Fiche pays du SMIAR : 12 octobre 2023 – Bénin

APERÇU DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

• La production céréalière prévue en 2023 sera supérieure à la moyenne

• Les prix des céréales secondaires augmentent d’une année sur l’autre

• Plus de 412 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë pendant la période de soudure de 2023

La production céréalière prévue en 2023 sera supérieure à la moyenne

Dans les zones de pluies bimodales du sud, la récolte du maïs et du riz pluvial de la campagne principale de 2023 s’est achevée fin septembre. Les conditions météorologiques ont été globalement favorables entre mars et juillet 2023, soutenant les attentes de bons rendements. Les semis de maïs de la deuxième campagne se sont achevés fin septembre.

Dans les zones à pluviométrie unimodale du nord, les quantités de pluie ont été globalement inférieures à la moyenne entre mars et juillet 2023. Les pluies abondantes en août et septembre ont amélioré les conditions d’humidité des sols dans la plupart des zones de production, favorisant l’installation et le développement des cultures de mil, de sorgho et de maïs en 2023. Cependant, les quantités de précipitations ont été inférieures à la moyenne au cours de ces deux mois dans certaines parties de la région de l’Alibori, avec un impact négatif sur le développement des cultures dans certaines zones. Les opérations de récolte viennent de démarrer et se termineront en novembre.

Selon les dernières prévisions météorologiques du Centre Africain des Applications Météorologiques pour le Développement (ACMAD), des précipitations moyennes à supérieures à la moyenne sont attendues entre octobre et novembre sur la plupart des zones de culture, favorisant l’établissement et le développement des cultures de maïs de la deuxième campagne, mais augmentant également le risque d’inondations au moment des récoltes dans les zones du nord du pays.

La production céréalière totale de 2023 devrait s’établir à 2,4 millions de tonnes, soit 6 pour cent de plus que le niveau de l’année précédente et 9 pour cent de plus que la moyenne quinquennale, reflétant une augmentation de la superficie ensemencée ainsi que de bons rendements dus à des conditions météorologiques globalement favorables.

Les prix des céréales secondaires augmentent d’une année sur l’autre

Les prix de détail du maïs produit localement sont restés globalement stables entre janvier et mai 2023, tandis que les prix du sorgho local ont baissé jusqu’à 15 pour cent au cours de la même période. Pendant la période de soudure de 2023, entre juin et août, les prix du maïs et du sorgho ont augmenté d’environ 15 à 25 pour cent dans tout le pays. En août, les prix du maïs étaient en hausse de 10 à 20 pour cent sur un an, tandis que les prix du sorgho étaient 25 pour cent supérieurs à leurs niveaux de l’année précédente.

Les prix élevés des céréales reflètent les prix élevés du carburant et des intrants agricoles, exacerbés par la guerre en Ukraine, qui gonflent les coûts de production et de transport. En outre, les coûts de transport ont augmenté en raison du coût élevé des importations informelles de carburant en provenance du Nigeria, suite à la suppression des subventions aux carburants dans ce pays en mai dernier.

Plus de 412 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë pendant la période de soudure de 2023

Selon la dernière analyse du Cadre Harmonisé (CH), plus de 412 000 personnes seraient confrontées à une insécurité alimentaire aiguë pendant la période de soudure de juin à août 2023, dont près de 10 400 personnes en phase 4 (urgence) du CH. Cela montre une diminution substantielle du nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë par rapport à l’année précédente, où environ 830 000 personnes avaient besoin d’une aide humanitaire. Cependant, cette amélioration pourrait être en partie due aux variations de la couverture géographique entre les analyses de 2022 et 2023.

En février 2022, le gouvernement a mis en œuvre plusieurs mesures visant à améliorer l’accès alimentaire des ménages vulnérables, notamment l’adoption de taxes à l’exportation sur les produits alimentaires de base, l’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les produits alimentaires de base importés et produits localement et réduction des droits de douane sur les produits alimentaires importés. Ces mesures sont toujours en vigueur et devraient le rester jusqu’à nouvel ordre.

La propagation de la violence des groupes armés non étatiques du centre du Sahel vers les régions du nord du pays, principalement les régions de l’Atacora et de l’Alibori, reste une source de vive préoccupation quant à la situation sécuritaire de ces zones. L’insécurité constitue également une menace pour les activités économiques, car les régions du nord sont les principaux producteurs de coton, la principale culture de rente du Bénin.

De nouvelles estimations CH du nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au cours du dernier trimestre 2023 devraient être publiées par le Comité permanent interétatique de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) fin novembre 2023.