épopée d’une famille qui traverse une grande histoire

épopée d’une famille qui traverse une grande histoire

2023-09-21 14:55:18

Il existe une photo prise par le photographe danois Jacob A. Riis en 1888 qui est entrée dans l’imaginaire collectif de l’émigration italienne aux États-Unis. Il représente un groupe de voyous peu recommandables dans une ruelle sombre du Lower East Side, à l’époque où c’était l’un des pires bidonvilles de Manhattan. Cette image a été publiée dans un volume au titre explicatif : « Comment vit l’autre moitié » : une dénonciation des conditions de vie dans les immeubles surpeuplés et délabrés dans lesquels des familles de 10 personnes partageaient une seule chambre. Mais si ce que nous a donné l’œuvre de Riis est la moitié la moins chanceuse, de qui était composée l’autre moitié ?

La littérature et le cinéma nous ont livré de nombreuses histoires de misère et d’émancipation – souvent criminelles – de l’émigration italienne, mais ils ont tendance à oublier une autre réalité, celle des Italiens qui ont quitté les ports d’un pays déchiré par les guerres d’indépendance, non pas pour la pauvreté, mais pour de faire fructifier leurs talents dans un lieu qui offrait des opportunités légendaires : l’Amérique.

Et l’histoire d’une de ces familles, les Montalto, est racontée dans le roman ‘I Malarazza’, d’Ugo Barbàra (Rizzoli, 496 pages, 19 euros) dans la parabole qui les emmène de Castellammare del Golfo, en Sicile, à New York de la seconde moitié du XIXe siècle.

Nous sommes en mai 1860 et alors que Garibaldi s’apprête à débarquer en Sicile, Antonio Montalto a une intuition : abandonner une partie des terres qui ont fait la fortune de sa famille – qui a toujours produit de l’huile et du vin – en échange d’un petit voilier. Aux yeux de toute la ville, il apparaît comme un fou, mais il s’en fiche ; il a compris avant tout le monde où souffle le vent du changement et il ne peut pas rester les bras croisés. Il sait que s’il veut réaliser ses ambitions, il doit quitter la terre de ses pères pour aller chercher outre-mer.

Ainsi commence l’aventure qui, entre la chaleur de Castellamare et le rugissement de New York, croisera la grande histoire et donnera vie à un empire fondé sur les entreprises visionnaires d’Antonio, mais surtout sur l’entêtement de son épouse Rosaria, capable de poser les bases d’un projet qui dépasse leur époque : la création d’une banque américaine avec une femme présidente. Autour d’eux et de leurs six enfants s’entrelacent les vies d’une multitude de personnages mémorables, dont la jeune Bianca qui, ayant quitté son existence sicilienne pour suivre sa maîtresse Rosaria, entame une nouvelle vie d’apothicaire dans la ville américaine. Et Nicola, son amour secret, qui découvre comment les fantômes peuvent le poursuivre même au-delà des mers.

Celui raconté par Barbàra est une fiction, mais il est le résultat d’une recherche approfondie et d’une fouille dans la personnalité des protagonistes qui le transforment en une histoire paradigmatique de ceux de beaucoup qui ont quitté l’Italie poussés non pas par la faim et la pauvreté, mais par leurs propres ambitions et la capacité d’imaginer un ailleurs où l’on peut donner corps à ses rêves. Un récit qui, traversant les grands de l’histoire, de Garibaldi à Lincoln, et les événements qui ont façonné les peuples, du débarquement des Mille à la guerre civile américaine, cisele à un rythme pressant une histoire qui contient en elle les ingrédients de chaque grand roman : des personnages très humains, des amours et des destins à subvertir.



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