Expert américain sur Gaza : les États-Unis craignent un nouveau front

Expert américain sur Gaza : les États-Unis craignent un nouveau front

ALLIÉS : Bien que le président américain Joe Biden soit politiquement loin du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Biden a apporté son plein soutien à la guerre à Gaza. Photo : Miriam Alster/AP/NTB

Le soutien continu du gouvernement Biden à Israël est motivé par la crainte d’une guerre plus grave, selon l’un des plus grands experts américains.

vendredi 7 juin à 16h43

La version courte

  • Le gouvernement Biden soutient Israël par crainte d’une guerre plus grave, explique l’expert Aaron David Miller.
  • Les États-Unis font pression sur Israël pour qu’il conclue un accord de paix, mais ne réduisent pas leur soutien militaire.
  • La relation entre Biden et Netanyahu est qualifiée de « rompue » en raison d’une crise de confiance.
  • La peur d’une guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait guider la politique américaine.

Vis mer

Après plus de six mois de soutien total à la guerre menée par Israël à Gaza, les États-Unis ont mis tout leur poids pour mettre en place un accord de paix.

Mais la pression pour amener Israël à se retirer ne va pas si loin que les États-Unis utilisent le moyen de pression ultime : la réduction de la coopération militaire.

L’un des plus grands experts américains du Moyen-Orient, Aaron David Miller, estime que cela va continuer ainsi.

– Les relations du gouvernement américain avec Israël sont caractérisées par la colère et la frustration, mais la volonté d’imposer des coûts à Israël n’est toujours pas présente, explique Miller.

A LIRE AUSSI : Demander à Biden de mettre fin à la guerre : – ⁠ C’est notre chancer

EKSPERT : Aaron David Miller Photo : Carnegie Endowment for International Peace

L’historien et expert du Moyen-Orient a été pendant 20 ans conseiller des ministres des Affaires étrangères américains et négociateur dans le conflit entre Israël et la Palestine.

Miller qualifie de « rompue » la relation entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

– Biden comprend que Netanyahu a changé, qu’il cherche désespérément à conserver le pouvoir et qu’il est prêt à prendre de gros risques, dit Miller.

– Une crise de confiance est survenue entre eux. Mais Biden et son gouvernement souhaitent également maintenir un partenariat fonctionnel avec le gouvernement israélien.

Il estime que l’administration Biden continuera de faire pression sur Israël, mais n’ira pas jusqu’à retirer son soutien militaire.

A lire aussi : Le problème israélien de Joe Biden : – Pas d’issue

Aaron mentionne trois raisons qui peuvent expliquer la politique américaine envers Israël :

  • Le président Biden est personnellement très pro-israélien. Aaron a travaillé pour Bill Clinton et George W. Bush et considère Biden comme davantage motivé par sa vision personnelle du conflit.
  • Bien qu’une partie du Parti démocrate soit en désaccord avec la politique israélienne, la majorité soutient la ligne de Biden. Et les républicains aimeraient jouer un rôle plus pro-israélien, ce que Biden veut éviter.
  • L’objectif des États-Unis est un accord négocié que les deux parties peuvent accepter, comme point de départ d’une solution durable. Afin d’amener le cabinet de guerre israélien à soutenir le plan, les États-Unis doivent maintenir leur soutien.
  • – Le Hamas acceptera-t-il l’accord existant, sans formuler de demandes reconventionnelles ? Et l’ensemble du gouvernement Netanyahu soutiendra-t-il un accord ? Les deux parties sont très incertaines.

    A lire aussi : – Le Moyen-Orient est une région brisée et furieuse

    SOUFFRANCES ÉNORMES : Comme dans toutes les guerres, ce sont les civils, et en particulier les enfants, qui souffrent le plus à Gaza. Photo : AFP

    Miller souligne que la base d’un accord de paix est faible :

    – Le gouvernement israélien estime que la guerre concerne l’existence de l’État, tandis que les dirigeants du Hamas se battent pour sa vie.

    Dans le même temps, les parties opposées se caractérisent par les horreurs de la guerre. Il n’y a pratiquement aucune volonté de faire des compromis.

    – La guerre a commencé par une tuerie extrêmement brutale et une attaque terroriste du Hamas. La guerre d’anéantissement d’Israël est motivée par des pensées de vengeance. Les souffrances ont traumatisé les deux parties à la guerre.

    HOMMES DÉSPÉRÉS : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se bat pour sa vie politique, et le chef du Hamas Yahya Sinwar se bat littéralement pour sa vie. Photo: MAHMUD HAMS / AFP

    Miller estime qu’il existe une confiance excessive dans ce que les États-Unis peuvent réaliser.

    – Le Moyen-Orient est l’endroit où les plans américains de guerre et de paix vont mourir. La communauté internationale échoue dans les massacres au Soudan, en Ukraine, en Syrie et au Congo. On ne peut pas dicter la paix.

    Miller reçoit toujours des briefings de la Maison Blanche, car il est très fréquemment utilisé comme expert par les médias américains.

    – Ce que j’apprends, c’est que l’administration Biden n’a pas de réponses au plus gros problème : le Hamas ne disparaîtra pas et ne se laissera pas vaincre.

    A lire aussi : C’est pourquoi les États-Unis soutiennent la guerre d’Israël

    Miller affirme que le gouvernement américain craint en même temps qu’un arrêt des livraisons d’armes à Israël n’entraîne quelque chose de plus dangereux :

    – La plus grande crainte à Washington est qu’une guerre à grande échelle éclate à la frontière entre Israël et le Liban, au nord. Si Israël et le Hezbollah se lancent dans une guerre à grande échelle, alors les souffrances de Gaza seront oubliées, dans une guerre qui pourrait devenir si dangereuse que les États-Unis y seraient directement entraînés.

    2024-06-07 17:43:01
    1717776683


    #Expert #américain #sur #Gaza #les #ÉtatsUnis #craignent #nouveau #front

    Facebook
    Twitter
    LinkedIn
    Pinterest

    Leave a Comment

    This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.