Un récent rapport de l’ONU révèle qu’entre 3 000 et 4 000 soldats rwandais combattaient aux côtés des rebelles du M23 dans l’est de la RDC, Kigali exerçant un contrôle important sur les opérations du groupe rebelle. Le rapport, commandé par le Conseil de sécurité de l’ONU, souligne l’implication militaire et l’influence considérables du Rwanda dans le conflit, tenant le Rwanda responsable des actions du M23.
Publié le : 08/07/2024 – 11:17Modifié le : 08/07/2024 – 11:24
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Entre 3.000 et 4.000 soldats rwandais combattent aux côtés du M23 dans l’est de la RDC, selon un rapport d’experts de l’ONU consulté lundi par l’AFP, qui note que Kigali a “un contrôle de fait” sur les opérations des rebelles.
La province du Nord-Kivu est aux prises avec la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) depuis fin 2021, le groupe s’étant emparé de larges pans du territoire de la région et ayant installé un régime parallèle dans les zones désormais sous son contrôle.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle M23 dirigé par les Tutsis, ce que Kigali n’a pas encore confirmé.
Mais le rapport commandé par le Conseil de sécurité de l’ONU affirme que le « contrôle et la direction de facto des opérations du M23 » par l’armée rwandaise rendent le pays « responsable des actions du M23 ».
Les interventions et opérations militaires des Forces de défense rwandaises (RDF) dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi – tous situés au Nord-Kivu – « ont été essentielles à l’impressionnante expansion territoriale réalisée entre janvier et mars 2024 » par le M23, indique le rapport.
Les chercheurs du rapport ont estimé qu’au moment de la rédaction du rapport en avril, le nombre de soldats rwandais « égalait, voire dépassait » le nombre de soldats du M23, estimé à environ 3 000.
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Le rapport contient des photographies authentifiées, des images de drones, des enregistrements vidéo, des témoignages et des renseignements qui, selon lui, confirment les incursions systématiques des RDF aux frontières.
Les images et les photos montrent des rangées d’hommes armés en uniforme, utilisant des équipements tels que de l’artillerie et des véhicules blindés équipés de radars et de systèmes de missiles antiaériens, ainsi que des camions pour transporter des troupes.
Jusqu’à fin 2023, les autorités rwandaises ont publiquement nié que leurs troupes opéraient aux côtés des rebelles du M23 au Nord-Kivu, mais depuis, Kigali ne commente plus directement de telles accusations.
Le président rwandais Paul Kagame a déclaré le 20 juin sur FRANCE 24 “nous sommes prêts à nous battre” contre la République démocratique du Congo si nécessaire, tout en évitant la question de la présence militaire de son pays dans le pays.
Depuis plusieurs mois, les États-Unis, la France, la Belgique et l’Union européenne appellent le Rwanda à retirer ses forces et ses missiles sol-air du sol congolais et à cesser de soutenir le M23.
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Mineurs recrutés
Le rapport indique également que des enfants dès l’âge de 12 ans ont été recrutés dans « presque tous les camps de réfugiés au Rwanda » pour être envoyés dans des camps d’entraînement en zone rebelle sous la supervision de soldats rwandais et de combattants du M23.
« Les recrues âgées de 15 ans et plus étaient entraînées au combat et envoyées sur les lignes de front pour combattre », a-t-il déclaré.
Elle a ajouté que le recrutement de mineurs au Rwanda était généralement effectué par des agents de renseignement « au moyen de fausses promesses de rémunération ou d’emploi » et que ceux « qui ne consentaient pas étaient emmenés de force ».
Au cours de leurs offensives, le M23 et l’armée rwandaise ont « spécifiquement ciblé des localités majoritairement habitées par des Hutus, dans des zones connues pour être des bastions des FDLR » – les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda.
Les FDLR sont un groupe rebelle rwandais formé d’anciens hauts responsables hutus à l’origine du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, qui se sont depuis réfugiés en RD Congo.
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Soutien de l’Ouganda
La présence du groupe dans l’est de la RDC est considérée par Kigali comme une menace.
La communauté internationale a appelé à la fin de l’intervention étrangère en RDC, en proie à la guerre, et a également demandé à Kinshasa de prendre ses distances avec les FDLR.
Mais le rapport de l’ONU note que le gouvernement de la RDC a utilisé plusieurs « groupes armés du Nord-Kivu, dont les FDLR, pour combattre le M23 et le RDF ».
Ce mélange de groupes armés combattant aux côtés de l’armée congolaise est connu sous le nom de Wazalendo – patriotes en swahili.
Les experts qui ont rédigé le rapport ont accusé les Wazalendo de nombreuses violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
Les experts ont également déclaré avoir reçu la confirmation d’un « soutien actif » au M23 de la part de membres des services de renseignement ougandais.
Cette situation survient alors que l’armée ougandaise travaille aux côtés de l’armée congolaise dans sa lutte contre un autre groupe rebelle affilié au groupe État islamique, à environ 100 kilomètres au nord de la zone contrôlée par le M23.
(AFP)
2024-07-08 12:17:18
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