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Données et histoires | Profil

Données et histoires |  Profil

2024-02-03 06:27:00

Je suis intéressé par les données. Je les suis, je les passe en revue, je les compare. Je vérifie chaque matin quelle est la température du jour ; De temps en temps, dans le tableau correspondant, je consulte les moyennes de la descente ; Je me souviens dans ma mémoire, depuis mon école primaire, que la Révolution française était en 1789, que la Révolution de Mai était en 1810, que les États-Unis sont devenus indépendants en 1776, que l’Argentine en 1816. Des données, des données ; Vous ne pouvez pas ne pas compter sur eux.

Je ne suis cependant pas du tout d’accord avec la fonction mortifère qu’on assigne à cette partie avec une insistance frappante depuis quelques temps : celle de servir à tuer les histoires. Cette antinomie me paraît inutile et fallacieuse dès le départ. Cela part d’un postulat trompeur, selon lequel une histoire équivaut à un mensonge (bien sûr, il y a des histoires qui mentent, mais il y a aussi des histoires qui ne mentent pas ; il y en a des fausses, mais il y en a de vraies) : l’idée que tout le monde ment n’est qu’un mensonge en soi).

Le mensonge selon lequel toute histoire est un mensonge, qu’elle ne peut qu’être, conduit inévitablement à un piège consécutif : celui qui prétend que chaque élément d’information est en soi une vérité. Non qu’il puisse l’exprimer, non qu’il l’exprime ou le prouve, mais qu’il l’est directement. Et comme il l’est, en soi, il ne nécessite pas d’élaboration conceptuelle, il exclut les interprétations, il dispense de penser, il ne permet pas de questionnement. Les données sont. Et il n’y a aucun doute sur ce que c’est.

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Mais il n’y a pas de données sans critères d’établissement des données, c’est-à-dire sans instance préalable dans laquelle on décide si elles sont pertinentes ou non ; puis avec quels paramètres ils sont mesurés et définis. Une fois cela fait, en revanche, il faut essayer de comprendre ce que signifient ces données, c’est-à-dire les lire et leur donner un sens. À ce stade, nous remarquons l’inconséquence de l’opposition entre données et récit, et plus encore l’affirmation selon laquelle les premières tuent les secondes. Parce que les récits ne sont rien d’autre qu’un dispositif primordial pour donner un sens aux choses dans le temps. Et cela inclut nécessairement les données. Au lieu de s’opposer ou de s’exclure, ils se combinent et se rapportent. Certaines histoires sont étayées par des données. Et certaines données n’ont de sens que lorsqu’elles sont racontées, c’est-à-dire lorsqu’elles s’inscrivent dans une séquence significative.

Prenons par exemple ces données : 10h00, 35°C, nébulosité variable ; 10h40, 30°C, pluies d’intensité variable ; 11h00, 27°C. Ces données, ces données pures, ne contiennent-elles pas en elles-mêmes, ainsi disposées, un récit ? Il faisait terriblement chaud, il a commencé à pleuvoir, ça s’est un peu calmé. Ce sont des données et c’est une histoire (et l’histoire est vraie). Prenons par exemple cette histoire : celle de l’influence historique de la Révolution française sur la Révolution de Mai, ou celle de l’influence historique de l’indépendance nord-américaine sur l’indépendance argentine. Cette histoire n’a-t-elle pas besoin d’être étayée par des données qui prouvent la préséance et permettent la connexion ? Quelqu’un qui ne connaissait pas les dates pertinentes pourrait-il le concocter ?

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Ainsi, en réalité, les données et les histoires s’entremêlent. Et cela ne fait que déformer une vérité possible lorsqu’une absolutisation des données est induite, comme si elles étaient une vérité en soi et que la question était épuisée sur place. Prenons un exemple : Jorman Campuzano s’est révélé, selon une base statistique fiable, le meilleur passeur de ballons du football argentin la saison dernière. Je n’ai rien contre Jorman Campuzano ; Au contraire, je l’apprécie en tant que rapporteur de balle (et je l’ai applaudi pour cela). Mais cela m’a déconcerté de savoir qu’il figurait en tête du classement des passes réussies, jusqu’à ce que, heureusement, quelqu’un apparaisse pour commenter (interpréter, donner un sens) aux chiffres objectifs de ces données. La plupart, sinon la totalité, de ces passes ont été effectuées vers l’arrière ou sur les côtés, et vers des coéquipiers qui se trouvaient souvent à moins de deux mètres.

Les données en tant que telles étaient vraies, la conclusion qui en était tirée était fausse. Il convient d’en être averti, à une époque où les discours de l’économisme réductionniste s’intensifient à nouveau, nous submergeant de chiffres, de courbes et d’un jargon suspect et énigmatique, avec lesquels ils tentent de nous frapper avec une vérité prétendument incontestable. Jusqu’à ce qu’arrive quelqu’un qui lit, pense, interprète, donne du sens et nie. Les données ne tuent pas les histoires. Mais parfois, ils se suicident.

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