La myasthénie grave, une maladie auto-immune, se manifeste par une faiblesse musculaire affectant les muscles utilisés pour cligner des yeux, sourire ou se déplacer.
Cette maladie résulte d’une mauvaise interaction entre les nerfs et les muscles. Le système immunitaire produit des auto-anticorps qui attaquent les propres tissus et protéines de l’organisme. Dans le cas de la myasthénie grave, ces auto-anticorps ciblent les récepteurs d’acétylcholine (AChR), essentiels au bon fonctionnement de la contraction musculaire.Les médicaments prescrits pour stimuler l’acétylcholine et supprimer le système immunitaire ont un succès variable, suggérant que la myasthénie grave pourrait être causée par différents mécanismes sous-jacents selon les individus.
Des chercheurs ont utilisé une technique d’imagerie de pointe, la cryo-microscopie électronique (cryo-ME), pour étudier en détail les AChR musculaires humains à haute résolution.Publiée dans la revue *Cell*, l’étude a analysé les auto-anticorps de six patients atteints de myasthénie grave. Les résultats ont révélé que ces anticorps peuvent perturber le fonctionnement normal des récepteurs de diverses manières.
En cartographiant les sites de liaison des anticorps sur le récepteur, nous avons révélé une diversité surprenante dans la façon dont les auto-anticorps contribuent à la myasthénie grave. Cette connaissance aide à expliquer pourquoi certains patients répondent différemment aux traitements et fournit une base pour développer des thérapies plus personnalisées.
Les chercheurs estiment que les futurs traitements de la myasthénie grave pourraient cibler des interactions spécifiques d’anticorps plutôt que de s’appuyer sur des traitements immunosuppresseurs plus généraux.
« Cette étude fait non seulement progresser notre compréhension de la myasthénie grave, mais elle met également en lumière d’autres maladies auto-immunes dans lesquelles les anticorps attaquent les canaux ioniques, offrant ainsi l’espoir de stratégies de traitement plus précises et efficaces ».
Cette recherche est le fruit d’une collaboration étroite entre plusieurs institutions. Des chercheurs ont collecté des échantillons de sang de patients et réalisé des tests fonctionnels cellulaires pour caractériser les propriétés pathologiques de leurs auto-anticorps. L’équipe a mené des études structurelles à haute résolution et des expériences électrophysiologiques pour définir comment ces anticorps interagissent avec les AChR et perturbent leur fonction.« Ce travail illustre le pouvoir de la science en équipe. En combinant des échantillons de patients et des informations fonctionnelles avec la résolution moléculaire de la cryo-ME et de la biophysique, nous avons pu visualiser, pour la première fois, comment les anticorps individuels de la myasthénie grave interagissent avec le récepteur et interfèrent avec sa fonction. Ces informations offrent une nouvelle voie à suivre pour concevoir des traitements qui peuvent cibler précisément les mécanismes pathogènes chez chaque patient. »
L’approche collaborative utilisée dans cette étude souligne l’importance croissante de la médecine personnalisée et met en évidence la manière dont les partenariats entre institutions peuvent accélérer les découvertes ayant une pertinence clinique directe.