Est-ce une bonne idée pour la Floride de faciliter l’exécution de personnes ?

Est-ce une bonne idée pour la Floride de faciliter l’exécution de personnes ?

Le gouverneur et de nombreux législateurs de Floride veulent faciliter la condamnation à mort des meurtriers. Mais leur plan sera-t-il à la hauteur de leurs attentes ou ne fera-t-il qu’aggraver le bourbier juridique qui entoure déjà les exécutions sanctionnées par l’État ?

En Floride, les adultes reconnus coupables de meurtre au premier degré ne sont passibles que de deux peines : la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle ou la mort par exécution. Pendant des décennies, les jurys de 12 personnes n’ont pas eu besoin d’être unanimes pour recommander la peine de mort. Mais une série de décisions de justice à la fin de la dernière décennie a incité l’Assemblée législative à exiger que les jurés soient unanimes pour recommander la mort. La question semblait réglée jusqu’en 2020, lorsque la Cour suprême de Floride a annulé sa propre décision de quatre ans plus tôt et a déclaré qu’un jury devait seulement être unanime sur le fait que l’accusé était admissible pour la peine de mort, non qu’ils soient mis à mort.

Maintenant, avec le soutien du gouverneur Ron DeSantis, deux législateurs ont déposé des projets de loi qui abaisseraient le seuil pour recommander une peine de mort à une majorité de 8 contre 4. Les projets de loi permettraient également à un juge d’annuler la recommandation d’un jury d’une peine d’emprisonnement à perpétuité et de condamner à la place l’accusé à mort. L’Alabama est le seul État avec une exigence de condamnation non unanime par un jury. Il nécessite au moins un vote de 10 contre 2, et il ne permet plus aux juges du procès de condamner un accusé à mort si le jury a voté pour la prison à vie. Les deux dispositions des nouveaux projets de loi donneraient sans doute à la Floride plus de latitude pour envoyer des personnes dans le couloir de la mort que tout autre État. Et c’est un problème.

Premièrement, la Floride a un terrible bilan en matière de condamnation d’innocents et de condamnation à mort. En fait, 30 personnes sur le point d’être exécutées ont par la suite été condamnées à tort, le plus grand nombre de tous les États du pays, selon le projet Innocence, qui lutte contre les condamnations injustifiées. Dans 22 des 24 cas d’exonération des couloirs de la mort examinés par le Centre d’information sur la peine de mort, au moins un juré avait voté pour une peine à perpétuité, a récemment rapporté Romy Ellenbogen du Times. En vertu de la loi proposée, ce vote n’aurait plus d’importance. La personne condamnée à tort serait toujours dirigée vers le couloir de la mort.

Deuxièmement, pourquoi pensons-nous qu’un juge devrait être autorisé à condamner quelqu’un à mort même lorsqu’au moins cinq jurés ont choisi une peine à perpétuité, une possibilité en vertu de la loi proposée ? En fait, tout un jury pourrait recommander la prison à vie, et un juge pourrait toujours condamner l’accusé à mort. Les procureurs ont aidé à sélectionner ces jurés. Le juge a signé les jurés. Ils ont assisté à tous les témoignages. Ils ont examiné les preuves. Ils pourraient regarder le tueur accusé dans les yeux. Et après avoir pesé tous les facteurs, ils ont décidé de recommander une peine à perpétuité. Il y a trop de choses en jeu pour permettre ensuite à un juge d’annuler cette décision réfléchie.

Troisièmement, cette décision soumettra presque certainement les affaires à davantage d’appels, du moins au fur et à mesure que les premiers passeront devant les tribunaux. Les législateurs qui ont proposé les changements pensent qu’ils sont sur une base juridique solide, mais certains experts n’en sont pas si sûrs. Les affaires dans lesquelles les juges annulent la décision des jurés et imposent la peine de mort sont plus susceptibles d’être annulées en appel, a déclaré au Times un ancien professeur de l’Université de Floride qui a étudié la peine de mort. Les détenus restent régulièrement dans le couloir de la mort pendant des décennies. Beaucoup meurent en attendant une date d’exécution ou voient leur peine commuée en prison à vie. Ces changements ne feraient rien pour accélérer le calendrier. En fait, en prolongeant la procédure d’appel, les changements pourraient allonger la durée de séjour des détenus dans le couloir de la mort.

Les fondateurs de notre nation pensaient que les jurys impartiaux étaient si importants qu’ils ont inscrit ce droit dans la Constitution. Il convient également de noter que les jurés potentiels qui ne peuvent condamner personne à mort pour des raisons morales ou religieuses ne font pas souvent partie des jurys dans les affaires de peine de mort. Les jurys sont généralement remplis de personnes favorables à la peine capitale, ou du moins qui ne s’y opposent pas. Lorsqu’ils décident que les faits exigent une peine d’emprisonnement à perpétuité, nous devons les écouter.

Les changements proposés découlent au moins en partie de la peine infligée au jeune homme qui a tué 17 personnes dans la tristement célèbre fusillade de l’école de Parkland. Le gouverneur DeSantis a exprimé sa déception que Nikolas Cruz n’ait pas été condamné à mort et a répété à plusieurs reprises qu’un juré ne devrait pas pouvoir opposer son veto aux souhaits du reste du jury. (Dans l’affaire Cruz, trois jurés ont recommandé une peine à perpétuité.) C’est dans la nature humaine de se demander comment quelques jurés ont conclu que le meurtre de 17 personnes ne méritait pas une condamnation à mort. Mais le système judiciaire exige que les jurés évaluent les facteurs aggravants et atténuants, notamment l’âge, l’état mental et les antécédents criminels de l’accusé. Ils sont censés peser les faits. Ils ne sont pas censés parler de vengeance ou de règne de la foule.

En mettant de côté les croyances personnelles sur la moralité ou les mérites de la peine de mort, nous devrions tous convenir que si l’État va tuer quelqu’un, il vaut mieux ne pas se tromper. Il n’y a pas de refaire. Les juges jouent un rôle important dans ce processus, mais un jury unanime devrait décider si quelqu’un doit être exécuté. L’unanimité offre une protection indispensable contre les catastrophes.

Les éditoriaux sont la voix institutionnelle du Tampa Bay Times. Les membres du comité de rédaction sont le rédacteur en chef des éditoriaux Graham Brink, Sherri Day, Sebastian Dortch, John Hill, Jim Verhulst et le président-directeur général Conan Gallaty. Suivre @TBTimes_Opinion sur Twitter pour plus de nouvelles d’opinion.

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