- Auteur, Daniela Fernandes
- Rôle, De Paris à BBC News Brésil
Ce sont des questions ouvertes qui se sont posées après les élections législatives organisées en France dimanche (08/07).
Mais, de l’avis des analystes, Macron a « perdu le pari » et a fini par créer une situation encore plus confuse, avec le risque d’avoir un Parlement paralysé.
Loin de la « majorité claire » attendue, les élections législatives anticipées ont abouti à une situation inédite, avec un parlement divisé en trois blocs de dimensions comparables : la gauche (182 sièges), le centre du président Macron (168 sièges) et la droite radicale. de Marine Le Pen et de ses alliés, avec 143.
Le bloc majoritaire de gauche, le Nova Frente Popular, est loin de la majorité absolue de 289 sièges qui lui permettrait de gouverner le pays sans avoir recours à des alliances.
La coalition, composée de groupes allant des sociaux-démocrates aux fervents anticapitalistes, a obtenu moins de députés que les 250 dont disposait le mouvement de Macron avant la dissolution du Parlement.
Les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement se déroulent dans un climat d’incertitude.
BBC News Brasil détaille ici 3 scénarios possibles pour la France :
Pour l’heure, le Premier ministre Gabriel Attal reste
Pour l’heure, l’actuel Premier ministre, Gabriel Attal, reste en poste. D’abord parce que l’alliance de gauche discute encore dans les prochains jours sur le nom qui désignera Macron à ce poste, une tâche qui est loin d’être facile car il existe des divisions au sein de ce bloc.
Beaucoup en France estiment qu’Attal restera Premier ministre jusqu’à la fin des Jeux olympiques de Paris, à la mi-août, pour éviter des changements majeurs pendant l’événement.
La première session du nouveau parlement aura lieu le 18 juillet. Le président Macron a déclaré qu’il préférait attendre que l’assemblée soit structurée pour prendre les décisions nécessaires, notamment la nomination d’un Premier ministre de consensus, qui ne court pas le risque d’être renversé par le Parlement.
1) Une coalition :
Le premier scénario que l’on peut dessiner dans les négociations est celui d’une coalition. La situation serait similaire à celle d’autres pays européens, comme l’Allemagne et l’Italie, puisqu’aucun des trois grands blocs ne dispose de majorité.
Certains responsables politiques français évoquent la possibilité d’un gouvernement « d’unité nationale » ou « provisoire ». Mais la possibilité d’une coalition se heurte déjà à des obstacles.
Les principaux dirigeants de la gauche, comme Jean-Luc Mélenchon, de France Insoumission, ou Olivier Faure, du Parti socialiste, ont exclu cette possibilité et affirmé que les propositions du bloc de gauche devaient être appliquées intégralement, sans concessions, malgré le nombre insuffisant de députés .
“Nous ne formerons pas une coalition d’opposants qui trahiraient les voix des Français”, a déclaré Faure après la victoire.
D’autres personnalités de gauche, comme la leader écologiste Marine Tondelier, sont plus ouvertes aux discussions avec le centre, dirigé par Macron, voire avec la droite modérée.
Le mouvement de Macron a déjà exclu toute alliance incluant le parti France Insoumission de Mélenchon, la plus grande force de gauche, avec 74 députés.
Le camp du président est divisé entre partisans d’une alliance avec une partie de la gauche (socialistes et écologistes) ou avec la droite modérée.
Les Républicains de droite ont réussi à conserver 45 sièges après une scission au sein du parti provoquée par la migration de certains de ses hommes politiques vers le Rassemblement national de Marine Le Pen. “Macron cherche une coalition qu’on ne trouve pas”, écrit le journal Le Monde ce mardi.
2) Un gouvernement minoritaire :
Techniquement, il serait possible pour Macron de continuer avec un Premier ministre issu de son bloc, même s’il ne dispose pas de majorité au Parlement.
C’est ce qui s’est déjà produit sous les administrations des premiers ministres macronistes Elisabeth Borne et de l’actuel Gabriel Attal.
Lors de son premier mandat, le parti de Macron disposait de la majorité absolue à la Chambre, mais en juin, lorsque les élections ont été convoquées, le groupe du président disposait de 250 sièges, soit moins que la majorité absolue (289).
Le champ présidentiel a réussi à se maintenir au cours des deux dernières années car à aucun moment les forces de la droite radicale, de la gauche et de la droite modérée des Républicains ne se sont réunies pour renverser le gouvernement en approuvant des motions de censure.
Le mouvement de Macron a réussi à gouverner en recherchant des majorités lors du vote pour chaque projet et a également régulièrement utilisé une clause constitutionnelle qui permet d’approuver un projet sans avoir besoin du vote du Parlement, mais il existe une série de règles pour l’appliquer.
Et désormais, le groupe de Macron dispose d’encore moins de sièges (168) au Parlement qu’auparavant (250).
Le Nouveau Front populaire de gauche pourrait tenter de gouverner de la même manière, mais il lui faudrait rechercher le soutien de plus de 90 députés issus d’autres courants.
Le camp macroniste pourrait également, dans ce cas, conserver le pouvoir, mais il lui faudrait convaincre environ 120 députés de droite modérée ou de centre-gauche de le laisser gouverner.
Les experts estiment que sans une majorité claire et stable, un gouvernement minoritaire court le risque d’être renversé à tout moment par le Parlement.
3) Un gouvernement technique :
C’est la possibilité la plus lointaine. Si les négociations et le Parlement sont paralysés, des ministres sans affiliation politique, spécialistes dans leur domaine, pourraient être nommés pour gérer les opérations quotidiennes et mettre en œuvre des réformes consensuelles, avec le soutien, selon les mesures, des différents blocs parlementaires.
Des exemples pratiques de ce modèle se sont produits dans un autre pays européen, l’Italie, qui a eu quatre gouvernements techniques en temps de crise dans un passé récent, mais pas pendant une longue période.