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Festival de Jerez : la danse comme seul argument | Culture

Festival de Jerez : la danse comme seul argument |  Culture

2024-03-02 15:35:11

Dans un événement comme le Festival de Flamenco de Jerez, consacrée à la danse flamenco et à la danse espagnole, la prédominance d’œuvres dans lesquelles l’exercice de la danse occupe la première place au-dessus des autres arguments est comprise comme quelque chose de naturel. Il y a cependant des occasions où cette ligne est montrée avec plus de centralité et de force, ce qui s’est produit notamment avec certaines des œuvres présentées dans la première semaine d’un cycle déjà arrivé à mi-parcours.

On pourrait commencer par deux œuvres unies par le lien commun de proposer de la danse seule, sans autre compagnie que le chant ou la musique, que ce soit celle de la guitare ou d’autres instruments. Nous faisons référence aux œuvres présentées par Fuensanta la Moneta de Grenade et Joaquín Grilo de Jerez. Des œuvres d’inspiration très différente dans lesquelles les deux artistes ont pris une importance absolue, avec une présence scénique permanente et sans évanouissement, et avec des changements successifs de registres de danse, dans lesquels, il faut le souligner, ils n’ont jamais perdu la personnalité qui les définit.

Tout d’abord, La Moneta s’est tournée vers les compositions de Mauricio Sotelo, si amoureux du flamenco dans ses œuvres brillantes, pour construire un spectacle avec lequel elle voyageait à travers les principaux styles sans perdre son statut d’artiste gitane. L’opposition de sa danse, si ethnique, à la musique aux accents contemporains qui l’accompagnait, constituait un plaidoyer éloquent pour la force d’un art capable de maintenir son identité en dialogue avec une culture et un accompagnement musical peu traditionnel.

Joaquín Grilo lors de son spectacle. TAMARA PASTORA (Fête du Xérès)

Joaquín Grilo, au contraire, s’est tourné vers la tradition pour développer sa syntaxe de danse avec une générosité louable. Il aime la tromperie, une décomposition feinte de la figure, pour montrer sa maîtrise du temps et du compas. A cette occasion, il a eu recours aux métiers liés au flamenco (le champ, la forge, la mine…), qui ont servi de véhicule à une exposition de styles qui se sont succédé sans repos, avec la participation volontaire et la complicité des membres de l’équipe qui accompagnait Grilo. Tout peut être dansé, même une saeta, dans le cadre d’une approche scénique qui, dans son austérité, s’est avérée plus qu’efficace pour le propos.

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Le passage d’une danse personnelle et libre à une danse partagée implique un certain engagement et peut-être plus d’une difficulté supplémentaire, disons chorégraphique ; les mêmes qu’Alfonso Losa et Patricia Guerrero résolvent avec audace, ingéniosité et beaucoup d’art dans une œuvre peut-être destinée à grandir, compte tenu de l’ouverture de son approche et de la solvabilité danseuse de ses protagonistes, qui font preuve d’une compréhension certaine et même complice que , délibérément, ils posent à partir d’un premier jeu d’adversaires. Dans ce que l’on pourrait considérer comme un pas de deux prolongé et en constante évolution, les deux protagonistes exhibent leur individualité pour, petit à petit, se diriger vers une rencontre qui se veut difficile et se met en scène au seul son de leurs pas et de leurs évolutions. Lorsque la confluence se produit, ils jouent pour se fondre dans une synchronie qui n’est qu’apparence, car après la conjonction viendra la joie et la célébration de la liberté qui, après quelques tangos, se matérialise dans la danse festive et différenciée de la guajira. Un nombre infini d’images restent imprimées sur la rétine dans ce qui représente une explosion d’énergie qui inonde la loge nue du théâtre et est projetée sur des gradins fiévreux.

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Fiche de données

Compagnie La Moneta. Liens. Baile : La Moneta. Guitare : José Fermin Fernández. Percussions et espace sonore : Carlos Merino. Clarinette. Chen Halevi. Saxophone : John M. Jimenez. Musique : Maurice Sotelo et José Fermin Fernández. Idée originale et réalisation : La Moneta. Théâtre Villamarta, 25 février.
Compagnie Joaquín Grilo. Louche et étape par étape. Danse : Joaquín Grilo. Chant : José Valencia, Carmen Grilo. Guitares : Francis Gómez, José Tomás. Scénario et mise en scène. Faustino Nuñez, Joaquín Grilo. Direction musicale et composition : Francis Gómez. Théâtre Villamarta, 27 février.
Alfonso Losa et Patricia Guerrero. Alter égo. Danse : Patricia Guerrero, Alfonso Losa. Composition musicale et guitare : Francisco Vinuesa. Chant : Ismael « El Bola », Ángeles Toledano. Direction artistique et chorégraphie : Alfonso Losa & Patricia Guerrero. Accompagnement artistique : Ana Morales. Théâtre Villamarta, 1er mars.

Le Sinsombrero, inspiration flamenco

Mercedes de Córdoba raconte que lorsqu’elle a découvert le groupe de créateurs de la génération de 27 Las Sinsombrero, qu’elle avoue ne pas connaître, elle était en plein processus créatif d’un nouveau projet qu’elle a été obligée d’abandonner. De ce groupe, elle est tombée particulièrement amoureuse de la peintre, sculptrice et écrivaine Marga Gil Roësset, et s’est immergée dans sa personne et son œuvre pour préparer ce qu’elle appelle un essai qui, en plus de l’honorer et de la faire connaître, cherche avant tout à transmettre son engouement pour cette artiste d’une grande précocité et d’un monde intérieur très inquiétant : elle s’est suicidée alors qu’elle n’avait que 24 ans. Ses journaux révèlent que c’était à cause d’un amour impossible, celui qu’il éprouvait pour le poète Juan Ramón Jiménez.

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Mercedes de Córdoba, au Festival de Jerez.
Mercedes de Córdoba, au Festival de Jerez. TAMARA PASTORA (Fête du Xérès)

Pour la présentation, la danseuse a choisi un espace en adéquation avec les conditions de répétition de son travail, un entrepôt vide, avec le public debout, dans lequel elle a installé un espace scénique conçu pour projeter l’œuvre de Roësset. Il a eu la présence et les poèmes de sa nièce, l’écrivain et photographe Marga Clark, avec qui il s’est entretenu au milieu d’un spectacle qu’il a proposé encadré par sa danse, qui est de force et d’essence, et qui, à cette occasion, va au-delà de l’hommage : dans les évolutions de sa danse on perçoit comment l’artiste est transpercée par la personne du créateur de 27, qui l’inspire et l’émeut.

Fiche de données

Mercedes de Cordoue. Infini (avec l’âme à l’extérieur et le corps à l’intérieur). À Marga Gil Roësset.

Essai 1. Travaux en cours du projet OLVIDADAS (A Las Sin Sombrero)

Danse : Mercedes de Córdoba. Composition musicale et guitare : Juan Campallo. Chanter : Jesús Corbacho. Percussions : Paco Vega. Boussole : José Manuel « El Oruco ». Espace sonore : Manu A. Rojas. Espace scénique et vidéo : Antonio Valiente. Scène, direction artistique et chorégraphie : Mercedes de Córdoba.

Avec la collaboration et les poèmes de Marga Clark.

Musées de La Tour de Garde. Chambre Don Jorge. 1 mars.

La danseuse La Moneta, lors de sa prestation au Festival de Jerez.
La danseuse La Moneta, lors de sa prestation au Festival de Jerez.TAMARA PASTORA (Fête du Xérès)

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