La prétendue légitime défense du policier, affirmant avoir été menacé par le véhicule en fuite d’Amine, a été ultérieurement remise en question par les premiers éléments de l’enquête médico-balistique. Zineb exprime son chagrin auprès de Libération, évoquant la profondeur du lien qui unissait ses enfants : “Une famille entière est détruite.”
Amine, qui a grandi à la Potennerie, un quartier populaire de Roubaix dans le nord de la France, a quitté l’école tôt pour chercher du travail, selon son frère Mohamed. Bien que le jeune homme ait eu plusieurs affaires avec la justice liées aux vols et aux drogues, sa sœur Loubna met en évidence un changement de comportement après ses 18 ans. Au moment de sa mort, elle était en train d’accoucher de son premier enfant, une joie ternie par le drame familial.
La famille Leknoun est ravagée par le manque d’empathie et d’attention des institutions suite à cette tragédie. Ni la mairie de Roubaix, ni le procureur et les responsables policiers locaux ne les ont contactés. Loubna rapporte que “la juge d’instruction a aussi refusé de nous voir et de nous donner accès à l’enquête. Elle disait qu’elle craignait des représailles contre le policier.” Après plus de six mois, la famille obtient enfin une audience en mars 2023. Zineb attend aujourd’hui de se retrouver face à l’agent Amaury D., mis en examen pour “violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.”
Amine a été enterré à Oujda au Maroc, ville d’origine de son père, un choix difficile pour la famille qui aurait préféré le garder près d’eux à Roubaix. Zineb, quant à elle, admet parler à Amine “comme s’il était là”. La douleur persiste également pour Loubna, qui avoue être hantée par la peur des contrôles policiers : “J’imagine toujours la même scène maintenant : des policiers qui arrivent en voiture derrière moi quand je rentre tard du travail la nuit, qui viennent me contrôler et me tirent dessus.”
