Des graffitis inquiétants à Schaerbeek : simple provocation ou signe de trafic de drogue ?

Les murs des grandes villes sont souvent décorés de graffitis et de messages divers. On y trouve des messages politiques, d’autres plus poétiques, ainsi que des déclarations d’amour ou de désamour. Cependant, certains graffitis intriguent et inquiètent les riverains du Parc Josaphat à Schaerbeek. Plus précisément, près du pont situé à proximité de l’hôpital Paul Brien, on peut voir ces graffitis.

La question se pose : s’agit-il simplement d’un graffiti ou autre chose ? En effet, on peut y lire : “10 euros 1g, 20 euros 2g, 40 euros 5g, 50 euros 6g”. Pour certains passants inquiets, cela ressemble à un tableau indiquant les prix de stupéfiants au gramme. Cette pratique existe dans certains quartiers difficiles de Marseille en France. Serait-elle également exportée en Belgique ? C’est ce que craignent certains riverains qui ne veulent pas voir leur quartier, relativement calme, se transformer en repère de trafiquants. Ces inquiétudes sont-elles légitimes ou s’agit-il simplement de l’interprétation d’un simple graffiti anodin ?

En se promenant près de ce fameux mur, rien ne laisse penser qu’il s’agit d’un endroit mal famé. De jour comme de nuit, aucun trafic de drogue de rue n’a été observé. Les passants, principalement des habitants du quartier, sont dubitatifs. Certains profitent du beau temps en se promenant presque au soleil, tandis que d’autres jouent au football ou au basket, ou encore font un pique-nique rapide avant l’arrivée des nombreux rats présents dans le quartier.

Un adolescent conseille : “Madame, vous voulez de la drogue ? Il vaudrait mieux vous rendre près de la Cage aux Ours (place Verboekhoven) si c’est ce que vous cherchez. C’est là-bas que ça se vend beaucoup, même si je n’en prends pas, je vous le jure ! Mon père me tuerait si je faisais ça. Mais tout le monde sait que c’est là que ça se passe”. Ces propos sont confirmés par son entourage, qui précise que l’endroit est trop surveillé par les caméras pour que la drogue puisse être vendue tranquillement.

Un adulte qui accompagne le groupe de jeunes ajoute : “Regardez l’environnement autour de nous. Nous ne sommes pas dans le bas de Schaerbeek ici. Il faudrait être complètement idiot pour se mettre à dealer ici. Quant à l’idée d’afficher les prix, je n’y crois pas une seconde, à moins de vouloir se faire arrêter”.

Hafida, une habitante de Schaerbeek et riveraine du Parc Josaphat, connaît bien les lieux. Elle partage l’avis des jeunes rencontrés et estime que ce graffiti est sans doute l’œuvre d’un artiste en herbe… ou qui aurait un peu trop fumé d’herbe, mais ce n’est pas un tableau de vente de drogue. Elle pense plutôt qu’un jeune espère que son dessin sera partagé sur les réseaux sociaux. Si les curieux s’intéressent à Schaerbeek et aux problèmes qui affectent notre commune, elle leur conseille de voir l’ampleur des dégâts près de la gare de Schaerbeek ou du côté de la place Verboekhoven. La drogue dure circule normalement en plein jour, c’est affolant.

Contactée, la porte-parole de la zone de police Bruxelles Nord (Pol BruNo) s’explique : “Ce graffiti est connu, et il n’est pas le seul repéré par nos services. Nous ne savons cependant pas s’il s’agit de simples provocations ou si cela est lié à un trafic de drogue”.

La zone de police ajoute que le graffiti sera effacé sous peu. Cependant, les forces de l’ordre pourraient mener des investigations pour déterminer s’il s’agit d’une œuvre artistique sans danger ou bien d’une technique audacieuse utilisée par des narcotrafiquants pour attirer des clients.