Après les crues exceptionnelles à Genève à la fin de 2023, les effets de ces intempéries se font ressentir dans les profondeurs du Rhône. Les graviers s’accumulent et le dragage doit être effectué plus tôt que prévu.
Une embarcation inhabituelle est chargée de nettoyer le Rhône en ce début d’année. Il s’agit d’une barge qui agit comme un “gros aspirateur”, selon le pilote Michaël Capdeville dans le 19h30. “Nous avons une fraise à l’avant qui met les matériaux en mouvement et nous les aspirons. Nous les rejetons plus loin dans le lit du Rhône. En gros, nous aidons à faciliter l’écoulement naturel des sédiments”, explique l’employé des Services industriels genevois (SIG).
Cette opération est essentielle pour permettre à la barge transportant les déchets des Genevois jusqu’à l’usine d’incinération de naviguer à nouveau.
Une situation exceptionnelle est en cours. Les conséquences des crues historiques de l’année précédente se font sentir en profondeur. C’est du jamais vu pour Cédric Bernard, responsable du transport fluvial et des travaux spéciaux aux SIG. Il souligne notamment la quantité de matériaux, qui est actuellement de 10 000 mètres cubes, comparé aux 4 000 à 5 000 mètres cubes habituels lors des opérations de nettoyage.
Le calendrier a dû être ajusté en raison des crues, obligeant le dragage à se dérouler en hiver, ce qui présente des compromis pour les SIG. L’hiver est la période de reproduction des salmonidés, ce qui n’est pas idéal pour la protection de la biodiversité. Toutefois, les autorisations nécessaires ont été obtenues pour mener à bien l’opération.
En plus de faciliter la navigation des bateaux, cette opération permet également de mieux se préparer à d’éventuelles crues futures. Il est en effet crucial d’empêcher une élévation du niveau du lit de l’Arve en plein centre-ville, ce qui poserait des problèmes de sécurité. Des réflexions sont en cours pour anticiper le flux de gravier et le contenir.
L’hydrologue cantonal estime que des crues comme celles de l’année dernière pourraient être plus fréquentes à l’avenir, rendant le dragage hivernal une pratique régulière.