succession par le jeune Cherif Mellal (42 ans), qui prendra la présidence à l’issue d’un combat homérique, préfigurant d’un an les protestations du Hirak contre un pouvoir cacochyme, va renouveler la ferveur autour des « canaris ».

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