En 1993, la musique britannique se trouve à la croisée des chemins. Les scènes rave et acid house touchaient à leur fin et le grunge s’était fermement installé, mais quelque chose d’uniquement britannique se préparait dans l’underground. Entrez dans Suede, un groupe dont le premier album éponyme a brisé les idées préconçues sur ce que la musique de guitare britannique pourrait réaliser dans les années 90, annonçant l’arrivée de ce que l’on appellera plus tard Brit-pop. Mais Suede n’était pas simplement un précurseur de Blur et Oasis. Leur premier disque était une déclaration flamboyante, décadente et profondément émotionnelle qui a forgé sa propre mythologie.
Les joueurs et leur palette
Suede, dirigé par le charismatique Brett Anderson, était un groupe qui prospérait grâce aux contrastes. Les paroles d’Anderson exploraient l’aliénation, la sexualité et le désir avec un flair pour le mélodrame, tandis que sa prestation vocale – un mélange de fragilité et de férocité – était instantanément emblématique. Le jeu luxuriant et cinématographique du guitariste Bernard Butler, s’inspirant du glam rock, de Bowie et des Smiths, a fourni l’épine dorsale sonore. Les lignes de basse maussades de Mat Osman et la batterie régulière et percutante de Simon Gilbert complètent le quatuor.
L’album a été enregistré à Studios Maître Rock à Kilburn, Londres, avec Ed Buller, connu pour son travail avec les Psychedelic Furs et plus tard Pulp, à la tête de la production. L’approche raffinée mais atmosphérique de Buller a permis de traduire la vision grandiose de Suede de la scène à la stéréo.
Les morceaux qui ont façonné une époque
L’album s’ouvre avec “Si jeune», un mélange exaltant de défi et d’insouciance juvénile, et dès le premier riff de guitare, il est clair qu’il ne s’agit pas d’un début ordinaire. Le véritable coup de poing émotionnel, cependant, vient avec «Nitrate Animal»un morceau qui marie le glam rock anthémique avec des paroles qui abordent sans broncher les thèmes de l’abus et de l’exploration sexuelle. Le fait qu’il ait fait son chemin vers Top of the Pops en dit long sur le génie subversif de Suede.
Parmi les autres faits saillants, citons «Les noyeurs»avec ses paroles lascives (« Nous nous sommes embrassés dans sa chambre sur un air populaire »), son riff de guitare anguleux et le chant envoûtant d’Anderson. “Cheval pantomime» ralentit les choses pour livrer un chef-d’œuvre mélancolique, tandis que «Elle n’est pas morte» et “Somnifères» plongez dans des récits poignants et basés sur des histoires. Le disque se termine par «La prochaine vie»une ballade envoûtante au piano qui laisse les auditeurs suspendus dans un nuage d’introspection douce-amère.
Réalisation et Réception
La production de Buller donne à l’album un éclat intemporel, mais c’est la chimie entre Anderson et Butler qui définit véritablement Suede. Cette tension s’avérera également plus tard être leur perte, avec le départ de Butler pendant la réalisation de leur deuxième disque, Chien Homme Étoile. Mais ici, à leurs débuts, leur partenariat a été le plus brillant.
Dès sa sortie, l’album a été acclamé par la critique et est devenu à l’époque le premier album le plus vendu de l’histoire du Royaume-Uni. Il a remporté le Mercury Prize en 1993 et a ouvert la voie à la domination de la Britpop au milieu des années 90.
Le débat : Nitrate Animal—Le joyau de la couronne ou surfait ?
Aucune conversation sur Suède est complet sans discuter de son morceau le plus emblématique, Nitrate Animal. Hymne glamour, il résume parfaitement la philosophie du groupe : provocateur, passionné et inoubliable. Mais est-ce vraiment ce qui se démarque ? Certains prétendent que Les noyeurs mérite ce titre pour sa crudité et sa vidéo révolutionnaire, tandis que d’autres soulignent la tendre beauté de Cheval pantomime comme preuve de la profondeur de l’album.
Commençons les arguments : est-ce que Nitrate Animal Le moment déterminant de Suede, ou son omniprésence a-t-elle éclipsé d’autres joyaux plus complexes de l’album ?
Dans tous les cas, Suède reste un disque qui mérite d’être revisité, non seulement pour ce qu’il signifiait en 1993, mais pour la façon dont il continue de résonner auprès des auditeurs aujourd’hui. C’est le portrait d’un groupe dans sa forme la plus vitale et un rappel des possibilités électriques d’un premier album.
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