Élections au Pakistan: candidats soutenus par Khan en tête, coupure d’Internet et recul démocratique

Élections au Pakistan: candidats soutenus par Khan en tête, coupure d’Internet et recul démocratique

Les candidats proches de Khan en tête

Les chaînes de télévision basaient leurs projections sur les décomptes effectués au niveau des circonscriptions locales. Bien que le PTI, le parti d’Imran Khan, n’ait pas été autorisé à se présenter en tant que parti aux élections de jeudi, les décomptes effectués par les chaînes de télévision locales montrent que des candidats indépendants – dont des dizaines affiliés à son parti – sont en tête dans la plupart des circonscriptions.

La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), soutenue par l’armée selon les observateurs, était pourtant la grande favorite du scrutin, son chef, Nawaz Sharif, espérant diriger le pays pour la quatrième fois à l’issue du scrutin.

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Avant l’annonce des premiers résultats, l’organisateur en chef du PTI, Omar Ayub Khan, s’est dit convaincu que son parti était bien placé. «Les candidats indépendants soutenus par Tehreek-e-Insaf au Pakistan ont la capacité de former le prochain gouvernement fédéral avec une majorité des deux tiers», a-t-il déclaré dans une déclaration vidéo diffusée aux médias.

Des affiches électorales de Nawaz Sharif à Lahore, le 9 février 2024. — © AAMIR QURESHI / AFP

Internet et les services de téléphonie mobile coupés

Plus de 650 000 membres des forces de sécurité avaient été déployés pour sécuriser le scrutin, ensanglanté mercredi par la mort de 28 personnes dans deux attentats à la bombe revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), dans la province du Baloutchistan (sud-ouest).

Jeudi, 51 attaques au total se sont produites, qui ont fait douze morts, dont dix membres des forces de sécurité, a indiqué l’armée dans un communiqué.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé en soirée que les services de téléphonie mobile, coupés dans tout le pays depuis le début de matinée, officiellement pour des raisons de sécurité, commençaient à être rétablis. L’Internet mobile avait aussi été coupé, avait fait savoir Netblocks, une organisation qui surveille la cybersécurité et la gouvernance de l’Internet.

«La coupure actuelle d’Internet est parmi les plus rigoureuses et étendues que nous ayons observées dans n’importe quel pays», a déclaré à l’AFP Alp Toker, directeur de Netblocks, dénonçant une «pratique fondamentalement antidémocratique».

L’équité du scrutin a été mise en doute par avance. Imran Khan, 71 ans, a été condamné à trois longues peines de prison. Et son parti a été décimé par les arrestations et défections forcées, et empêché de mener campagne.

Les électeurs dépendent de l’envoi de SMS pour savoir où aller voter. L’un d’eux, Abdul Jabbar, 40 ans, a raconté avoir été empêché d’utiliser le service et de localiser son bureau de vote à cause des problèmes d’Internet. «D’autres supporteurs du PTI nous ont finalement aidés à le trouver», a-t-il dit.

Un recul démocratique

Les Pakistanais à 70% «n’ont pas confiance dans l’intégrité des élections», a pointé cette semaine l’institut Gallup. Cela traduit un recul démocratique pour un pays dirigé pendant des décennies par l’armée, mais qui avait connu des progrès depuis 2013, année de la première transition entre gouvernements civils.

Si l’armée a toujours eu une forte influence même sous un pouvoir civil, les observateurs estiment qu’elle a interféré encore plus ouvertement dans ces élections. Imran Khan, qui avait bénéficié de ses faveurs pour être élu en 2018, l’a défiée de front, l’accusant d’avoir orchestré son éviction du poste de premier ministre en avril 2022 et lui imputant ses ennuis judiciaires.

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L’issue du scrutin pourrait dépendre de la participation, en particulier des jeunes, dans un pays où 44% de l’électorat a moins de 35 ans.

Le Pakistan, qui dispose d’un arsenal nucléaire et occupe une position stratégique, entre l’Afghanistan, la Chine, l’Inde et l’Iran, est confronté à d’innombrables défis. La sécurité s’est dégradée, notamment depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021. Son économie est en lambeaux, avec une dette abyssale et une inflation avoisinant les 30%.

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