Lorsqu’un passant s’est inquiété à la vue d’une voiture arrêtée à un feu vert, son conducteur affaissé au volant, il était déjà trop tard. L’homme effondré dans le monospace portait un tee-shirt ensanglanté. Il était un peu plus de 20 heures, ce soir du 3 juillet 2006, sur un boulevard fréquenté de Montreuil, non loin du quartier Boissière, et Abdelkrim Asfirane venait de recevoir un coup de couteau. Transporté d’urgence à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), il y était mort moins de deux heures plus tard.
Le mystère de son agression a été très vite élucidé, et c’est une femme qui répond cette semaine du meurtre d’Abdelkrim, devant la cour d’assises de Bobigny. Hafida, 37 ans, est jugée pour avoir poignardé au coeur l’homme dont elle avait partagé la vie durant près de quatorze ans. Dont elle avait aussi essuyé les coups, très nombreux et très fréquents, avant d’enfin obtenir le divorce quelques semaines plus tôt. Depuis, pas un jour ne passait sans qu’il appelle ou vienne, et même, selon le récit d’Hafida, menace d’enlever leur petit garçon de 3 ans.
« Il continuait de me harceler »
« J’avais tout fait pour qu’il garde son droit de visite, mais il continuait de me harceler », répète-t-elle en évoquant les années passées auprès d’un homme décrit comme violent, souvent ivre et qui menait « une vie dissolue ». Six fois hospitalisée après ses accès de rage, dont une fois avec un sévère traumatisme crânien, la jeune femme était longtemps restée dans le silence, n’allant pas au-delà de mains courantes déposées au commissariat.
Face à la cour d’assises, ce n’est toutefois pas une « vengeance » qu’évoque Hafida en racontant les heures qui ont précédé la découverte d’Abdelkrim. La jeune femme parle d’un « accident », un geste involontaire, après une scène verbalement très violente devant le pavillon où Abdelkrim l’avait copieusement insultée.
Hafida était allée chercher le premier couteau de cuisine trouvé et comptait « crever les pneus de la voiture pour l’immobiliser et appeler la police ». Le couple en viendra à l’empoignade puis, déséquilibrée par un coup de pied, alors qu’elle tentait de percer un épais pneu de Chrysler, elle aurait « avancé » le couteau en se relevantâ?¦ « J’ai pensé l’avoir seulement piqué ! », assure Hafida, alors que les experts évoquent « un geste fort et déterminé ». Abdelkrim s’était alors reculé, soulevant son tee-shirt en lui lançant : « Regarde ce que tu as fait ! » Puis il était remonté en voiture et s’en était allé.
« Je ne pensais pas qu’il était blessé. Malgré tout ce que j’ai subi, jamais je n’aurais voulu le tuer. C’était le père de mon enfant ! » insiste toujours la jeune femme. Hafida s’était elle-même rendue aux policiers pour « raconter ce qui s’était passé ». Le verdict doit être rendu demain.
2009-01-29 11:00:00
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