Est-il vrai que les privilèges fiscaux de l’Église dans l’État espagnol ont pris fin ?

Est-il vrai que les privilèges fiscaux de l’Église dans l’État espagnol ont pris fin ?

2023-04-18 03:06:14

Si quelque chose a caractérisé le gouvernement de coalition PSOE-Unidas Podemos tout au long de sa législature, c’est l’énorme publicité et propagande qui a entouré chacune des mesures annoncées.

Par Antonio Rodriguez / Red Stream

Le 29 mai 2020, le revenu vital minimum (IMV) a été approuvé, décrit par l’ancien vice-président Pablo Iglesias et la ministre du Travail Yolanda Díaz comme “la plus grande avancée des droits sociaux depuis la loi dépendance”. Mais quelques mois plus tard, la réalité a démenti la propagande. L’UGT, un syndicat pas du tout suspect de positions anti-gouvernementales, a déclaré que sur près de 715 000 candidatures déposées, seules 32 629 avaient été résolues et, sur ces dernières, plus de 28 000 avaient été refusées.

En décembre de la même année, la nouvelle réforme du travail a été convenue, ce qui, dans la bouche de Yolanda Díaz, ne concernait pas “une retouche”, mais de “un changement de paradigme fondamental”. “Nous avons réalisé en un an de réforme du travail ce qui n’avait pas été réalisé au cours des 40 années précédentes.” Avec la nouvelle Réforme (qui n’a finalement pas été abrogée bien qu’elle fasse partie de l’accord d’investiture) ils ont essayé de nous convaincre que la précarité et l’intérim allaient disparaître. Cependant, au fil du temps, il a été amplement démontré que les entreprises continuent de disposer de différents mécanismes pour continuer à perpétuer cette nature temporaire sous le masque d’un contrat à durée déterminée : les contrats à durée déterminée discontinus. Ce type de modalité, bien qu’elle soit considérée comme indéfinie parce qu’elle n’a pas de date de fin, en réalité elle ne l’est pas. En pratique, ils exercent une activité saisonnière pendant quelques mois et sont sans travail une grande partie de l’année. Une autre conclusion que l’on peut tirer de cette réforme est que la deuxième cause de pauvreté dans l’emploi a augmenté : la partialité. Ce qui nous amène une fois de plus à penser que la précarité ne fait que passer d’une modalité à une autre.

La loi de mémoire démocratique, qui selon le ministre Félix Bolaños «La page a été définitivement tournée de la période la plus sombre de notre histoire, de la dictature et de la guerre civile, et nous avons embrassé et revendiqué le meilleur de notre histoire, le peuple qui s’est battu pour la démocratie, pour la transition, pour la loi d’amnistie et par la Constitution. Et que de l’avis de la majorité des groupes mémorialistes, la principale pierre d’achoppement reste non résolue : l’abrogation de la loi d’amnistie, qui était une loi définitive pour absoudre les crimes de la dictature et protéger les criminels qui continuent aujourd’hui à occuper des postes d’énormes pouvoir. Une loi qui continue à ce jour d’être l’un des principaux obstacles pour faciliter la vérité, la justice et la réparation pour les victimes de la guerre civile et du franquisme.

Ou encore La Loi Logement et la montée du SMI qui ont aussi été vendues comme une énorme avancée pour la classe ouvrière et n’ont été que des miettes et une nouvelle rupture d’une autre de leurs promesses vedettes comme la question du logement où le nombre d’expulsions n’a cessé de croître.

En ce sens, et dans le cadre de ce bilan triomphal du gouvernement, nous avons assisté ces derniers jours à un nouveau pacte conclu entre le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, et le nonce apostolique pour mettre fin aux privilèges fiscaux de l’Église en Espagne Etat. : “Plus personne ne pourra dire que l’Eglise est dans une situation privilégiée” a déclaré le vice-secrétaire aux Affaires économiques de la Conférence épiscopale, Fernando Giménez Barriocanal.

Mais est-il vrai que les privilèges fiscaux de l’Église dans l’État espagnol ont pris fin ? Ou au contraire assiste-t-on à nouveau à une nouvelle campagne d’autopromotion à laquelle nous sommes déjà habitués ? Voyons:

Le gouvernement a promis dans son programme de revoir la fiscalité de l’Église et de supprimer l’exonération de l’IBI dans les bâtiments non dédiés au culte, mais loin de cet engagement, ce sur quoi le gouvernement et l’institution catholique se sont mis d’accord, c’est la renonciation à l’exonération de deux petites taxes locales qui sont en fait «le chocolat du perroquet« (1). Pour Juanjo Picó, porte-parole d’Europa Laica, il s’agit “un écran de fumée pour cacher d’autres questions plus importantes à résoudre concernant la relation Église-État”. Votre organisation demande l’abrogation de tous les accords de 1979 avec le Saint-Siège « comme une condition inexcusable et démocratique pour avancer dans la liberté de conscience et la laïcité de l’Etat ».

En réalité, l’Église va commencer à payer deux impôts dont elle avait été exonérée au cours des dernières décennies : la Construction, les Installations et les Travaux (ICIO) et les Contributions Spéciales, qui selon les calculs du gouvernement, contribueront aux caisses d’environ 16 millions euros par an. C’est-à-dire que l’Église devra payer le taux correspondant lors de l’exécution de travaux sur sa propriété ou dans des zones ou éléments de propriété municipale mais qui sont exclusifs à cette entité. Le décor fait par l’Église et le gouvernement où ils ont souligné que la taxe ICIO allait maintenant être payée, cache le fait que cette question a déjà été interrogée par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dans un arrêt de 2017 qui a forcé les évêques à payer ces frais en raison de travaux d’agrandissement dans une école de Getafe après une plainte du conseil lui-même.

D’autre part, l’Église continuera à ne pas payer d’impôts sur ses biens immobiliers tels que l’Impôt Foncier et Immobilier (IBI), celui des Successions, Donations et Transferts Patrimoniaux, qui certifie que l’Église continue de maintenir d’énormes avantages fiscaux dans le État espagnol. Quelque chose que l’exécutif envisageait de modifier en 2018 mais qui n’a pas été réalisé dans l’ensemble de son gouvernement. Pour l’Europe laïque, rien qu’à partir de l’IBI, ce sont plus de 700 millions d’euros par an qui restent à entrer dans les caisses publiques, y compris les biens ruraux et urbains, destinés au culte ou non. Plus précisément, dans les cinq plus grandes villes espagnoles, selon les données des mairies elles-mêmes, elles dépassent les 15 millions par an. Il faut prendre en compte qu’entre 1998 et 2015, les enregistrements de biens effectués par l’Église étaient de 34 961. Parmi ceux-ci, 20 014 étaient des temples ou des dépendances complémentaires et 14 947 d’autres caractéristiques (terrains, lots, maisons, locaux, etc.). La grande majorité (30 335) ont été réalisées uniquement avec “la foi de l’autorité ecclésiastique correspondante”. Autrement dit, pour certifier la propriété de tout bien sans avoir besoin d’un titre de propriété.

L’Église se cache derrière le fait que toutes les entités à but non lucratif bénéficient d’un régime fiscal spécial établi dans le célèbre loi sur le patronage (2), considérant qu’ils rendent un service à la société et contribuent au bien commun. Un argument qui manque de poids puisque l’immense nombre d’actifs détenus par l’Église sur l’ensemble du territoire espagnol ne peut être assimilé à celui des organisations à but non lucratif, fondations de partis ou syndicats, qui bénéficient également de cet avantage fiscal. L’Église est encore actuellement l’un des plus grands propriétaires fonciers de l’État espagnol.

Enfin, notez qu’en février dernier, la Conférence épiscopale a indiqué que le montant total attribué à l’Église via le compte de résultat 2022 s’élevait à 320 723 062 euros, soit 8,5 % de plus que l’année précédente. L’IRPF est un privilège que l’Église catholique continue d’avoir face au caractère non confessionnel de l’État.

(1) “Le chocolat du perroquet”

C’est une expression qui est utilisée pour désigner cette situation dans laquelle ils essaient d’équilibrer l’économie domestique en ne se passant que de petites dépenses, sans entrer dans les grandes.

Dans le Madrid du XVIIIe siècle, une friandise n’était pas telle s’il n’y avait pas une tasse de chocolat. Le produit était cher et ainsi, habituellement, les Indiens affichaient leur richesse. Certains de ces Indiens avaient ramené un perroquet de leur séjour en Amérique, qu’ils arboraient fièrement dans leur salon. Le perroquet, à l’intérieur de sa luxueuse cage, avait un contenant de chocolat à picorer, malgré le coût de la friandise.

Lorsque l’un de ces riches qui offraient du chocolat partout, même à leur perroquet, a commencé à décliner financièrement, ils ont privé le pauvre animal de caprice. Mais il a continué à offrir du chocolat aux invités de ses soirées, faute de quoi sa privation serait révélée.

(2) Loi sur le mécénat

La présente loi a pour objet de réglementer le régime fiscal des entités sans but lucratif qui y sont définies, compte tenu de leur fonction sociale, de leurs activités et de leurs caractéristiques. De même, son objet est de réglementer les incitations fiscales au mécénat.

Publié le 04/12/2023 dans corrienteroja.net



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