Entretien avec Mélanie Rufi, vice-présidente de la JS Suisse sur la loi CO2

Entretien avec Mélanie Rufi, vice-présidente de la JS Suisse sur la loi CO2

Publié

Parlement«Cette loi sur le CO2 aurait dû être faite il y a vingt ans»

Les jeunes des partis de gauche ont lancé un appel pour que le National rejette la loi sur le CO2 qu’il examine en ce moment même. Entretien avec Mélanie Rufi, vice-présidente de la JS Suisse.

par

Christine Talos

Mélanie Rufi, vice-présidente de la JS Suisse.

Mélanie Rufi, vice-présidente de la JS Suisse.

ChTalos

Le National a commencé, mercredi, l’examen de la loi sur le CO2 pour la période 2025-2030. Une loi qui vise à réduire de 50% les gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990. Le projet tient compte du rejet par le peuple en juin 2021 d’une première loi sur le CO2 qui prévoyait des taxes. Le Conseil fédéral table désormais sur des incitations et des investissements ciblés. Il a prévu à cet effet 4,1 milliards sur cinq ans. Ils proviendront de la taxe sur le CO2 déjà perçue sur les combustibles à 120 francs par tonne de CO2. Mais le Conseil des États a déjà édulcoré le projet, ce qui fâche la Jeunesse socialiste, qui a rédigé, avec la Grève du climat, actif-trafiC, les Jeunes POP et les Jeunes Verts, un appel pour que le National rejette la loi lors du vote final. Explications avec Mélanie Rufi, vice-présidente de la JS Suisse.

Lors du débat d’entrée en matière, ce mercredi, la rapporteuse de commission, Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE), a parlé du projet de la commission du National comme un «compromis satisfaisant». Qu’est-ce qui vous déplaît?

Mélanie Rufi: Cette loi n’est pas assez ambitieuse. Il n’y a aucune date butoir pour la vente de véhicules à moteurs à combustion, aucune mesure par rapport à la place financière suisse, et le taux de réduction des émissions de CO2 prévu à l’interne est insuffisant. De plus, le projet n’est pas socialement juste, puisqu’il n’y a qu’une faible redistribution des recettes de la taxe sur le CO2. Ce que nous voulons, c’est une loi ambitieuse mais qui soutient aussi la population dans le développement d’un mode de vie écologique.

On vient d’investir beaucoup d’argent pour élargir les autoroutes. Nous estimons au contraire qu’il faut plutôt baisser les tarifs des transports publics, car ils ne représentent pas actuellement une alternative satisfaisante au trafic motorisé individuel. Et il faut les développer, aussi dans les régions périphériques.

Pourtant, dans le projet de loi, il y a pas mal de points qui devraient vous satisfaire: 75% des émissions de CO2à compenser en Suisse, normes d’émissions plus strictes pour les nouvelles voitures et camions, soutien aux bornes de recharge, soutien aux liaisons ferroviaires, incitations à fabriquer des carburants de synthèse…

Vu l’ampleur et l’urgence de la crise climatique, cette loi sur le CO2 est largement insuffisante. Elle aurait dû être faite il y a vingt ans. Il faut des mesures bien plus radicales que ça.

Dans ce cas, vous fâcherez la droite et une partie de la population! Il faut faire des compromis, non?

La loi climat (ndlr: qui vise à atteindre le zéro net d’ici à 2050) a été acceptée par le peuple en juin dernier à 59%, ce qui prouve que la population est consciente de la crise climatique. Mais ses objectifs ne pourront pas être atteints avec cette loi sur le CO2. Or on n’a que très peu de temps devant nous, car les effets de la crise empirent chaque année. Mais j’ai totalement foi, et les jeunes de gauche avec moi, que le peuple suivrait un projet plus ambitieux.

Ce n’est pas ce que semblent penser vos aînés de gauche qui soutiennent au final le projet pour aller au plus vite…

Oui, nous sommes déçus du soutien du PS et des Verts. Nous aurions voulu qu’ils défendent une politique climatique plus forte, puisque ça figure dans leurs objectifs. Raison pour laquelle nous essayons de faire pression sur le parlement avec nos arguments. Rappelons aussi que nous avons lancé en 2022 l’initiative «Pour l’avenir» qui doit permettre les investissements dont on a besoin pour le climat, via un impôt de 50% sur les héritages de plus de 50 millions.

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