Enquête
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«Libération» a eu accès aux échanges des membres du club d’influence qui travaille dans l’ombre à la victoire de l’extrême droite. Parmi eux, des hauts fonctionnaires, des anciens de cabinets ministériels et des cadres de grandes entreprises.
18 avril 2022. On est lundi. Marine Le Pen vient de se payer un bain de foule à Saint-Pierre-en-Auge, dans le Calvados. Le dernier avant son débat d’entre-deux-tours avec Macron. A la fin de la promenade, elle plante tout le monde, ses équipes, les journalistes, devant un portail bleu et un mur en vieilles pierres, feignant de rejoindre derrière une table amicale où becqueter. En fait, elle file à l’anglaise de l’autre côté de la propriété pour rejoindre un endroit plus somptueux et pourtant plus discret, à vingt minutes en voiture.
La voilà à Bellengreville, dans un manoir du XVIIe à la façade classée, dans le salon en lambris où elle a posé ses valises la veille et bûche son futur face-à-face avec le président sortant. Très peu de gens savent où elle se trouve. Autour d’elle, ne reste qu’un cercle très restreint : cinq personnes, dont les deux directeurs adjoints de la campagne, Renaud Labaye, un ancien de Bercy formé à Saint-Cyr et HEC, et Jean-Philippe Tanguy, passé par Sciences-Po et l’Essec.
Soudain, Le Pen oublie qui elle est et commence à s’imaginer présidente. Elle se voit former