Djibouti : Contributions à la paix et à la sécurité

Djibouti : Contributions à la paix et à la sécurité
Ismaïl Omar Guelleh – Président de Djibouti

La République de Djibouti, est un territoire qui constitue l’archétype de la zone stratégique par définition permettant l’accès et le contrôle des routes maritimes, située au détroit de Bab el-Mandeb et dont la création de sa capitale s’inscrit dans cette intention.

Sur la rive africaine de la mer Rouge, la République de Djibouti, l’un des plus petits États du continent, occupe une position stratégique singulière entre l’Afrique et le golfe Persique, entre la mer Rouge et l’océan Indien, dans une région instable faisant de la le territoire un espace stratégique et un objet de convoitise. Djibouti est alors perçu à travers le prisme de sa position géostratégique et de ses attributs portuaires.

Le pays assure sa propre stabilité dans une région marquée par l’instabilité et la fragmentation. La stabilité de Djibouti et sa position géostratégique privilégiée dans un environnement régional instable lui ont permis d’assurer sa survie en s’affirmant comme un partenaire privilégié dans le système mondial. Doté d’une forte identité régionale afro-arabe, son environnement régional est composé de son arrière-pays africain d’une part, et des capitales du Moyen-Orient, dont le Yémen, qui n’est qu’à 20km. Il consolide ses fonctions de pont et de carrefour entre son arrière-pays immédiat (Éthiopie) et régional d’une part, et son environnement international d’autre part. Malgré sa petite taille, elle est fortement ancrée dans son environnement et constitue une plateforme pour la région sous divers aspects, qui assure son développement et sa survie.

Il est également stratégiquement positionné sur le détroit de Bab El-Mandeb, la quatrième voie de navigation la plus fréquentée avec un trafic commercial mondial entre la mer d’Oman et le golfe d’Aden, la mer Rouge, le canal de Suez, la mer Méditerranée et les ports européens. Plus de 60 navires commerciaux transitent chaque jour dans ses eaux. Le détroit est particulièrement important pour le commerce de l’énergie car il facilite le transport d’environ 4,8 millions de barils de produits pétroliers raffinés et de pétrole brut par jour.

Djibouti multiplie ses infrastructures portuaires (SGTD, DMP, Horizon Terminal, Port de Tadjourah, Port de Ghoubet), ses zones franches (DFZ, DDID, DIFTZ, la plus grande zone franche d’Afrique), son transport multimodal (DPCR pour le fret routier, train pour fret ferroviaire) et vise à développer le fret aérien. Il vise à devenir le premier port d’Afrique d’ici 2021 en termes de productivité et d’efficacité (Banque mondiale, 2021). Elle est reliée à Dar El Salam, à Madagascar et même à la ville de Peth en Australie. Dans le secteur des télécoms, Djibouti Télécom se positionne comme un hub régional de télécommunications avec 9 câbles sous-marins d’interconnexion entre l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique. Par ailleurs, Djibouti abrite depuis 2013 le premier data center de la Corne de l’Afrique et en développe actuellement un deuxième à Obock.

Contribution à la paix et à la sécurité

Au niveau international, Djibouti est une pierre angulaire du commerce vers et depuis l’Indo-Pacifique. La sécurité du détroit est donc un enjeu essentiel pour le commerce maritime et place Djibouti au cœur de la lutte contre la piraterie le long de la mer Rouge. Le pays, « terre d’échange et d’accueil », est un cas d’école en géopolitique car il se positionne comme une projection de puissance (soft-power) pour les puissances étrangères par la présence sur son territoire des principales puissances mondiales : les Français et les Italiens ont y installe des bases, et héberge la seule base japonaise et chinoise d’outre-mer et la seule base militaire permanente des États-Unis en Afrique et participe à la sécurisation et à la pacification de la région. Selon les mandats de chacun, ces installations militaires assurent la sécurité du commerce maritime, la lutte contre la piraterie et le terrorisme et servent de point de relais humanitaire, notamment en cas de rapatriement nécessaire des nationaux dans la région. Djibouti constitue donc une plateforme de sécurité dans la région, comme l’ont démontré les récents rapatriements d’étrangers du Soudan via Djibouti (ex. Opération Sagittaire pour la France) et par le passé, notamment lors du conflit au Yémen.

Mais Djibouti contribue également aux opérations de maintien de la paix en Afrique. Sous l’égide de l’ONU, l’unité de police judiciaire de Djibouti contribue aux troupes au Congo et en République centrafricaine à travers la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine. République démocratique du Congo (MINUSCA) et au Soudan par le biais de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour. Sous l’égide de l’Union africaine, l’armée djiboutienne participe activement à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISON), devenue en 2022 la Mission transitoire de l’Union africaine en Somalie (ATMIS).

Djibouti est membre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour la troisième fois et a utilisé ses compétences diplomatiques pour arbitrer et résoudre les différends dans la région. Par ailleurs, depuis le 13 juin 2023, le président de Djibouti assume la présidence tournante de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et travaille à la médiation du conflit au Soudan. À la fin de l’année, les deux factions belligérantes en lice pour le pouvoir au Soudan, d’abord le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan puis le général Mohamed Hamdane Daglo, commandant des forces paramilitaires en guerre contre l’armée au Soudan, sont arrivées tour à tour. voir le président de Djibouti pour négocier un cessez-le-feu et un plan de sortie de crise.

Dans une région marquée par l’instabilité, Djibouti s’est positionné comme un acteur majeur dans la stabilisation de cette région en proie à des conflits. En Somalie, élément clé de la politique djiboutienne d’affirmation régionale, depuis la chute de Siad Barre en 1991, les autorités ont toujours cherché à doter le pays d’institutions étatiques solides et efficaces, avec autorité sur l’ensemble du territoire : la Conférence de réconciliation d’Arta ( 2000) conduisant à la première élection d’une autorité centrale – Abdiqasim Salad Hassan puis en 2009 à l’élection de Sheik Sharif Sheik Ahmed et à la formation d’un gouvernement fédéral de transition pour la Somalie. En juin 2020, le pays a participé aux efforts de médiation entre la Somalie et le Somaliland, ancienne province de la Somalie britannique en sécession depuis 1991 et cherchant à faire reconnaître sa souveraineté.

Sous l’égide de l’IGAD, Djibouti utilise la diplomatie préventive lors du différend entre la Somalie et le Kenya en 2020. De même, son rôle dans les tentatives de pacification multilatérale des différends dans la Corne (IGAD, UA) au fil du temps : Soudan, Soudan/Soudan du Sud, Éthiopie/ Soudan/Egypte. Enfin, il convient de souligner le rôle de Djibouti en tant que hub humanitaire et d’accueil des réfugiés et personnes déplacées des conflits de la région, notamment du conflit au Yémen, pour lequel Djibouti a été le pont aérien humanitaire et le deuxième pays d’accueil de ses ressortissants : 19 636 entre le 1er avril 2015 et le 31 octobre 2017.

Le pays a en outre contribué à la formation des forces de sécurité dans la région. À l’Académie de police de Djibouti, les carabiniers italiens organisent chaque année une formation pour les policiers somaliens sous les auspices de la mission italienne. L’École internationale pour la pratique de la police judiciaire (EI3PJ), communément appelée École de maintien de la paix au Centre de formation de la gendarmerie nationale, forme également les officiers de police judiciaire de la région à mener des enquêtes judiciaires.

ZONE23 000 KM 2
POPULATION1,106 millions (2021)
INDEPENDANCE27 juin 1977
RÉGIONS ADMINISTRATIVESDjibouti (capitale), Arta, Dikhil, Ali-

Sabieh, Obock, Tadjourah

LANGUES OFFICIELLES ET LOCALESFrançais, Arabe, Afar, Somali
DEVISEFranc Djibouti (parité avec le dollar américain)
ORGANISATIONS INTERNATIONALESONU, Union africaine, IGAD, COMESA, Ligue des États arabes, Communauté des

États sahélo-sahariens (CEN-SAD)

Par le Dr. Zohra Mohamed Omar

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