2024-12-13 15:14:00
L’issue était incertaine jusqu’au dernier moment. François Bayrou il a toujours été le candidat favori dans cette crise gouvernementale, mais le jour de sa nomination, les choses semblaient devenues compliquées. Reçu à l’Elysée à 8h30 du matin, il repart par une porte latérale au bout d’une heure et trois quarts. Entre-temps, des informations ont fuité sur une réunion « tendue » au cours de laquelle le président Emmanuel Macron il aurait proposé au leader du Mouvement Démocrate (MoDem) d’être le numéro deux derrière l’ancien socialiste (et macronien de fer) Roland Lescurerecevant un refus et la proposition de nommer à la place Bernard Cazeneuve. L’un des sept avions présidentiels, partis de Paris, reviendrait de Cherbourg, la ville de Cazeneuve…
Ensuite, la surprise. Bayrou est nommé Premier ministre. Apparemment, il aurait menacé de retirer sa formation politique, composée de 33 députés, de la coalition qui soutiendra activement le gouvernement, si Lescure avait été choisi. Macron avait déjà exclu Cazeneuve.
«Dialogue pour trouver les conditions de la stabilité»
Bayrou va maintenant devoir comprendre dans quelle mesure l’accord de non-censure signé par le président avec les partis de l’arc républicain (les macroniens et ses alliés, les socialistes, les écologistes, les communistes et les républicains gaullistes) pourra survivre. et quels partis pourront-ils créer une véritable coalition gouvernementale. Il est possible que la formation des équipes prenne plusieurs jours. Tant la droite républicaine que les partis de gauche ont réclamé un Premier ministre choisi dans leurs propres rangs. Bayrou, explique l’Elysée, “a pour mission de dialoguer avec tous les partis politiques”, à l’exclusion du Rassemblement national et de la France insoumise, pour “trouver les conditions de stabilité et d’action”.
La « nécessaire réconciliation »
«Tout le monde comprend la difficulté de la tâche – a commenté Bayrou immédiatement après la nomination – je pense aussi que tout le monde comprend qu’il faut trouver un chemin qui unit au lieu de diviser. Je pense que la réconciliation est nécessaire.” Un concept, cela, répété au moment de la passation de pouvoir au Palazzo Matignon, lorsque – devant son prédécesseur Michel Barnier – il renouait avec l’inspiration initiale d’Emmanuel Macron, selon laquelle «on ne peut plus se trouver face à un problème de dont on n’est plus le maître et dans lequel il n’y avait plus aucune possibilité d’évolution.” Il a évoqué son modèle, Henri IV, né un 13 décembre (en fait avant l’introduction du calendrier grégorien) comme son gouvernement, pour souligner l’importance “de sortir de ces guerres stupides, de ces guerres secondaires” entre les forces politiques.
Les Gaullistes : un soutien conditionnel au projet
Les alliés potentiels sont sceptiques, hormis le camp macronien. Chez les Républicains, seulement Valérie Pécresseprésident de la région Ile-de-France, a exprimé ses félicitations mais la direction du parti a conditionné son soutien au « projet » de Bayrou ; pas une décision facile cependant, puisque le chef de groupe à l’Assemblée Laurent Wauquiez il a invité tout le monde à parler “d’une seule voix”.
Écologistes : « Pauvre France »
Le premier secrétaire du Parti communiste (PCF), Fabien Roussel, a immédiatement commenté : “C’est une mauvaise nouvelle”. Il n’a toutefois pas exclu un soutien extérieur : il a demandé que Bayrou “s’engage à ne pas appliquer l’article 49.3” de la constitution, qui permet au gouvernement, dans certains cas, d’approuver une loi sans le vote du Parlement. “C’est ainsi qu’il pourra éviter d’être censuré”, a-t-il ajouté. La réaction des écologistes fut même méprisante : “C’est du mauvais théâtre de boulevard”, écrit le secrétaire Marine Tondelierqui concluait : « Pauvre France ». Il a donc promis la censure s’il maintient Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur, le gaulliste aux positions très proches de celles des lépénistes qui sera immédiatement reçu par Bayrou.
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