Évaluation des transferts aux services d’urgence depuis les centres de soins d’urgence : aperçu de l’intégration des ambulanciers paramédicaux aux soins de santé subaiguës

Introduction

Les services d’urgence (SU) canadiens font face à une crise généralisée. Dans diverses régions du Canada, les hôpitaux ont été contraints de fermer leurs services d’urgence, ou des services particuliers, pendant un certain temps.1 La pénurie de personnel de santé et l’augmentation des visites contribuent à ce phénomène, conduisant tous à une calamité dans le domaine des soins de santé avec un surpeuplement important des services d’urgence.2–4 L’Ontario est un bon exemple, signalant ses temps d’attente les plus élevés jamais enregistrés pour voir un médecin des urgences (2,1 heures) et le temps d’admission à partir de l’urgence (20,1 heures).5

De nouveaux modèles de soins sont prioritaires pour réduire la surpopulation des services d’urgence et accroître l’intégration avec les services de soins primaires. L’utilisation d’ambulanciers paramédicaux pour transporter les patients non urgents vers des centres de soins d’urgence au lieu des services d’urgence est probable, bien que l’on sache peu de choses sur les patients qui pourraient convenir.6 Il y a peu de recherches pour éclairer ce nouveau modèle de soins de direction paramédicaux, car les ambulanciers paramédicaux canadiens se transportent exclusivement aux urgences. Une redirection inappropriée vers le service d’urgence pourrait entraîner de moins bons résultats pour la santé et retarder les soins pour des conditions cliniques urgentes, et entraînerait probablement un transfert interétablissement vers un service d’urgence. Pour soutenir le triage des patients dans la communauté et l’élaboration future d’un protocole de redirection, nous avons évalué les associations entre les caractéristiques des patients et les transferts interétablissements des soins d’urgence aux urgences.

Méthodes

Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective basée sur la population en analysant les dossiers administratifs de la base de données du Système national d’information sur les soins ambulatoires (SNISA). Tous les patients adultes (≥18 ans) triés dans un centre de soins d’urgence de l’Ontario entre le 1er avril 2015 et le 31 mars 2020 ont été inclus ; représentant la période de 5 ans la plus récente avant la pandémie de COVID-19. Le SNISA est une base de données administrative sur les soins ambulatoires en milieu hospitalier et communautaire qui recueille des données sur les soins d’urgence et les visites à l’urgence de chaque patient au moment du service.7

Toutes les caractéristiques des patients inclus dans cette étude ont été mesurées et enregistrées lors de la visite de soins d’urgence et sélectionnées en fonction de la littérature antérieure, du jugement clinique et de la disponibilité des données.8 9 Les caractéristiques comprennent le sexe, l’âge, l’accès aux soins primaires, l’acuité du triage, la source d’aiguillage, les comorbidités, la catégorie de diagnostic principal, l’emplacement géographique et le résultat de la visite. Les variables ont été regroupées en catégories ordinales pour faciliter la stabilité du modèle lorsque les données étaient non continues et de petite taille (<3 % de la cohorte). L'acuité au triage a été attribuée à l'aide de l'Échelle canadienne de triage et d'acuité (ÉTG); une échelle ordinale allant de 1 à 5.dix Les diagnostics principaux ont été attribués par le médecin traitant à l’aide de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, 10e révision. Les comorbidités ont été enregistrées en tant que diagnostics préexistants au moment de la visite et comprenaient l’hypertension, le diabète, la maladie pulmonaire obstructive chronique, l’asthme, la polyarthrite rhumatoïde, l’insuffisance cardiaque congestive, les maladies intestinales et le cancer. La source de référence est le service qui a référé le patient à un centre de soins d’urgence, y compris les soins ambulatoires (c’est-à-dire les cabinets de médecins, les cliniques spécialisées) ou l’auto-référence (le patient se réfère lui-même).

Des statistiques descriptives ont été rapportées à l’aide de mesures de fréquence et de proportions. Une régression logistique binaire multivariable a été utilisée pour calculer les associations indépendantes entre les caractéristiques des patients et le résultat d’une visite de transfert à l’urgence. Les résultats ont été rapportés sous forme de RC non ajustés et ajustés de chaque caractéristique avec les IC à 95 % correspondants. Les OR ajustés ont été utilisés pour calculer la différence de risque absolue (DR) avec des IC à 95 %.

Résultats

Tableau 1 présente les statistiques descriptives et les analyses de cette étude. Notre cohorte contenait 1 448 621 visites de soins d’urgence, avec 1 368 323 (94,5 %) visites sorties, 63 343 (4,4 %) transférés aux urgences et 16 995 (1,2 %) autres résultats de visite. Dans l’ensemble, la majorité des visiteurs étaient des femmes (57,4), plus jeunes (18 à 64 ans, 78 %) et triés avec une acuité urgente ou moins urgente (37,7 % ; 44,8 %).

Tableau 1

Statistiques descriptives, associations non ajustées et ajustées et différences de risque absolu entre les caractéristiques des patients et les visites de soins d’urgence transférées au service des urgences (SU) en Ontario, Canada, du 1er avril 2015 au 31 mars 2020

Les visites de soins urgents transférées au service des urgences étaient indépendamment associées au sexe féminin (OR 1,18, IC à 95 % 1,16 à 1,20), à l’âge avancé (40 à 64 ans, OR 1,38, IC à 95 % 1,35 à 1,41 ; 65 à 105 ans, OR 2,29, IC à 95 % 2,23 à 2,35) et une acuité de triage plus élevée (ETG 1 ou 2, OR 14,27, IC à 95 % 13,45 à 15,12 ; ÉTG 3, OR 4,24, IC à 95 % 4,01 à 4,49). Les chances d’être transféré dans un service d’urgence augmentaient avec le nombre de comorbidités (OR 1,07–1,51). Quatre catégories de diagnostics ont montré une association significative avec les transferts au service d’urgence, y compris les maladies du système digestif (OR 4,82, IC à 95 % 4,66 à 4,98) et du système génito-urinaire (OR 1,25, IC à 95 % 1,19 à 1,30). Dans l’ensemble, l’aire sous la courbe caractéristique de fonctionnement du récepteur était de 0,84, ce qui confirme que ce modèle ajusté est un excellent classificateur des caractéristiques des patients.11

Discussion

Nos résultats indiquent que les caractéristiques des patients facilement disponibles étaient indépendamment associées aux transferts interétablissements entre les soins d’urgence et l’urgence. Nous identifions que l’acuité médicale émergente, l’âge avancé, la multimorbidité et les diagnostics distincts pourraient indiquer que ces patients nécessitent une prise en charge clinique au-delà des ressources des centres de soins d’urgence. Ces caractéristiques sont cohérentes avec la littérature décrivant les caractéristiques cliniques et non cliniques liées aux visites essentielles aux urgences.12 13 Nous postulons que d’autres facteurs absents de cette étude pourraient être responsables des transferts à l’urgence, y compris un temps de procédure plus long, le besoin d’imagerie diagnostique avancée et les visites aux centres de soins d’urgence près des heures de fermeture.

La grande majorité des patients visitant un centre de soins d’urgence ont des conditions de faible acuité, dont seulement une infime proportion sont transférées à un service d’urgence. Ces données étayent l’argument selon lequel les centres de soins d’urgence ont la capacité de gérer efficacement les conditions de type soins primaires. L’identification de cette cohorte de patients dans la communauté par les ambulanciers paramédicaux pourrait réduire l’encombrement des services d’urgence s’ils étaient transportés directement vers les centres de soins d’urgence.8 Nos résultats peuvent éclairer les futurs protocoles de redirection des ambulanciers paramédicaux pour cibler les patients plus jeunes présentant des conditions de faible acuité qui sont relativement sains pour être redirigés d’un service d’urgence vers un centre de soins d’urgence. Les adultes plus âgés et les patients présentant des conditions diagnostiques spécifiées détaillées dans cette étude ont probablement besoin d’imagerie médicale non disponible dans les soins d’urgence. De plus, ces patients peuvent avoir des conditions plus complexes ou des syndromes gériatriques, des conditions difficiles à différencier dans la communauté ou des soins d’urgence, et nécessiter des soins plus définitifs à l’urgence.14 Compte tenu des récentes annonces des représentants des politiques de santé au Canada concernant la mise en œuvre de nouveaux modèles de soins de transport paramédicaux, ce travail est à la fois opportun et important pour aider à stabiliser le système de santé.15 Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les patients triés à faible gravité transférés au service des urgences et pour explorer les centres de soins d’urgence comme moyen d’intégrer les patients avec plus de soins primaires.

Conclusion

Les ambulanciers paramédicaux redirigeant les patients des services d’urgence vers les centres de soins d’urgence représentent une stratégie pragmatique pour réduire l’encombrement et la congestion des services d’urgence. Pour éclairer l’élaboration d’un protocole d’un modèle de soins de réorientation, nous identifions que des caractéristiques spécifiques des patients d’âge avancé, d’acuité de triage plus élevée, de multimorbidité et de certains diagnostics étaient associées au transfert vers un service d’urgence à partir de centres de soins d’urgence, présentant un sous-groupe de patients qui peuvent ne pas être adapté.

Déclarations d’éthique

Consentement du patient à la publication

Approbation éthique

La collecte et l’utilisation par l’ICES des données ambulatoires secondaires du SNISA sont autorisées en vertu de l’article 45 de la Loi sur la protection des renseignements personnels sur la santé (LPRPS) de l’Ontario en tant qu’entité prescrite, qui est exemptée de l’examen par un comité d’éthique de la recherche. L’utilisation des données de cette étude est autorisée en vertu de l’article 45 et approuvée par le Bureau juridique et de confidentialité de l’ICES.

Remerciements

Cette étude a été appuyée par l’ICES, qui est financé par une subvention annuelle du ministère de la Santé de l’Ontario (MOH) et du ministère des Soins de longue durée (MLTC).

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