2024-09-11 18:05:47
Près de deux mois après le vote du 7 juillet, Macron a enfin nommé un nouveau Premier ministre. Cette décision confirme le mépris total de l’Elysée pour les résultats du second tour des élections législatives anticipées. Non seulement Michel Barnier lui offre toutes les garanties pour poursuivre la même politique autoritaire d’austérité et de destruction sociale, mais sa position anti-immigration est une promesse envers le Rassemblement National. Maintenant, nous allons assister à la poursuite de la politique de Macron, mais sous le contrôle du RN !
Par Michaël Lenoir – Groupe de supporters LITCI en France
Le 26 août, Macron avait déjà officiellement rejeté la nomination de Lucie Castets, proposée comme Premier ministre par le NFP. Depuis, les concertations se multiplient, mais le siège de l’Elysée croule dans l’incertitude, sans solution alternative. Ces derniers jours, les deux prétendants les plus cités, Bernard Cazeneuve (ancien ministre de Hollande, droite du PS) et Xavier Bertrand (LR), semblaient certains d’être expulsés par une motion de censure à l’Assemblée, votée dans les deux cas. par le PFN et le RN. Proposée notamment par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, la figure de Michel Barnier est également issue de la droite classique, LR… Mais ce nom, contrairement à celui de Xavier Bertrand, fait l’objet d’une plus grande bienveillance de la part de Marine. Le Pen. La plupart des infirmières semblent considérer que Barnier « respecter le RN “et ne traite pas ses élus” comme des victimes de la peste ” [1]. Contrairement à ce qu’avait annoncé le RN, en cas de nomination au sein du PFN, Cazeneuve ou X. Bertrand, le groupe RN ne devrait pas opter d’emblée pour une censure automatique et « attendra la déclaration de politique générale pour se positionner ” [2]. Cela a été interprété par Macron comme un feu vert du RN à la nomination de Barnier.
Coalition tacite Macron – LR – RN
Barnier est un homme politique de droite expérimenté. Parlementaire puis ministre à quatre reprises, il adopte des positions réactionnaires : opposé à la décriminalisation de l’homosexualité en 1981 ; mais aussi beaucoup plus récemment. Bonne assurance pour commencer. Contre « l’assistance » aux pauvres et aux chômeurs, avec Wauquiez. Et aussi sur les flux migratoires, notamment pour les primaires LR 2021, lorsqu’il demandait un “moratoire” sur l’immigration, le rétablissement de la double incrimination et le renforcement du regroupement familial.
Une caractéristique importante de Barnier est qu’il est une figure importante de l’UE, à laquelle il a consacré une grande partie de sa carrière politique : il a construit et renforcé ses structures néolibérales, en tant que commissaire à la politique régionale de 1999 à 2004, puis commissaire à l’intérieur. Marchés et Services de 2010 à 2014, avant d’être nommé négociateur en chef de l’UE pour le Brexit. Elle se trouve donc au centre des mécanismes néolibéraux et antipopulaires de l’UE. Le seul point sur lequel il a contredit sa politique est justement sur la question de l’immigration, où on l’a vu faire cause commune avec Viktor Orbán, le président hongrois, pour désobéir aux règles de l’Union en matière de droits de l’homme afin de créer un bouclier migratoire en France. [3].
L’élection d’un tel profil constitue une main tendue par Macron au RN, au moins pour éviter sa censure à l’Assemblée et maintenir les possibilités d’une certaine pérennité. Et c’est en même temps un gage de continuité de la politique menée depuis 2017. L’élection de Barnier est même l’expression d’une coalition qui ne dit pas son nom entre la Macronie, LR et RN. Ainsi se forme un bloc d’extrême droite, dont les différences programmatiques s’estompent de plus en plus, et dont le socle commun est la poursuite de l’offensive antisociale, la montée de l’hostilité envers les immigrés, sans oublier le maintien d’une politique militariste et colonialiste.
Très probablement, nous devrons très bientôt lutter contre de nouvelles mesures anti-immigration, mais aussi contre la politique d’austérité souhaitée par Barnier, nous opposer au plan d’ajustement budgétaire de l’UE, lutter pour que le budget militaire soit transféré aux services publics, etc. Sans doute l’autoritarisme et la répression macronistes – qui frappent si cruellement les gilets jaunes, la jeunesse des banlieues, etc. – aura tendance à empirer avec un gouvernement comme celui-ci. Il en va de même pour la brutalité colonialiste : la solidarité avec Kanaky va nous occuper ! – ainsi que le soutien aux sionistes génocidaires à Gaza et en Cisjordanie. Ce gouvernement, ennemi des travailleurs, des jeunes, des migrants, des peuples colonisés, doit désormais être combattu dans la rue !
Ce bloc politique de facto permet au RN d’accéder au pouvoir, pour l’instant indirectement. Pour un camp présidentiel qui mettait en avant le « front républicain » contre l’extrême droite, c’est plutôt fort ! Mais cela n’a rien d’étonnant si l’on comprend que Macron a dissous l’Assemblée pour placer le RN au gouvernement !
Cette « démocratie » est une farce ! Derrière Macron, il y a du gros capital !
Résumons brièvement la situation politico-institutionnelle à laquelle nous sommes parvenus. Macron choisit comme Premier ministre un homme politique issu d’une force politique qui, avec ses 47 députés et 5,41% des voix obtenues au second tour des élections législatives, ne constitue que le quatrième bloc à l’Assemblée. Macron a pris cette décision parce que la troisième force, le RN et ses alliés « ciottista », ne lui semblaient pas immédiatement hostiles, et que l’Elysée avait la ferme volonté de suivre à tout prix la politique générale suivie par le camp présidentiel, non autorisé dans le pays. dans la rue et dans les urnes, et qui ne représente désormais que le deuxième bloc. Il veut également éviter de nommer la personne proposée par le NFP, le premier bloc de la Chambre des députés, à la tête du gouvernement. Dans de nombreuses démocraties bourgeoises, le choix serait tombé d’abord sur le bloc politique le plus fort, et non sur le quatrième. En macronie, non Selon un sondage publié par BFMTV le 6 septembre, 74% des Français considèrent que Macron n’a pas respecté les résultats des élections législatives du 7 juillet. 55% sont d’accord avec Jean-Luc Mélenchon, qui affirme qu’Emmanuel Macron a “officiellement nié le résultat des législatives” et qu’il “a volé les élections aux Français”.
Cette nouvelle situation n’est pas seulement le résultat de la psychologie de Macron. Certes, son arrogance et son déni systématique de la réalité font de lui un fou. Mais leurs actions se nourrissent des traits autoritaires de la Ve République, une « démocratie » des riches qui devient de plus en plus une farce. Au-delà de la Ve République, le véritable pouvoir dans cette société est celui du grand capital.
Si le personnel politique en place ne fait plus correctement son travail de son point de vue, les milliardaires et les patrons du CAC 40 trouveront des remplaçants. De ce point de vue, on assiste depuis peu à un double phénomène : d’une part, l’idée d’un départ de Macron de l’Elysée, évoquée notamment après la candidature d’Edouard Philippe aux prochaines élections présidentielles, n’est plus un tabou. . En revanche, le Medef n’a pas tardé à exiger le maintien d’une politique favorable aux entreprises et a chaleureusement remercié Bruno Le Maire pour son action à Bercy. [4].
Expulser Macron est une nécessité démocratique élémentaire et constitue une barrière qu’il faut briser de toute urgence !
Aucune confiance dans les institutions ni dans le PFN !
La situation actuelle est également une conséquence des décisions prises par les directions politiques et syndicales majoritaires du mouvement social. Sa tendance permanente à vouloir résoudre la crise et la polarisation sociale par des moyens institutionnels – et notamment le soi-disant « front républicain » – n’arrête pas l’extrême droite, elle change seulement les modalités de sa montée : en tête du parti politique bloc qui est implémenté, le programme appliqué sera celui qui accepte le RN.
Le NFP pourra voter toutes les motions de censure qu’il souhaite, mais le véritable juge de la politique suivie par le gouvernement Barnier sera le RN. Pour vaincre les nouvelles attaques du pouvoir et, a fortiori, obtenir des mesures favorables aux travailleurs et aux classes populaires et des avancées démocratiques, seules la rue et la lutte populaire peuvent changer la donne.
Nous ne devrions pas faire confiance aux dirigeants des NFP et aux parlementaires. Une faction de cette coalition semble déterminée à contester l’élection antidémocratique de Macron et a appelé à manifester ce samedi, ce qui est exact. Il faudra observer l’impact de cette mobilisation, qui en aucun cas ne s’arrêtera là. Mais à part LFI et quelques autres, qui veulent combiner censure parlementaire, lutte institutionnelle pour le destitution de Macron et mobilisation de rue, le reste du NFP, avec le PS aux commandes, semble vouloir uniquement mener une contestation strictement parlementaire. contre le coup d’État de Macron.
Organisons-nous à partir de zéro !
La classe ouvrière, les quartiers populaires, la jeunesse, ont un besoin urgent de s’organiser depuis la base pour remporter tous nos objectifs, avec une politique d’indépendance de classe contre toutes les voies bourgeoises. La dynamique d’une telle organisation irait également au-delà d’une mobilisation pour renverser Macron et respecter les résultats des élections. Pour avancer dans cette direction, nous pouvons profiter des expériences récentes.
L’histoire ne sert jamais deux fois les mêmes plats, mais l’expérience d’un mouvement populaire démocratiquement contrôlé par le bas peut s’appuyer notamment sur les réalisations des gilets jaunes. Un tel mouvement, auto-organisé et fondé sur l’indépendance de classe, bénéficierait sans aucun doute de l’association des assemblées citoyennes locales et de celles basées sur les lieux de travail. Toutes les forces, politiques ou autres, qui prétendent représenter les intérêts populaires, notamment celles qui constituent le NFP, doivent leur rendre des comptes.
Mais il ne suffit pas d’exiger. Pour gagner, il faut aussi préparer un vaste mouvement de grève.
Préparez-vous à la grève générale !
L’année dernière, nous avons connu une longue vague de lutte contre l’obligation de Macron de travailler pendant deux ans supplémentaires. Elle n’a pu s’imposer qu’à travers le 49.3, la répression et la stratégie pourrie des journées d’action à laquelle la direction syndicale reste attachée. Ni le NFP ni LFI ne remettent en cause cette stratégie.
Aujourd’hui, cette question est toujours d’actualité. Mais soyons réalistes : si nos ennemis de classe ne craignent pas les « journées d’action » et les marches syndicales République-Nation, ils s’inquiètent toujours d’un spectre : celui d’une explosion sociale. Ce qui effraie la classe possédante, c’est l’idée que le pays pourrait s’arrêter, que l’économie pourrait être bloquée et avec elle la machine à profit. Une grève générale illimitée est donc nécessaire.
Réaliser une telle grève implique de lutter, à l’intérieur et à l’extérieur des syndicats, contre la politique de collaboration menée par la direction confédérale qui, quelle que soit sa rhétorique, nous entraîne de défaite en défaite. L’autolimitation des luttes est un échec garanti. En comptant sur les élections pour changer la donne – comme l’ont souvent suggéré les dirigeants syndicaux –, nous constatons désormais que cela se heurte à la fois aux institutions et au monarque élyséen. Nous devons donc trouver des formes de politique alternative, celle d’une lutte de classes sans compromis. Il s’agit de rassembler tous ceux qui veulent construire un véritable mouvement de grève – qui ne s’oppose pas à d’autres formes d’action – pour bloquer le pays. Les revendications ne manquent pas, car les attentats et les revers sociaux et politiques ont été énormes au cours des dernières décennies. Mais ce qui suit devrait être au centre du combat pour construire.
- Fini Macron !
- A bas le colonialisme ! Solidarité avec le peuple Kanak !
- Solidarité avec le peuple palestinien ! Assez de complicité avec les sionistes génocidaires ! Rupture des relations commerciales et diplomatiques avec Israël, fin des ventes d’armes !
- Organisons-nous pour préparer la grève générale.
-Pour le retrait de la réforme des retraites
-En raison de l’augmentation du SMIC et des minima sociaux.
-Non à l’augmentation des dépenses militaires ou au plan d’ajustement des déficits imposé par l’UE !-Plus de ressources pour sauver nos services publics, étranglés par l’austérité : santé, éducation, transports.
[2]Idem.
[3]Voir
[4]Siège du ministère de l’Économie et des Finances.
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