2024-04-23 07:00:00
AGI – Le président turc Recep Tayyip Erdogan se rendra aujourd’hui à Bagdad, la capitale irakienne. Il s’agit de la première visite dans le pays depuis 13 ans, la fin d’une longue période de controverses et de tensions, mais surtout l’occasion d’aborder des questions cruciales pour les deux gouvernements, notamment la lutte contre les séparatistes kurdes du PKK, le développement des infrastructures reliant la Turquie et le golfe Persique, mais aussi le différend sur les ressources en eau et la réparation de l’oléoduc de Kirkouk.
Le ministre des Affaires étrangères d’Ankara, Hakan Fidan, a prévu que 20 protocoles d’accord seraient signés. Erdogan, après Bagdad, se rendra à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, autonome mais pas indépendant. Pour le dirigeant turc, la priorité reste la lutte contre le PKK, menée par les Turcs avec des opérations répétées et des raids aériens à travers la frontière, qui ont renforcé ces dernières années les relations avec le Kurdistan irakien, dominé par le clan Barzani, mais en même temps Les tensions avec le gouvernement central de Bagdad s’accentuent.
Mi-mars, une délégation turque, conduite par le chef des services secrets et le ministre des Affaires étrangères, s’est rendue dans la capitale irakienne. La Turquie est déterminée à créer une zone tampon de 30 km de profondeur à travers la frontière, le gouvernement irakien a annoncé que le PKK serait inclus dans la liste des organisations terroristes. Le ministre irakien des Affaires étrangères Fouad Hussein a confirmé que les deux pays travaillaient sur une feuille de route “pour surmonter les divergences concernant le PKK”.
Ankara et Bagdad travaillent également sur un centre d’opérations commun pour contrer les milices séparatistes kurdes, même si le scepticisme de Bagdad demeure sur ce point. Mais pour convaincre le gouvernement irakien, Erdogan est prêt à jouer la carte du nouveau corridor commercial : un projet qui comprend une autoroute et une ligne ferroviaire à grande vitesse qui relie le golfe de Bassorah, en Irak, à la Turquie, dans le but de d’augmenter les flux commerciaux au Moyen-Orient, du golfe Persique vers la Turquie.
Outre l’autoroute, le projet comprend une ligne à grande vitesse, avec des trains de marchandises et de voyageurs capables de parcourir jusqu’à 300 kilomètres par heure, mais aussi la création de centres de tri commerciaux, de complexes industriels et la possibilité d’intégrer le projet à un un oléoduc et éventuellement un gazoduc. Un investissement total estimé à 17 milliards de dollars, qui devrait rapporter, selon les prévisions, 4 milliards de dollars par an et créer au moins 100 mille emplois. C’est un projet sur lequel Erdogan se concentre fortement, contrairement au projet d’Israël et des Émirats arabes unis de relier l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe via le corridor économique Imec.
Un autre sujet brûlant au centre de controverses ces dernières années est celui des ressources en eau. Les deux pays, s’ils veulent réellement collaborer dans un avenir proche, sont obligés de chercher une solution satisfaisante tant dans la gestion des eaux du Tigre et de l’Euphrate que de leurs affluents. Les deux fleuves qui donnent leur nom à la région Mésopotamie prennent effectivement leur source en Turquie, mais ils constituent des ressources vitales pour l’économie irakienne, mise en péril par les nombreux barrages construits par le gouvernement turc au cours des 20 dernières années et par le changement climatique.
La pénurie d’eau qui en résulte pour l’Irak a provoqué des tensions et des controverses, ainsi que l’assèchement du territoire et constitue une question sur laquelle les deux pays doivent trouver des formes de coopération. Une autre ressource centrale est le pétrole. Bagdad répare actuellement l’oléoduc qui relie la ville irakienne de Kirkouk à Ceyhan en Turquie. Une infrastructure endommagée par l’Etat islamique dans le passé, qui, lorsqu’elle fonctionne, permet le passage de 350 000 barils de pétrole par jour, mais est inactive depuis une dizaine d’années.
Des retards liés aux controverses entre Bagdad et le Kurdistan irakien, engagés depuis des années dans un différend sur les ressources du nord de l’Irak. La Turquie, forte d’un accord avec les Kurdes irakiens, a accusé à plusieurs reprises Bagdad de retarder la réparation de l’oléoduc pour profiter de la hausse des prix du pétrole et appelle à ce que la réparation soit achevée le plus rapidement possible.
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