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Duralex se réinvente en coopérative pour éviter la faillite | Économie

by Nouvelles

2024-08-11 06:45:00

La vaisselle en ambre présente dans de nombreuses maisons espagnoles des années quatre-vingt.Duralex

La vaisselle emblématique Duralex, véritable icône nationale en France et reconnaissable en Espagne pour ses pièces transparentes ambrées ou vertes, a commencé une nouvelle vie, et ce, sous la forme d’une coopérative. Après presque 20 ans de difficultés financières et une suspension de paiements en avril, l’entreprise de plaques indestructibles a été sauvée par ses 226 salariés. Depuis 2021, l’entreprise appartient à un groupe français qui commercialise également d’autres types de verre. Mais le modèle a changé. Pour éviter la faillite, ce seront désormais les salariés eux-mêmes qui prendront les rênes de la marque, à travers une Société Coopérative de Production (SCOP). Cette modalité leur permet de détenir au moins 51% du capital et d’avoir le droit de voter dans les décisions importantes.

Le 26 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans, ville proche de son usine de production, a validé le projet présenté par la direction et qui a été soutenu par la majorité de ses salariés. Le tribunal a considéré que la transformation de la marque en coopérative constituait une proposition solide pour l’avenir de l’entreprise. Bien plus que les deux autres offres présentées par des industriels. Le premier possédait déjà deux verreries et proposait de conserver 183 des 226 salariés de l’entreprise. La seconde, avec deux sociétés de fonderie, n’en conserverait que 125. La SCOP, quant à elle, conserverait tous les postes.

La décision du tribunal a mis fin à des mois d’incertitude et a apporté un soulagement aux travailleurs de la seule usine encore en activité en France, à La Chapelle-Saint-Mesmin, une ville d’environ 10 000 habitants située à 120 km au sud de Paris. Il s’agit d’un “projet commercial et marketing cohérent et sérieux”, doté de “fortes garanties” et qui semble capable de maintenir “l’activité des salariés dans des conditions viables”, a justifié le tribunal. Le plan, soutenu par plus de 60% des salariés, a également obtenu le soutien des autorités locales et régionales, qui y voient une garantie du maintien de l’emploi dans la région.

« Duralex est sauvé ! » s’est félicité Roland Lescure, le ministre de l’Industrie sortant, sur le réseau social. François Bonneau, el président de la région Centre-Val de Loire où se trouve l’usine, a souligné la victoire qu’elle implique pour l’industrie et l’emploi dans la zone, et a rappelé le soutien de la région au projet, avec une avance remboursable d’un million d’euros et une aide pour garantir les prêts bancaires. Il alcalde de Orléans, Serge Grouarda également salué la décision du tribunal. La ville a proposé d’acheter le terrain de la verrerie pour un montant estimé entre 5 et 8 millions d’euros.

Un modèle de gestion alternatif

Duralex, avec des clients répartis dans 110 pays, connaît des problèmes financiers depuis deux décennies. Il y a quelques semaines, tout indiquait sa fermeture. En 2022, la crise énergétique provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine a eu de plein fouet les conséquences de l’entreprise, qui a été contrainte de mettre son four en hibernation pendant cinq mois pour économiser des coûts. La décision était radicale et a pu être exécutée grâce aux réserves accumulées dans les entrepôts, équivalentes à dix mois de production.

L’entreprise, qui mettait alors ses salariés en ERTE, a pu redémarrer ses activités grâce à un prêt de l’État français de 15 millions d’euros. Mais l’aide n’a pas suffi. En 2023, le chiffre d’affaires de New Duralex International, sa maison mère, était de 24,6 millions d’euros. En 2022, il atteignait 31 millions.

L’entreprise de verre trempé était également en jeu deux ans plus tôt, au plus fort du Covid-19 en 2020. À cette époque, Duralex, qui compte 248 salariés, avait demandé une procédure de redressement judiciaire en vue de sa vente. Elle sera finalement absorbée par le groupe français International Cookware – aujourd’hui La Maison française du verre – également propriétaire de la marque de vaisselle en verre Pyrex. La même chose s’est produite en avril. Mais avec une différence : la verrerie fabriqué en Franceaujourd’hui, a été rachetée par ses propres salariés.

«Nous ne voulions pas revivre la même situation année après année», déclare Suliman El Moussaoui, délégué syndical de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), premier syndicat de France, majoritaire dans cette entreprise, lors d’une conversation téléphonique. «On s’est dit qu’on allait prendre notre destin en main et gérer notre propre entreprise», ajoute l’ouvrier de 43 ans, chez Duralex depuis 17 ans.

Il estime qu’avec le changement de propriétaire, il y aura également un changement dans la philosophie d’entreprise. « Les anciens managers étaient là pour gagner de l’argent, pas pour investir. Et surtout, ils ont bénéficié d’aides de l’État. Nous n’avons pas vu comment l’argent était dépensé. Désormais, avec la SCOP, nous pourrons avoir un certain contrôle sur les comptes.

Le modèle est simple et a été réalisé grâce à une grande mobilisation collective. Il régime de société coopérative stipule que chaque associé représente une voix lors des assemblées générales, quel que soit le montant du capital acquis. Les salariés de la SCOP sont actionnaires majoritaires de l’entreprise et partagent équitablement les risques et les grandes décisions stratégiques. Ce type d’organisation ne signifie pas qu’il n’y a plus de hiérarchie, mais plutôt que les salariés ont leur mot à dire.

« C’est un investissement des salariés dans la pérennité de leur outil de production et de leurs compétences. “C’est un projet de longue haleine, avec un engagement”, a-t-il expliqué à France Culture. Vincent Vicartéconomiste CEPIIcentre de recherche français en économie internationale.

Il existe en France au total 2 697 SCOP avec 60 056 salariés, selon les données 2023 du confédération générale de ces coopératives. La loi prévoit également un répartition équitable du bénéfice annuel de l’entreprise. Une partie revient à tous les salariés sous forme d’intéressement ou de complément de salaire. Un autre va aux salariés partenaires sous forme de dividendes.

Le projet de la direction et de la majorité du personnel promet de diversifier l’offre de produits, d’élargir les marchés et de développer des alliances. Espagne – où la vaisselle était utilisée par la famille Alcántara dans la série Dites-moi– est son deuxième marché en importance. Mais la nouvelle orientation n’a pas fait l’unanimité, et devra encore convaincre une partie des salariés et les représentants de la Confédération générale du travail (CGT), le deuxième syndicat, qui avait opté pour une autre offre.

L’objectif, pour l’instant, est de relancer la production et de maintenir la marque en vie. Plus de 100 salariés ont déjà investi 500 euros pour les dépenses les plus urgentes, selon la CFDT. Le temps presse et le défi est immense. Le directeur de l’usine, François Marciano, a déjà incité les Français à racheter la vaisselle emblématique, robuste et incassable. L’entreprise, créée en 1945, a révolutionné un secteur qui utilisait principalement la faïence et qui connaît aujourd’hui de sérieuses difficultés. Reste désormais à savoir si la signature, comme il le souligne souvent, est véritablement incassable.

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