Depuis quelques décennies, le bien-être des animaux est devenu une priorité pour la population, ce qui a poussé les zoos à évoluer, autant dans les conditions de captivité que dans les pratiques. Le magazine 15 minutes vous emmène dans les coulisses du zoo de Servion (VD).
Ce lundi matin, Pierre Ecoffey, biologiste du zoo, entre dans l’enclos des petits primates pour y installer des sacs de jute attachés à une corde. “On a mis des petites noix dans du foin et on voit qu’ils cherchent à taper sur le sac et à mordre. L’objectif est de créer de la frustration et de les stimuler pour qu’ils cherchent comment faire.” Ces nouvelles pratiques appelées “enrichissement” visent à développer la créativité des animaux comme ils le feraient dans la nature et à rompre l’ennui.
Dans leur enclos, les deux petits capucins s’élancent de branche en branche, intrigués par la présence du biologiste. “Il y a 60 ans, c’étaient des cages en carrelage avec des murs blancs, faciles à nettoyer, avec des perchoirs”, explique Pierre Ecoffey.
“Aujourd’hui, on ne cherche plus l’hygiénisme, on a un sol en terre, avec des plantes naturelles, on a même un écosystème qui se crée avec des vers, des cloportes et on a un meilleur état de santé des animaux”, ajoute le spécialiste.
Le principe de la captivité
À Berne, la fosse aux ours a été longtemps l’objet de plaintes en Suisse et à l’étranger avant que la ville ne repense totalement, en 2009, les conditions de captivité de ses animaux.
Mais pour Vera Weber, directrice de la Fondation Franz Weber, la question de la captivité se pose malgré tout : “On enseigne aux enfants que la domination de l’homme sur l’animal est toujours acceptable, alors que les zoos devraient être au service de l’animal.”
À ses yeux, les zoos doivent poursuivre leur évolution et “pourraient devenir des centres de réhabilitation ou de réintroduction d’espèces indigènes menacées, voilà ce qu’un zoo devrait devenir au XXIe siècle.”
Divertissement et sensibilisation
Les zoos suisses attirent chaque année plus de cinq millions de visiteurs. S’ils restent des lieux de divertissement pour le public, ce n’est plus leur seule mission, souligne Roland Bulliard, le directeur du zoo de Servion. “Les zoos permettent aussi d’étudier les animaux, de mieux les comprendre pour leur donner les meilleurs soins vétérinaires et cela permet peut-être d’apporter des soins aux animaux dans la nature dans des régions où ils en auraient besoin.”
Après plus de 40 ans à la tête du zoo, Roland Bulliard s’apprête à passer le relais à ses filles. Comment le zoo va-t-il évoluer ces prochaines années ? L’objectif principal, assure la famille, reste le bien-être des animaux : “On va encore agrandir les enclos sans augmenter le nombre d’espèces, mais on ne peut pas toucher à la forêt, ni aux terres agricoles, alors on est un peu coincé en Suisse pour s’agrandir.”
D’après le rapport sur les zoos de la Protection suisse des animaux, les parcs animaliers respectent les standards en matière de bien-être animal. Vera Weber reconnaît aussi les efforts accomplis par les zoos ces dernières décennies. Il y a 50 ans, l’humeur et les besoins psychosociaux des animaux n’étaient pas au cœur des préoccupations. Néanmoins, estime la militante, “un éléphant en Suisse n’aura jamais autant de place que dans la savane.”