La biologiste et directrice de recherche au CNRS et au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Emmanuelle Pouydebat, souhaite nous faire prendre conscience de notre relation avec la nature. Selon elle, préserver la biodiversité revient à nous préserver nous-mêmes. Elle prône l’émerveillement comme moyen d’atteindre cet objectif.
Le célèbre paléontologue Yves Coppens, décédé l’année dernière, avait surnommé Emmanuelle Pouydebat “Emmanuelle au pays des merveilles” en raison de son émerveillement et de son admiration pour le monde animal. Elle a été profondément influencée par le père de Lucy l’australopithèque, qui a suscité en elle une fascination pour les grands singes et l’évolution de l’être humain.
En tant que biologiste, elle passe des heures à observer les animaux, même les plus communs comme les libellules et les écureuils. Dans son livre “Mes plus belles rencontres animales”, elle raconte une cinquantaine de face-à-face avec les animaux qui la fascinent. Elle est convaincue que prendre le temps d’observer et de s’émerveiller de l’intelligence de la nature nous incite à aimer et à protéger cette biodiversité.
Emmanuelle Pouydebat estime qu’il y a beaucoup à apprendre des animaux dans tous les domaines, que ce soit l’écologie, l’industrie ou les transports. Elle prône la bio-inspiration, qui consiste à s’inspirer des compétences et des comportements de la nature pour progresser dans divers secteurs. Par exemple, l’étude des papillons morpho pourrait contribuer à améliorer les panneaux photovoltaïques, tandis que les compétences des éléphants dans l’utilisation de leur trompe pourraient être appliquées à la création de robots industriels.
Elle déplore le fait que la préservation de la biodiversité doit être justifiée par des raisons égoïstes, mais elle considère également que cela offre l’occasion de découvrir et d’apprendre de nouvelles choses sur les animaux. Elle souligne que les êtres humains ne sont pas les seuls à être intelligents et que l’évolution de l’intelligence ne suit pas une hiérarchie pyramidale comme on peut le croire.
En tant que scientifique, Emmanuelle Pouydebat estime également que certains domaines, tels que l’altruisme, la coopération et l’empathie, n’ont pas été suffisamment explorés chez les animaux. Elle insiste sur l’importance d’étudier à la fois les mâles et les femelles pour comprendre l’évolution et souligne le manque de connaissance sur les femmes et les femelles dans la recherche scientifique.
Elle encourage tout un chacun à s’émerveiller et à observer les animaux. Selon elle, l’émerveillement peut également faire partie de la démarche scientifique, car ce que nous découvrons sur nous-mêmes, nous le découvrons également chez les autres animaux. Elle affirme avoir vécu des expériences incroyables avec les animaux et considère que l’émerveillement devrait être au cœur des sciences.
