«Fier d’avoir rougi la route de Trieste avec mon sang»- Corriere.it

«Fier d’avoir rougi la route de Trieste avec mon sang»- Corriere.it

2023-05-29 09:45:45

De Antonio Cariotti

Le 23 février 1917, au front, le futur dictateur est touché par un éclat d’obus provoqué par l’explosion d’un lance-bombes. une année décisive aussi pour son évolution politique vers le nationalisme

Nous sommes en pleine Première Guerre mondiale, vers 13 heures le 23 février 1917, huit mois avant la défaite de Caporetto. A 144 d’altitude près de Doberd, au sud de Gorizia, des soldats italiens du 11e régiment de Bersaglieri s’entraînent à l’utilisation d’un lance-bombes, un canon Ansen, en effectuant des tirs de réglage. Tout semble aller bien quand soudain une balle éclate à l’intérieur de l’arme, provoquant un déluge d’éclats d’obus.

Le grave accident, cinq Bersaglieri perdent la vie. Parmi les blessés figure un caporal journaliste dans la vie civile et à l’avant il a un Journal de guerre publié par tranches dans le journal dont il est directeur, Il Popolo d’Italia. Benito Mussolini, atteint de nombreux éclats d’obus au visage, dans la région antérieure droite des aisselles et aux deux jambes.

Grâce aussi à son acharnée campagne belliciste, l’Italie intervient dans la guerre contre l’Autriche-Hongrie : les hostilités commencent le 24 mai et le 31 août suivant, le futur dictateur reçoit l’injonction carte postale. Mais il a eu de la chance, car ils l’ont affecté à des zones plutôt calmes du front et en un an et demi dans l’armée, il n’a jamais été engagé dans des combats importantstandis que les troupes italiennes saignaient à mort dans les offensives répétées sur la rivière Isonzo commandées par le commandant en chef, le général Luigi Cadorna.

Comme l’a écrit Mimmo Franzinelli, d’après le journal de guerre, il semble que Mussolini voit la vie militaire à travers des lentilles roses. Se dit à l’aise, décrit une troupe qui fait volontiers son devoir. Dans la correspondance privée, l’image la moins idyllique, les difficultés et l’inconfort émergent. Quelques années plus tard, dans ses entretiens avec Yvonne de Begnac, le Duce rappellera l’expérience du front et admettra l’extranéité du paysan-soldat aux idéaux suprêmes de la guerre. Je parlerai de fusillades inutiles, de décimations épouvantables. Et pourtant le pays plongera dans d’autres aventures guerrières.

Après l’incident, Mussolini a été hospitalisé dans un hôpital de campagne. Le 1er mars 1917, il est rejoint par un rédacteur en chef du Popolo d’Italia, à qui, malgré les douleurs et la forte fièvre, il fait une déclaration des plus combatives: Dire haut et fort que pour le triomphe des idéaux de justice qui guident les armées du Quadruple, j’aurais accepté, sans regrets, un sort encore plus dur. Dis-moi que je suis fier d’avoir rougi la rue de Trieste de mon sang, dans l’accomplissement de mon devoir le plus risqué !

En avril, le blessé est transféré à Milan, où il est confié aux soins du docteur Ambrogio Binda : il y a une photo de lui avec un autre patient, Mussolini toujours en béquilles. Sorti de l’hôpital le 1er août 1917, avec un congé de convalescence de cinq mois, le futur Duce ne reviendra jamais au front probablement aussi grâce à un intérêt des autorités qui le jugent plus utile à son bureau de directeur du Peuple d’Italie, d’où il soutient l’effort de guerre avec une grande énergie.

1917 est une année d’événements cruciaux. En mars, le tsar Nicolas II tombe. En avril, les États-Unis entrent en guerre aux côtés des puissances de l’Entente contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. En août, le pape Benoît XV a défini le conflit actuel comme un massacre inutile. En novembre, Vladimir Lénine et le parti bolchevique prennent le pouvoir en Russie. Mais surtout, quelques jours avant, le 24 octobre 1917, les armées allemande et austro-hongroise percent le front italien à Caporettodans le haut Isonzo, obligeant nos troupes à reculer jusqu’à la Piave.

Pour Mussolini, la défaite de ces jours était un coup douloureux. Il confie à sa sœur Hedwige qu’il préfère mourir que de voir la nation s’effondrer. Mais sa réaction, après la première phase de consternation, a été un raidissement nationaliste et extrémiste. Il Popolo d’Italia pousse toujours plus à droite, qualifie la révolution russe de coup de main inspiré par les Allemands, désigne les combattants comme la seule classe dirigeante possible pour l’avenir de l’Italie. Mussolini est alors réconforté par la résistance acharnée offerte par nos soldats sur la Piave.

Enfin, le 1er août 1918 marque un tournant très significatif d’un point de vue symbolique. Dans l’ours du Popolo d’Italia, le sous-titre Socialist Quotidiano disparaît. A sa place est placée l’inscription Journal des combattants et des producteurs. Mussolini est maintenant à des années-lumière des positions du passé. Il ne croit plus à la lutte des classes, mais à la lutte des peuples pour la domination géopolitique. Faites confiance à la vitalité du capitalisme. Dans la période la plus révolutionnaire de l’histoire du monde – écrit le futur Duce – le socialisme ne bâtit rien, d’une passivité, d’une stérilité effrayante. A la fin de la guerre, il identifiera l’ennemi à abattre chez ses anciens camarades.

29 mai 2023 (changement 29 mai 2023 | 08:45)



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