Mercredi 18 septembre au soir, le préfet de la Martinique a mis en place un couvre-feu sur les axes entre Fort-de-France et le Lamentin et dans des zones commerciales. Malgré ça, la nuit de mercredi à jeudi a été mouvementée. Les forces de l’ordre ont subi des tirs à balles réelles et des jets de cocktails Molotov. Des groupes d’individus ont érigé des barrages au niveau de points de circulation stratégiques sur toute l’île. Douze personnes ont été interpellées.
Clarisse Taron, procureure de la République, dresse un premier bilan : depuis le début des événements, le 1er septembre, plus de 30 procédures ont été ouvertes dont plus de 20 pour cambriolages et plus de 7 pour tentative d’homicides sur les policiers. De plus, ces deux derniers jours, une dizaine de personnes ont été interpellées, dont trois mineurs.
Dans la nuit de mardi à mercredi 18 septembre 2024, un restaurant McDonald’s du quartier de Dillon à Fort-de-France (Martinique), a été incendié. Dans le même secteur, un dépôt de l’enseigne Carrefour a également été visité alors que des barrages étaient érigés quartier Sainte-Thérèse et des véhicules à nouveau brûlés. D’autres magasins de Fort-de-France, notamment des vendeurs de téléphonie mobile, ont aussi été pillés. Face à cette explosion de la rue, les responsables politiques du territoire réagissent.
Un appel au calme et au dialogue
Dès mardi, Béatrice Bellay et Jiovanny William, députés du Nouveau Front Populaire (NFP) ont appelé à « faire descendre la pression », ajoutant « ces tensions desservent l’ensemble de la population martiniquaise et ne permettent pas de faire avancer le débat entamé ». Les parlementaires légitiment par ailleurs la demande de retransmission en direct des tables rondes de négociationsfaite par le RPPRAC, Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes, association à l’origine du mouvement de protestation contre la vie chère en Martinique.
« Nos compatriotes attendent désormais de la transparence pour retrouver une confiance abîmée par le temps et par des résultats de politiques publiques insatisfaisants », plaident ces députés.
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Une volonté partagée par les deux autres députés NFP du territoire, Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor, fondateurs du parti politique martiniquais Peyi-A, qui participent au sein des coalitions de gauche à l’Assemblée Nationale. Marcellin Nadeau, élu dans la circonscription du nord de la Martinique, appelle lui aussi le préfet de la Martinique, à accepter la retransmission en direct des débats : « Ça favoriserait la venue du RPPRAC à la table des négociations. C’est aussi un des éléments qui pourrait permettre d’atténuer les tensions. »
Le parlementaire martiniquais invite également le préfet à convier les syndicats de salariés aux tables rondes, auxquelles assistent le syndicat de la grande distribution (SDGA) et le Medef : « Ils ont l’expérience de 2009 et sont de très bons experts des questions économiques et sociales. »
Le député Marcellin Nadeau en appelle à l’État
De plus, Marcellin Nadeau appelle les acteurs de la grande distribution à faire un effort collectif sur les marges, afin que ça se répercute sur les prix en rayons : « Ils ne sont pas tous pareils. Certains veulent vraiment avancer mais d’autres freinent. » Face à l’urgence de la situation, les coprésidents de Peyi-A demandent aussi l’organisation d’une nouvelle table ronde.
Enfin, Marcellin Nadeau rappelle la responsabilité de l’État face au coût de l’alimentaire en s’appuyant sur le code du commerce qui autorise le gouvernement à prendre, par décret des mesures « contre des hausses ou des baisses de prix ». Le gouvernement peut donc « arrêter des mesures temporaires, qui doivent être motivées par une situation de crise, des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé ». Le décret est pris après consultation du Conseil national de la consommation. Il précise sa durée de validité, qui ne peut excéder six mois.
Du côté des sénateurs, Frédéric Buval (Groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants) explique, dans un communiqué, que la vie chère est un phénomène qui « gangrène le territoire depuis plusieurs décennies ». Il condamne les violences et appelle à un « climat apaisé », « nécessaire à la poursuite de travaux compliqués à mettre en œuvre afin de répondre aux attentes de la grande majorité de nos compatriotes. Nous avons la capacité de le faire ».
Catherine Conconne, sénatrice martiniquaise (Groupe socialiste, écologiste et républicain), a, quant à elle, réagit sur les réseaux sociaux appelant à ce que « chacun assume ses responsabilités », avant d’exprimer son soutien et sa solidarité aux forces de l’ordre.
Le maire de Fort-de-France « condamne solennellement ces violences »
Didier Laguerre, le maire de Fort-de-France (Parti progressiste martiniquais) réagit aussi dans une vidéo aux événements de ces derniers jours : « Je condamne solennellement ces violences urbaines envers nos concitoyens ainsi que la brutalité inacceptable envers les forces de l’ordre. L’escalade de la violence n’apportera aucune réponse. »
L’élu annonce également essayer de faire de la médiation depuis déjà plusieurs jours pour « permettre aux acteurs majeurs de cette situation de pouvoir se remettre autour d’une table et de pouvoir construire ensemble une solution qui permette de traiter la problématique durablement ».
2024-09-19 19:25:00
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