Entre jeu et réalité voici la fantastique gnose de ‘Inventarium’

Entre jeu et réalité voici la fantastique gnose de ‘Inventarium’

2023-04-24 18:12:27

AGI – Freud a écrit que le contraire du jeu n’est pas ce qui est sérieux mais ce qui est réel. Par conséquent, le contraire du réel est le jeu : quelque chose comme “Ceci n’est pas una pipe” de Magritte ou le Prieuré de Sion. Bref, une sorte de Truman Show. Ce qui est bien plus que ce qui est faux, étant avant tout une blague. Un jeu en fait : basé sur une technique de désillusion qui est à l’origine de la désinformation et que les situationnistes français appelaient “de’tournement” dans l’après-guerre. Si ensuite le jeu utilise également des éléments tels que l’arcane et le cryptique, des résultats très singuliers sont obtenus comme celui qui sourit en 1981 à Luigi Serafini, auteur d’un Codex, appelé “Seraphinanus”, composé d’illustrations indéchiffrables et des textes illisibles, de purs signes non conventionnels pour un nouvel alphabet et une galerie originale, plus de l’art que de la littérature bien qu’il s’agisse d’un livre, qui raconte l’histoire de l’inexpérimenté et viole aussi la loi de Murphy. Une expérience qui fait suite à ces suggestions est celle promue à Palerme par l’Arche Palermitaine des Expositions Eliana Urbano Raimondi, commissaire d’expositions et écrivain, et le romain Ivan Cenzi, spécialiste de l’anthropologie et de la cinématographiequi ont monté une exposition, “Inventarium”, ouverte jusqu’au 6 mai au siège de l’association et peut-être pas par hasard inaugurée le 1er avril (jour de la blague) avec une connexion en streaming avec Serafini, qui a expliqué l’idée à créer de nouveaux mondes, inconnaissables et imaginaires, mais si plausibles dans la sphère du rêve et de l’imagination pure.

« Inventarium » s’inspire d’une autre idée parallèle, celle de la « gnose fantastique » comme on l’appelle dans l’exposition, où « gnose » n’implique pas des régurgitations proto-chrétiennes mais répond au sens propre du savoir, pourtant et oxymoriquement fantastique, inexistant. Le jeu est en réalité plus subtil et raffiné car il a un sens de la mystification : les œuvres avec leurs légendes sont placées sur un plan scientifique mais il ne s’agit que de dissimulation. Eliana Urbano Raimondi dit à AGI : “Notre projet est proposé comme un hommage au ‘Codex seraphinanus’ et dans le sillage de cette encyclopédie surréaliste, nous avons demandé à trente et un artistes internationaux – de nombreux Italiens, mais aussi des Français, des Espagnols, des Japonais, un Russe, un Arménien – d’unir leurs opère un néologisme qui était lié à une définition scientifico-poétique et constituait un lemme encyclopédique. Par exemple, dans ‘Domofobia’, Luca Cecioni illustre, dans une toile où une personne est assise devant une télévision éteinte dans une pièce nue, la peur des espaces domestiques qui conduit à se réfugier dans des motels anonymes et sordides”. n’existe pas ni ne note le syndrome psychiatrique, d’où le motif de la gnose fantastique qui ouvre à la connaissance d’un monde inventé à travers une définition pseudo-scientifique formellement structurée mais substantiellement fausse à laquelle l’œuvre d’art sert d’illustration comme dans un encyclopédie de la déviation psychique celle de Gaetano Costa qui dans « Tronofobia » décrit la peur d’assumer ses responsabilités apicales en se réduisant à des attitudes infantiles et puériles.

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Mais l’esprit dans l’Inventarium (répertoire d’idées et d’inventions) s’exerce dans le champ plus large de l’imagination pure. Piero Schirinzi a donné naissance à un croisement entre un cygne et un lévrier, l’appelant “Ciniero” et offrant un profil historique du rare exemple d’un chien qui vivait à l’âge classique au bord d’un canal où au fil du temps les deux espèces ont fusionné et cohabitaient. Le bestiaire compte d’autres animaux fabuleux, comme l’aigle de Gallia Nerbonensis, doté de super pouvoirs sensoriels, ou le Pantoctopus de Mikaelian Corvengi, une panthère noire à queue de pieuvre présente depuis l’Antiquité sur le plateau arménien et vénérée car elle protège population des attaques turques. L’exposition est divisée en cinq macro-sections thématiques, dont certaines s’articulent tour à tour : “Mort et ironie, caprices anatomiques, sacré et mythe”, “Rite, corps et mélancolie”, “Nature”, “Psychotopie, psychopathologies et hallucinations”. paraphilies”, ” Néoarchétypes ludiques, Eros et Thanatos autoréférentiels, Guerre et dénonciation”. Les œuvres sont créées avec les techniques les plus diverses, de la peinture à la sculpture, de la performance vidéo à l’installation, et s’offrent à la curiosité du visiteur pour stimuler en lui le sens critique tout en divertissant en même temps aussi pour les effets d’une utilisation prononcée de narration. “Nous avons mis les artistes – dit Eliana Urbano Raimondi – dans une position délicate et nous avons nous-mêmes rempli une fonction maïeutique. Et il a été possible de vérifier une relation étroite entre l’œuvre d’art et le texte écrit : ceux au style créatif plus riche et plus sophistiqué révélaient alors un lexique plus raffiné, tandis qu’une peinture frangée trahissait aussi des contaminations linguistiques”. et les premiers produits ont été mis en ligne sur le site de l’association En ce début d’année, fort de nombreux travaux inédits, l’exposition a été physiquement installée à Barcelone jusqu’au 6 mars, après quoi elle est arrivée à Palerme, avec quelques modifications des artistes sélectionnés et des œuvres exposées “L’intérêt immédiatement suscité par notre projet – écrit Ivan Cenzi dans le Catalogue – est en partie dû au contexte particulier dans lequel il est né. Cette période de crise, précisément en par du fait que nous nous trouvions orphelins de tout confort, ce fut un moment particulièrement sacré : notre invitation à valoriser le jeu dans des circonstances aussi tragiques fut peut-être perçue comme un acte thaumaturgique et apotropaïque”. Mais bien que fils de Covid, “Inventarium” reste le résultat du Codex de Serafini. A la différence près que le livre de l’artiste et architecte romain est un album d’oeuvres d’art composé de textes eux-mêmes configurés comme des motifs décoratifs et artistiques, tandis que la revue palermitaine se constitue comme une chambre des merveilles où l’on entre à la main guides et fiches explicatives pour vivre une dimension ultranée et uchronique. Peut-être souriant aux blagues exposées.



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