Film à voir : “Les ours n’existent pas”. Le cas de l’Iran et le sentiment de liberté

Dans un moment historique où les autocraties semblent se renforcer et s’unir en faveur de la cause russe, il est important de s’appuyer sur la force des institutions, mais il est tout aussi important de s’appuyer sur l’art: lueur d’espoir capable de maintenir vivant le sens de la liberté. Une valeur que, même en Italie, certains intellectuels semblent sous-estimer et troquer (voir le pathétique appel à « Une négociation crédible pour arrêter la guerre »).

C’est pourquoi nous vous recommandons de regarder le nouveau film du grand réalisateur iranien Jafar Panahi, une réflexion calme mais très puissante sur le vrai sens de la liberté. Tout en restant toujours sur la piste de la comédie (avec des tonalités bon enfant sans place à l’hystérie), le film traite de thèmes forts et la dérive liberticide iranienne est racontée sans rabais et sans échappatoires réconfortantes. Le drame se joue, les frustrations se succèdent, l’impossibilité de changement rend le contexte claustrophobe.

Le réalisateur nous entraîne une fois de plus dans le labyrinthe de régime iranien et il le fait de l’intérieur (car il est interdit de dépaysement) avec l’usage de son art, celui du cinéma et des images qui s’interpénètrent dans ce film – dans l’histoire de deux histoires d’amour – dans une sorte de boîtes chinoises où les les frontières entre réalité et fiction (et fiction dans la fiction) n’existent plus. Le régime bouleverse tout, n’épargne rien, l’art du cinéma tente de résister et Panahai s’y met tout entier, à la fois en tant qu’acteur et en tant que réalisateur, pour hisser l’étendard de la liberté.

Il y a aussi d’autres grands thèmes qui ressortent de cette comédie dramatique : la cohérence (du protagoniste) qui ne renonce jamais à franchir la frontière même quand (peut-être) il le pouvait ; les traditions (même les plus archaïques et “hostiles” au bon sens) dans lesquelles on s’abrite presque comme pour renforcer son armure de protection contre le régime. Bref, un travail qui méritait Prix ​​Spécial du Jury à la 79ème Exposition Internationale de l’art cinématographique Venise; Malheureusement, cependant, le réalisateur Jafar Panahi n’a pas pu assister à la cérémonie car il a été arrêté en juillet 2022 et condamné à six ans de prison pour propagande contre le gouvernement iranien.