Après deux jours de polémique nationale, la Compagnie Artiflette, a décidé de reporter sine die sa représentation qui devait se jouer mardi à Grenoble.
La polémique avait gonflé au cours du week-end. La programmation d’une pièce de théâtre, soutenue par la ville de Grenoble et portant sur la mixité sociale, intitulée «Les copains d’en bas : comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal ?», a été reportée lundi soir face aux nombreuses critiques. La représentation devait se tenir mardi 9 janvier en présence du maire de Grenoble, Éric Piolle.
La Compagnie Artiflette, à l’origine du spectacle, a publié ce lundi soir un communiqué expliquant ce choix : «Au vu de la cristallisation des tensions et incompréhensions exprimées ces derniers jours sur les réseaux sociaux, nous, l’équipe artistique du spectacle, souhaitons reporter la représentation. À ce stade, jouer nous semblerait contre-productif par rapport au projet initial et à notre désir de créer un dialogue serein dans le quartier.»
«Inspiré d’une histoire vraie»
Cette représentation interactive d’un nouveau genre, créée en 2018 se veut être un spectacle qui vient retracer l’histoire de Ben et Charlotte, un couple de trentenaires, qui ont décidé d’aller habiter dans une cité HLM pour vivre «la fameuse mixité sociale».
Les comédiens de la troupe ont également tenu à souligner ne pas être «à l’origine du bandeau apposé sous notre affiche par l’organisateur, bandeau dont le texte a suscité une polémique». En effet, «comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal ?» a été ajouté par la ville de Grenoble sous l’affiche de cette représentation.
«Notre spectacle est inspiré d’une histoire vraie, vécue par les comédiens. C’est l’histoire d’une tentative de rencontre entre des mondes qui souvent s’ignorent, se méconnaissent. Le spectacle témoigne d’UN quotidien et si chaque habitant du quartier racontait SON quotidien, l’histoire serait différente. (…) Il ne cherche évidemment pas à dire aux habitants comment vivre dans leur quartier !», poursuit le communiqué.
«Quotidien rythmé par des dealers»
Au fil des 1h20 de représentation et du temps d’échange qui s’ensuit, les spectateurs peuvent suivre Ben et Charlotte dans leur rencontre avec Assia, la «voisine marocaine qui leur apporte des couscous fumants», Ken, «une maman malgache pleine de rêves», Bachir, «l’épicier d’en face qui leur fait crédit» ou encore les jeunes «Casquette et Barbichette» qui s’installent dans leur cage d’escalier.
Ce spectacle, qui vise à «dessiner une vérité autre que celle souvent entendue dans les médias», selon le magazine municipal de la ville de Grenoble, fait, selon le site, la chronique «d’un quotidien rythmé par les dealers dans la cage d’escalier».
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Le spectacle, qui indique dans son dossier de presse avoir reçu «une aide à la création» par la Communauté de Communes Le Grésivaudan, est organisé dans le cadre de l’appel à projet de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) en 2019, dont la ville de Grenoble avait été lauréate.
L’objectif de cet appel à projetdoté de plus d’un million d’euros, était de «sélectionner et d’accompagner des initiatives innovantes et ambitieuses de prévention des conduites à risques conduits à l’échelle d’un territoire». Il s’agissait notamment, indique encore le site de la MIDELCA, de «renforcer l’information de tous» verser «changer les représentations ou idées reçues associées aux produits psychoactifs» et provoquer ainsi une «prise de conscience citoyenne». Par ailleurs, les initiatives présentées par les collectivités devaient également viser à «intervenir spécifiquement en faveur des jeunes» pour réduire les comportements à risque, qu’il s’agisse de consommer ou de participer à des trafics de stupéfiants. La ville de Grenoble, ainsi que 13 autres villes avaient été lauréates de cet appel.
«Une gauche qui marche main dans la main avec les dealers»
Une promotion qui n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, alors que certains pointent du doigt une «gauche qui marche main dans la main avec les dealers» sur X (ex-Twitter). «L’argent public doit être utilisé pour combattre les dealers qui pourrissent notre vie», déplore de son côté le syndicat étudiant UNI Grenoble sur le réseau social, «pas pour nous apprendre à vivre avec».
«Comment peut-on mettre fin aux clichés» et au «racisme décomplexé» s’indigne une utilisatrice de X, quand «on parle de copains d’en bas» ? Un autre ironise : «Comment vivre au quotidien les rackets et les violences avec compassion et bienveillance ?»
2024-01-09 01:23:00
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