Dès la fin du XIXe siècle, les États-Unis ont mis en place un système d’élevage intensif qui répondait à une dure logique capitaliste. Ils furent ainsi les pionniers de ce modèle, souvent critiqué pour le manque de considération du bien-être animal et des conséquences écologiques que cela implique.
La chaîne de production est la suivante : le premier maillon est celui des naissances, troupeaux allaitants souvent de petite taille (entre 45 et 120 têtes), assez dispersés sur le territoire et dont les propriétaires sont éleveurs ; la seconde est celle des parcs d’engraissement, ou parcs d’engraissementoù les bœufs sont parfois plus de 100 000 et sont nourris avec des aliments très riches, comme du maïs, pour leur faire prendre beaucoup de poids, en plus de recevoir des injections d’hormones et d’antibiotiques pour accélérer leur croissance ; enfin le troisième et dernier lien est celui de emballeursdes géants comme le brésilien JBS ou l’américain Tyson Foods qui contrôlent souvent les abattoirs et qui vendent la viande aux consommateurs.
Initialement, les parcs d’engraissement étaient situés dans le Ceinture de maïs et les grands abattoirs étaient à Chicago. Mais au tournant des années 1960 et 1970, toute cette industrie s’est déplacée vers les contreforts des Rocheuses, du nord du Texas jusqu’à la frontière canadienne. Les abattoirs sont aujourd’hui largement intégrés dans parcs d’engraissement dans une logique de rationalisation économique. Cela permet aux géants du marché de contrôler la quasi-totalité de la chaîne de production, à l’exception du maillon de mise bas, et d’engranger des profits considérables : les États-Unis sont en effet encore aujourd’hui le premier exportateur mondial de viande bovine. le monde, principalement au Japon, en Corée du Sud et en Chine.
Cependant, ce modèle économique repose sur une exploitation intensive des ressources naturelles, notamment de l’eau qui est pompée dans la nappe aquifère d’Ogalla, qui s’épuise progressivement. De plus, les éleveurs sont exposés aux risques climatiques. Les récentes sécheresses qui ont entraîné un déclin historique du cheptel américain ne pourraient être qu’un avant-goût de ce qui attend les éleveurs dans les années à venir.
Hélène au pays des 50 états Écoutez plus tard
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Focus : Les Etats-Unis, premiers promoteurs de la « viande cellulaire »
Avec Jean-François Hocquettedirecteur de recherche à INRAE, président de l’Association française de zootechnie, membre correspondant de l’Académie française d’agriculture.
En juin 2023, les États-Unis ont autorisé la commercialisation de « viande cultivée », produite en laboratoire à partir de cellules souches animales. Ce type de produit n’est actuellement commercialisable que par quatre sociétés, dans trois pays : Israël, les États-Unis et Singapour. Pionniers de l’élevage intensif, les Etats-Unis sont également pionniers dans la production de cet aliment cellulaire, dont l’impact potentiel sur l’environnement fait encore aujourd’hui débat.
Le Meilleur des Mondes Écoutez plus tard
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Référence sonore
Chanson : Alela Diane -« Le fusil » (2006)
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