Le principal suspect dans la disparition de la petite Britannique Maddie est apparu brièvement en public vendredi pour la première fois depuis sa mise en cause dans cette affaire en 2020, à l’ouverture d’un procès sur des faits distincts en Allemagne.
Les débats, qui portent sur des accusations de viol et agressions sexuelles, ont été interrompus et reportés juste après l’ouverture du procès à Brunswick, dans le nord du pays, en raison d’un problème présumé d’impartialité d’une magistrate.
Ils ont néanmoins permis d’avoir un premier aperçu de Christian Brückner, un Allemand de 47 ans, soupçonné d’être à l’origine de la disparition de la fillette britannique, l’une des affaires criminelles plus retentissantes de ces dernières années.
L’homme s’est présenté vendredi vêtu d’une chemise violette et d’une veste grise, l’attitude posée.
Mais avant même la lecture de l’acte d’accusation, le tribunal a décidé de reporter l’audience à vendredi prochain.
La défense a en effet émis des doutes sur l’impartialité d’une juge assesseur non professionnelle qui aurait appelé sur internet à tuer l’ex-président brésilien, Jair Bolsanoro.
En outre, cette psychothérapeute pour enfants défend les intérêts de ces derniers, ce qui selon la défense, suscite des doutes sur sa neutralité.
– Isolement –
La désignation de Christian Brückner en 2020, comme principal suspect dans la disparition de Madeleine McCann, dite Maddie, survenue en 2007 au Portugal peu avant son quatrième anniversaire, avait été un moment majeur dans cette enquête aux ramifications internationales.
Il n’a pas été formellement inculpé pour la disparition de la fillette, mais les investigations de la justice allemande dans ce dossier sont à l’origine du procès ouvert vendredi.
L’accusé, au profil de violeur récidiviste, purge actuellement en Allemagne une peine de prison de sept ans pour le viol en 2005 d’une Américaine âgée à l’époque de 72 ans, à Praia da Luz, la même localité de la région de l’Algarve, dans le sud du Portugal, où a disparu Maddie.
Son avocat Friedrich Fülscher a indiqué à des journalistes à l’extérieur de la salle d’audience de Brunswick qu’il était à l’isolement depuis près de deux ans.
Selon Me Fülscher, la gravité des accusations portées contre lui et l’intérêt considérable du public pour le procès ont eu un impact psychologique considérable sur son client. “Je dirais qu’il est très marqué”, a-t-il déclaré.
S’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés à Brunswick, il encourt jusqu’à 15 ans de prison. Dans le cas contraire, il pourrait être libéré dès 2026. Son procès devrait durer environ quatre mois.
Dans les jours précédant l’audience, M. Fülscher avait indiqué que son client voulait garder le silence.
Dans une des affaires qui lui vaut de comparaître, il est soupçonné d’avoir agressé sexuellement une fillette allemande de 10 ans sur une plage en avril 2007, quelques mois seulement avant la disparition de Madeleine McCann.
Dans un autre cas, il est accusé de s’être exhibé devant une enfant portugaise de 11 ans sur une aire de jeux.
– des témoins et un cahier –
Il est aussi jugé pour le viol d’une septuagénaire, attachée et battue dans son appartement de vacances, d’une enfant d’environ 14 ans attachée à un poteau dans sa maison et d’une Irlandaise de 20 ans.
Parmi les éléments à charge que le parquet produira au procès figurent des déclarations de témoins et des cahiers saisis chez Christian Brückner, qui offrent un aperçu de ses fantasmes sexuels.
Maddie avait disparu de l’appartement de location où elle passait des vacances pendant que ses parents dînaient à proximité.
L’enquête a piétiné durant des années avant que cet homme, qui vivait à l’époque des faits à quelques kilomètres de l’hôtel, n’attire l’attention des autorités.
Dans cette affaire, la police portugaise a mené fin mai 2023 des fouilles près d’un réservoir d’eau au Portugal. Des “éléments” ont été découverts, selon le parquet de Brunswick, qui avait alors estimé qu’il était “trop tôt” pour déterminer s’ils étaient liés à la disparition de la fillette.
Les enquêteurs allemands affirment toutefois avoir des “preuves concrètes” de la mort de Madeleine.
publié le 16 février à 15h24, AFP