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Des psychiatres détaillent le cas étrange d’une femme hantée par de mystérieux “biens” depuis sept ans

by Nouvelles

Que se passe-t-il lorsque les croyances culturelles croisent les troubles psychiatriques ? Une étude de cas de Curéus met en lumière un trouble rare connu sous le nom de trouble de transe et de possession, vécu par une femme de 55 ans dans une région rurale de l’Inde. Ses épisodes d’altération de la conscience, perçus comme de la possession, ont finalement été liés à un trouble de l’humeur sous-jacent appelé dysthymie. Le rapport, rédigé par des psychiatres du Jawaharlal Nehru Medical College en Inde, met en lumière la complexité du diagnostic et du traitement des troubles psychiatriques influencés par des facteurs culturels.

Le trouble de transe et de possession est un phénomène psychiatrique rare caractérisé par des états de conscience altérés. Dans un état de transe, les individus subissent un changement temporaire de conscience, souvent accompagné de comportements ou de discours qu’ils ne peuvent pas contrôler. Les états de possession, cependant, sont marqués par le remplacement du sentiment de soi de l’individu par une autre identité, qui peut être perçue comme une divinité, un esprit ou même un animal. Ces épisodes sont profondément influencés par des facteurs culturels et sociaux, se manifestant souvent d’une manière qui reflète les croyances et pratiques locales.

Au cours de ces épisodes, les individus peuvent présenter des comportements tels que parler avec des voix inconnues, faire des gestes inhabituels ou paraître insensibles à leur environnement. Malgré leur présentation dramatique, ces épisodes sont généralement transitoires et peuvent être déclenchés par un stress émotionnel, des conflits non résolus ou des pressions sociales et environnementales. La pathologie est reconnue sous différents noms dans les classifications psychiatriques, soulignant l’importance du contexte culturel dans son diagnostic et son interprétation.

La dysthymie, souvent appelée trouble dépressif persistant, est une forme chronique de dépression caractérisée par une humeur maussade persistante. Contrairement à la dépression majeure, ses symptômes sont moins graves mais durent beaucoup plus longtemps, souvent des années. Les personnes atteintes de dysthymie peuvent ressentir de la fatigue, une faible estime de soi, des difficultés de concentration et un sentiment de désespoir. Bien que ces symptômes soient moins aigus, leur caractère prolongé peut nuire considérablement à la qualité de vie d’un individu.

La dysthymie coexiste souvent avec d’autres problèmes de santé mentale, exacerbant leurs symptômes. Dans l’étude de cas, la dysthymie de la patiente a probablement accru sa vulnérabilité aux épisodes de transe et de possession, créant une boucle de rétroaction dans laquelle chaque condition influençait l’autre.

La patiente dans ce cas était une femme de 55 ans du Maharashtra, en Inde. Femme au foyer issue d’un milieu socio-économique défavorisé, elle a été amenée à la clinique psychiatrique par sa fille en raison de symptômes persistants de mauvaise humeur, de maux de tête, de retrait social et de difficultés à gérer les tâches quotidiennes. Ces symptômes étaient aggravés par des épisodes au cours desquels le patient parlait d’une voix différente, agissait d’une manière inhabituelle et présentait des comportements compatibles avec la possession. Ces épisodes, qui duraient jusqu’à deux heures, duraient depuis sept ans.

Sa famille a d’abord demandé l’aide de guérisseurs religieux, une réponse courante dans de nombreuses communautés rurales et traditionnelles, ce qui a retardé l’intervention médicale. Lorsqu’elle s’est finalement présentée à la clinique, une évaluation médicale complète a été réalisée. Des analyses de sang, des examens neurologiques et des études d’imagerie, notamment l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’électroencéphalographie (EEG), ont exclu des affections physiques sous-jacentes telles que des tumeurs cérébrales ou des troubles épileptiques. Les symptômes dépressifs de longue date de la patiente, remontant à l’adolescence, ont permis de mieux comprendre les causes sous-jacentes de son état.

Traitement combinant médicaments et psychothérapie. La patiente s’est vu prescrire de l’escitalopram, un antidépresseur visant à soulager ses symptômes dysthymiques. Des séances de psychothérapie hebdomadaires abordaient ses difficultés émotionnelles et le lien entre ses troubles de l’humeur et ses épisodes de transe. Au fil des mois, ses symptômes dépressifs se sont améliorés et les épisodes de transe sont devenus moins fréquents et moins intenses. Ce résultat a mis en évidence l’intérêt de traiter les deux pathologies de manière globale plutôt que de se concentrer sur elles isolément.

« Si le diagnostic psychiatrique antérieur de dysthymie de notre patient avait été reconnu et traité de manière appropriée, les épisodes de transe n’auraient peut-être pas eu lieu en premier lieu. Diagnostiquer la TPD [trance and possession disorder] pose plusieurs défis et limites en raison de l’interaction complexe de facteurs culturels, spirituels, psychiatriques et socio-économiques. Par conséquent, un diagnostic et un traitement précoces sont cruciaux pour améliorer le fonctionnement général et la qualité de vie du patient », ont conclu les auteurs de l’étude.

Même si les études de cas offrent des informations précieuses sur des pathologies rares et complexes, elles comportent des limites inhérentes. Ils se concentrent sur des expériences individuelles, qui peuvent ne pas être représentatives de populations plus larges. Les résultats ne peuvent pas être généralisés à toutes les personnes souffrant de troubles de transe et de possession ou de dysthymie, et des facteurs culturels propres aux antécédents du patient peuvent limiter l’applicabilité des observations à d’autres contextes.

Malgré ces limites, les études de cas restent indispensables pour faire progresser les connaissances médicales. Ils mettent souvent en lumière des présentations inhabituelles de pathologies et aident les cliniciens à comprendre comment différents facteurs (biologiques, psychologiques et sociaux) interagissent chez un même patient. Dans ce cas, le récit détaillé contribue à combler le fossé entre la pratique clinique et la sensibilité culturelle, en soulignant la nécessité d’approches holistiques en matière de soins de santé mentale.

L’étude, “Trouble de transe et de possession avec dysthymie sous-jacente : un rapport de cas», a été rédigé par Yatika Chadha, Ragini Patil, Saket Toshniwal et Nayan Sinha.

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