Exposition prolongée au soleil avec un maillot de bain sombre : un risque de brûlures pour les femmes ayant eu une reconstruction mammaire

Exposition prolongée au soleil avec un maillot de bain sombre : un risque de brûlures pour les femmes ayant eu une reconstruction mammaire

Plusieurs cas de brûlures au troisième degré chez des femmes ayant subi une reconstruction mammaire par prothèse ont alerté les médecins. À chaque fois, les femmes portaient un maillot de bain sombre…

« J’étais sur la plage, je suis allée prendre une douche et j’ai vu une énorme brûlure de 10 centimètres de large et 4 centimètres de hauteur sur mon sein. Je ne m’en suis pas rendu compte avant de me regarder dans le miroir alors que quiconque s’en serait aperçu bien avant ». Comme Marie*, le combat des femmes ayant surmonté la dure épreuve du cancer continue… au soleil. Après avoir subi une ablation d’un sein, voire des deux, puis une reconstruction complète avec prothèses, ces patientes sont en effet plus vulnérables au risque de graves brûlures en cas d’exposition prolongée. « Puisque c’est un risque qu’on ne connaissait pas il y a encore quelques années, les spécialistes ne prévenaient pas les patientes, qui nous le reprochent à juste titre », explique le Dr Isabelle Sarfati, chirurgienne plasticienne spécialisée dans la chirurgie des seins. Aujourd’hui, nous le savons et il est important d’en parler !

Après une mastectomie, c’est-à-dire une ablation complète du sein malade, de nombreuses femmes demandent une reconstruction. Plusieurs méthodes leur sont proposées, dont la pose de prothèses mammaires. Néanmoins, bien qu’il s’agisse d’une opération fréquente et qu’il n’y ait pas de contre-indication à s’exposer au soleil avec des prothèses, il existe une circonstance où le soleil peut devenir un danger : le port d’un maillot de bain sombre couplé à une exposition prolongée.

Contrairement aux teintes claires, les couleurs sombres attirent fortement la chaleur. Or, les prothèses sont placées juste sous la peau et le muscle pectoral, ce qui, lors d’un long bain de soleil avec un maillot noir, bleu foncé ou encore marron, peut concentrer la chaleur au niveau du sein reconstruit et donc augmenter le risque de brûlure. « Il y a une très faible épaisseur, de moins d’un centimètre, entre la prothèse et la peau. En cas d’exposition avec un maillot foncé, celle-ci est alors prise en sandwich par la chaleur concentrée au niveau de la poitrine et la prothèse qui chauffe », explique Isabelle Sarfati. Le problème est que lors d’une mastectomie, la peau est décollée de la glande mammaire et est ainsi rendue insensible. Conséquence ? Les femmes s’exposant au soleil ne ressentent pas la brûlure. Bien souvent, elles ne s’en rendent compte qu’après coup, quand elles retirent leur maillot.

« Une nouvelle cicatrice qui s’ajoute aux autres »

Apparemment, ce risque ne concerne donc que les reconstructions après un cancer du sein et non les femmes ayant eu recours à la pose de prothèses pour des raisons esthétiques. « En France, une quinzaine de cas sont recensés tous les ans. Pour l’instant, aucun ne concernait la chirurgie esthétique », confirme le Dr Sarfati. Une étude parue en 2021 dans la revue scientifique Revue Chirurgie Esthétique et réalisée en collaboration avec les hôpitaux de Paris (AP-HP) a rapporté 28 cas de sévères brûlures chez des femmes françaises, et toutes avaient effectivement subi une reconstruction mammaire après un cancer. Dans le cas précis de la chirurgie esthétique, la brûlure serait évitée par le fait que le sein naturel protège davantage la prothèse située en dessous et que la sensibilité de la peau n’est pas entièrement perdue. Mais ce ne sont que des suppositions, selon les médecins.

Marie, elle, était dévastée à l’idée de faire face à une nouvelle épreuve après avoir constaté les dégâts sur sa peau en rentrant de la plage : « Il a fallu 5 opérations pour une reconstruction complète et enfin tourner la page du cancer. Je n’avais pas besoin d’une autre mauvaise nouvelle ». Son premier réflexe fut d’appeler son chirurgien qui lui a proposé une consultation en urgence. Après examen, elle a été suivie jusqu’à ce que la brûlure se démarque sur la peau, qu’elle sèche et qu’elle forme une croûte, ce qui prend généralement une semaine. Une fois délimitée, la partie de peau brûlée a été retirée puis le sein a été recousu lors d’une opération sous anesthésie locale.

La cicatrisation est longue et nécessite des soins pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il s’agit notamment d’appliquer un pansement hydrocellulaire, une sorte de seconde peau artificielle, sur la plaie et de le changer régulièrement pour accélérer la cicatrisation. « J’ai été opérée en mai et la plaie suinte encore, elle devrait finir de cicatriser d’ici la rentrée prochaine. Je suis rassurée puisque la guérison se déroule bien, mais c’est encore une nouvelle cicatrice qui s’ajoute aux autres », se désole Marie*.

Avoir conscience du risque pour mieux s’en protéger

Si la reconstruction de Marie* a pu être sauvée, d’autres femmes n’ont pas eu cette chance. « Parfois, il arrive que nous ne puissions pas refermer la brûlure, si bien qu’il n’y a pas d’autre choix que de retirer la prothèse », souligne le Dr Sarfati. En effet, si la brûlure est complète, c’est-à-dire qu’elle touche toute l’épaisseur de la peau jusqu’à la prothèse, celle-ci peut s’infecter et nécessiter le retrait. « C’est terrible, car après une longue lutte contre le cancer, une reconstruction plus ou moins laborieuse, la femme perd de nouveau son sein juste pour avoir eu le malheur de rester deux heures au soleil », poursuit la chirurgienne, consciente de la souffrance que cela peut représenter.

Cela ne signifie pas pour autant que les femmes concernées doivent absolument éviter le soleil. Les chirurgiens se veulent rassurants : avoir conscience du risque est déjà un bon début, car cela permet de mettre en place les bons gestes. Entre autres, les médecins conseillent de proscrire les maillots de bain foncés en plein soleil et de les remplacer par des teintes claires. Lors d’une exposition au soleil, il est aussi recommandé de placer un tissu au niveau de la poitrine et, si possible, de l’humidifier régulièrement. « Mettre plus de crème solaire n’a en revanche pas d’incidence, car elle protège des UV et non de la chaleur », avertit Isabelle Sarfati.

*Le nom de la patiente a été modifié.
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