Est-ce que les enfants (ou les adultes d’ailleurs) sont disposés à consommer des insectes ?

Est-ce que les enfants (ou les adultes d’ailleurs) sont disposés à consommer des insectes ?

Produire de la viande pollue et demande beaucoup d’espace et de ressources (eau, céréales . . . ). Pour protéger la planète, il faut donc trouver de nouvelles sources de protéines. Une des solutions est de remplacer, au moins partiellement, viande par les insectes.

Le problème est que insectes, en tant qu’aliment, sont rejetés par les Européens et les Nord-Américains comme immangeables, sales et dégoûtants. Pourtant, 2 milliards d’humains (en Asie, Afrique, Amérique du Sud) en mangent régulièrement. Les plus couramment consommés dans le monde sont les coléoptères comme les coléoptères, principalement sous forme larvaire (comme le ver de farine), les lépidoptères (chenilles) et les hyménoptères (abeilles, guêpes et fourmis).

Les insectes sont intéressants car ils polluent moins et nécessitent moins d’eau et de nourriture que les vaches ou les cochons. Ils ont également besoin de moins d’espace pour être élevés et sont riches en protéines.

Depuis quelques années, des chercheurs étudient comment faire accepter les insectes aux adultes occidentaux, mais peu aux enfants. Nous avons donc confronté des enfants à des insectes comestibles pour étudier leurs réactions.

Bugs avec du ketchup ou du chocolat?

Les enfants peuvent en effet jouer un rôle important dans l’introduction de l’entomophagie (manger des insectes) dans un pays comme la France pour trois raisons.

Premièrement, les habitudes alimentaires au sein d’une culture évoluent au fil des générations, de sorte que les jeunes consommateurs peuvent adopter de nouvelles pratiques qu’ils transmettront ensuite à leurs enfants.

Deuxièmement, l’enfance est une période très importante, car les préférences alimentaires apprises tôt dans la vie persistent à l’âge adulte. Enfin, les enfants influencent aussi ce que leur famille et leurs amis mangent. En consommant eux-mêmes des insectes, ils peuvent les inspirer à manger des insectes.

Nous avons interrogé 43 enfants français entre 8 et 13 ans à propos de leurs réflexions sur la consommation d’insectes. Dans une première étude, il leur a été demandé de décrire un enfant qui mange des insectes (à quoi il ressemble, où il habite) puis d’exprimer ce qu’il ressentait face à des images d’insectes entiers (sauterelles, grillons, vers de farine), de ketchup – soit des insectes parfumés au chocolat, un fromage sablé et un gâteau au chocolat contenant des insectes en poudre.

Dans une deuxième étude, les enfants ont été interrogés par groupes de deux ou trois. Cette fois, nous leur avons montré de vrais vers de farine séchés et un gâteau nature contenant des vers de farine en poudre. Ils ont également regardé des extraits de l’émission télévisée Meilleur patron où grillons et fourmis étaient cuits et mangés.

Les enfants sont curieux mais ont besoin d’être rassurés

Les résultats de ces études montrent tout d’abord que les enfants pensent, comme les adultes, que les insectes ne sont pas comestibles dans notre culture. Selon eux, les mangeurs d’insectes vivent dans des pays lointains ou le font pour survivre. Sinon, manger des insectes est associé à de la crasse ou à des défis dégoûtants dans des émissions comme Fort Boyard ou Koh Lanta.

Avant d’être exposés aux insectes dans l’étude, la plupart des enfants indiquent spontanément qu’ils refuseraient de les manger parce qu’ils en sont dégoûtés. Ils imaginent un goût et une sensation désagréables dans leur bouche. Quand on leur montre des insectes en images ou en vrai, ils sont plus attirés par les petits insectes comme les vers de farine, plus faciles à avaler que les grillons ou les sauterelles.

Les insectes aromatisés au ketchup ou au chocolat sont un peu plus acceptés car ce sont des goûts qu’ils connaissent et apprécient. Mais les aliments qu’ils préfèrent sont ceux dans lesquels l’insecte est caché, comme le gâteau, car il ressemble à un “gâteau normal”.

Un autre résultat important est que les enfants changent d’attitude au cours de l’étude. Observer, manipuler et sentir de vrais vers de farine séchés réduit leur dégoût et éveille leur curiosité.

En revanche, les enfants interrogés en petits groupes de deux ou trois s’influencent mutuellement. Certains ont finalement accepté de manger du gâteau aux insectes parce que leurs amis l’avaient goûté. Les enfants étaient également plus disposés à goûter des insectes entiers après avoir regardé l’émission de télévision Meilleur patron avec des insectes bien cuits.

Cette étude montre que les enfants en France peuvent enfin s’habituer assez rapidement à l’idée de manger des insectes. Ils sont dégoûtés par les insectes entiers mais curieux à leur sujet. Leur intérêt peut augmenter si les insectes sont associés à des goûts ou à des aliments familiers et s’ils sont consommés dans une situation rassurante, comme en famille ou dans une situation amusante, comme lors d’un défi entre amis.

Céline GallenProfesseur des Universités en Sciences de Gestion, IAE Nantes, NANTES Université, Université de Nantes; Gaëlle Pantin-SohierProfesseur des universités en science de gestion, IAE Angers – Université d’Angerset Valérie Hémar-NicolasProfesseure des universités en sciences de gestion et du management – Consommation alimentaire et durabilité, Université Paris-Saclay

Cet article est republié de La conversation sous licence Creative Commons. Lis le article original.

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