Elena, pèlerine en Terre Sainte et visage du pouvoir

2024-09-30 09:00:51

Un demi-siècle d’époque romaine, réparé par la comparaison minutieuse des sources et une recherche faite de dizaines d’hypothèses et de petites flammes de certitudes. Francesca Ghedini, professeur émérite d’archéologie classique, propose avec la sienne Elena et les autres. Femmes, religion et politique à la cour de Constantin la reconstruction des femmes qui tournaient autour de l’empereur et le fait avec la méthode que nous avons vue dans les leçons d’archéologie classique à Liviano à Padoue. Alors, il y a trente ans, Ghedini était une visionnaire de la recherche, aujourd’hui elle compte de nombreux adeptes. Et cette nouvelle étude va dans ce sens : sources littéraires, épigraphiques et numismatiques, trouvailles et iconographie pour un tableau le plus complet possible.

Ce demi-siècle de romanité est également fait par Hélène, mère de Constantin, par son épouse Fausta, par Minervina qui lui donna son fils Crispus, par sa belle-mère Théodora, par les trois demi-sœurs (filles de Constance, Costanza, Anastasia, Eutropia ) et par les deux filles, Costantina et Elena, à elles aussi – rappelle Ghedini – “le destin réservait le traitement qui était dû à toutes les femmes nées au sommet du pouvoir : devenir un instrument des accords de palais”. La reconstruction n’a pas été simple : contrairement à ce qui est arrivé aux femmes des Césars dans les premiers siècles de l’empire, la documentation concernant les figures féminines de la première moitié du IVe siècle après J.-C. est rare. Dans les années qui suivirent la chute de la dynastie Sévère, les barbares se pressèrent aux frontières, les querelles familiales et les guerres fratricides paralysèrent un empire languissant, la grande aristocratie n’avait plus de rôle et la crise économique sévissait. Dans ce cadre, les figures féminines entrent et sortent de l’histoire à la vitesse avec laquelle leurs hommes accèdent au pouvoir ou en sont chassés.

Certes, la femme qui a marqué plus que d’autres la vie de Constantin a été sa mère Hélène, à qui l’histoire reconnaît un rôle fondamental dans la promotion du christianisme mais dont les sources ne reconstituent que les dernières années de sa vie. Elle est née peu avant le milieu du IIIe siècle, si est vrai ce qu’écrit Eusèbe, qui affirme qu’Augusta mourut à l’âge de quatre-vingts ans entre la fin de 328 et les premiers mois de 329. Le lieu est également inconnu : Procope de Césarée , qui vécut deux siècles plus tard, indique Le tueuraujourd’hui Hersek, en Turquie mais les revendications sont nombreuses, Trèves en Gaule, Camulodunum (Colchester), en Grande-Bretagne. Ce furent des années de grande instabilité, au cours desquelles la peur et les incertitudes favorisèrent la lente affirmation des revendications monothéistes, le christianisme et sa lumière dans l’au-delà se taillant des espaces toujours plus grands.

Les origines d’Elena sont modestes : pour Christian Ambroise, évêque de Milan, elle est écuriesaubergiste, et ajoute l’adjectif Bonace qui d’un point de vue éthique et moral signifie une personne loyale et honnête, mais aussi vertueuse et chaste. On ne sait pas où il a rencontré Costanzo Cloro, père de Constantin, mais il est probable qu’il l’ait suivi dans ses pérégrinations dans les années suivantes, étant donné que le fruit de leur amour est né entre 272 et 274 av. Naïssus (en Serbie). Costanzo épouse alors Teodora et Elena choisit la solitude et l’ombre. C’est son fils Constantin, autrefois acclamé empereur par l’armée et l’empire pacifié, qui appelle Hélène à la cour, lui accordant le titre de la femme la plus noblele même donné à sa femme Fausta.

En 312 après JC, Constantin bat Maxence au pont Milvius, l’année suivante voit l’édit accorder la liberté de culte aux chrétiens et le christogramme domine l’iconographie ; au revers d’un imbéciles Constantinien, on y trouve l’un des plus anciens exemples montrant le labarum surmonté des premières lettres du nom du Christ. Ainsi, Elena adhère à la politique d’ouverture aux croyances des chrétiens, comme le confirment les interventions immobilières, financées par Constantin, qui, après la victoire sur Maxence, affectent le tissu de la capitale. Tout aussi important est le voyage en Terre Sainte au cours duquel Ghedini entremêle judicieusement toutes les sources pour conclure que « le voyage était une opération de propagande sophistiquée et complexe qui répondait à de multiples demandes : à côté du besoin personnel de démontrer une pleine adhésion à la religion chrétienne, non le désir d’être perçu comme le visage du pouvoir d’une manière tout à fait conforme aux coutumes impériales était moins convaincant. La « pèlerine » Elena incarne le modèle d’un empire qui, bien que christianisé, évolue dans le sillage de la tradition : avec les amnisties, Augusta se présente comme la garante de clémence et de justice du fils de l’empereur, avec des dons aux militaires, il devient le symbole de libéralitétandis que comme la mère du camp représente le vertuqui assure la sécurité des frontières. Bref, Elena, une championne de la foi et une femme de pouvoir.



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