Nouvelles Du Monde

En réinvestissant la friche de l’ancienne usine Arcelor, la vallée de l’Orne trouve enfin une nouvelle direction.

En réinvestissant la friche de l’ancienne usine Arcelor, la vallée de l’Orne trouve enfin une nouvelle direction.

Dans un contexte de raréfaction du foncier, les friches deviennent une chance. Dans la vallée de l’Orne, après 25 ans d’abandon, la vie revient ainsi sur le site de l’ex-usine de Rombas-Amnéville. Pour le faire basculer vers le XXI e siècle, un tiers-lieu vient d’ouvrir et un incubateur d’entreprises va suivre.

Philippe MARQUE

Aujourd’hui à 20:00

| mis à jour aujourd’hui à 20:24

Difficile de ne pas être interpellé par ces cubes dorés métalliques, empilés façon mikados et accolés à cette vieille bâtisse rénovée de la vallée de l’Orne, entre Metz et Thionville. Jadis, elle abritait la maison des syndicats de l’usine de Rombas-Amnéville. Aujourd’hui, c’est un… tiers-lieu joliment baptisé Cap’Orne. Avec sa déco chinée vintage, ses salles de réunion ou de coworking, son escape game et son auditorium de 102 places, il a ouvert en décembre dernier et sera officiellement inauguré le 28 mars. « On veut en faire un lieu de rencontres et de référence sur la transition écologique. Et cela démarre très fort. Nous avons déjà beaucoup de demandes d’associations », se réjouit Lionel Fournier, président de la communauté de communes Pays Orne Moselle, qui porte ce projet avec la communauté de communes Rives de Moselle via un syndicat mixte. « C’est notre vitrine. Elle projette ce site vers le 21e siècle, sans pour autant renier son passé. Quand vous voyez des bâtiments en déshérence, vous ne pouvez pas avoir une vision positive de demain. Pour gommer cette image, il nous faut reconquérir cette friche. Il n’est pas question d’en faire un Texas français mais on veut ramener de l’espoir et guérir de ce traumatisme cette vallée qui, d’Auboué à Richemont, est passée en trente ans de 33 000 emplois industriels à 800. L’avenir de la vallée passe par là », poursuit le maire de Rombas.

Lire aussi  Le président du club Hertha Berlin meurt à l'âge de 43 ans

Un désert de rouille

En ces temps de raréfaction du foncier et alors que la loi Climat et résilience de 2021 exige une diminution par deux du rythme de l’artificialisation des sols d’ici 2030, puis un arrêt total en 2050, ces friches sont en passe de devenir une aubaine pour les porteurs de projets. Surtout dans ce secteur porté par le développement sans fin de l’activité au Luxembourg. « On a fini par prendre conscience que cela pouvait être un atout. On s’est inspiré de ce qui se fait à Nantes, dans les Hauts de France. On prévoit un tiers d’activités économique, un autre tiers d’habitations avec 1 500 à 1 800 logements et le reste en aménagements paysager », détaille l’élu, pas mécontent que son interco ait acheté en 2010 ce foncier « à un prix défiant toute concurrence. »

Toute la vie alentour était construite autour de ce poumon économique créé en 1890 par les Allemands sous l’annexion et qui a employé jusqu’à plus de 6 000 personnes dans les années 70. Avant que cela ne devienne en 1998 un désert de rouille. Une verrue. Après vingt-cinq ans d’abandon, la reconquête est enfin en marche. Dans l’ancien bâtiment énergie, les artisans s’activent. Ils créent des espaces de coworking, un FabLab, des salles de réunion et de conférence, des ateliers, des bureaux individuels, une cantine. Cette future maison de l’innovation, incubatrice d’une pépinière d’entreprises, devrait être inaugurée en septembre. « Ce sera notre vaisseau amiral », commente Lionel Fournier, fier de ramener de l’emploi sur le site.

Lire aussi  2.000 € pour améliorer le confort des enfants hospitalisés

Trouver les financements

Rien que ces deux réhabilitations ont coûté près de 8 M€, subventionnés à plus de 70 % par le contrat de plan Etat-Région 2015-2020. Pour la suite, l’ex-Magasin Général a le profil pour accueillir des artisans locaux ou une zone de sport indoor et l’atelier locotracteur ferait une magnifique halle gourmande. Mais il faut trouver les financements. Pour la partie aval du projet, symbolisée par l’imposante silhouette des aciéries de Gandrange en cours de démantèlement, la patience est aussi de mise. « On voudrait y mener du développement économique et des infrastructures de déplacement pour faciliter les flux. Mais nous sommes sur du moyen terme », tempère Julien Freyburger, à la tête de Rives de Moselle. Lui aussi parle d’atout en évoquant ces friches. Quant aux nostalgiques, ils peuvent encore visiter l’usine de Rombas-Amnéville. Il leur suffit pour cela d’enfiler un casque de réalité virtuelle mis à disposition à Cap’Orne.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT