D’abord de la fièvre, accompagnée d’une très grande fatigue. « Il dormait 22 heures sur 24 », témoigne Élodie, la maman de Jean, tombé malade pendant les vacances de la Toussaint. Le jeune garçon de 7 ans a ensuite commencé à tousser, mais la batterie d’examens réalisés n’a rien donné. « Le médecin nous a alors parlé de pneumopathie atypiqueparce qu’il n’entendait presque rien au stéthoscope », raconte-t-elle. Aux urgences, le pédiatre a lui aussi employé cette drôle d’expression. Depuis, Élodie a appris qu’au moins quatre élèves de l’école avaient souffert du même mal ces dernières semaines. Et ils ne sont pas les seuls en France, loin de là.
L’Hexagone est confronté à une véritable flambée de « pneumopathies » chez les enfants, d’après les données de Santé publique France (SPF). 700 consultations SOS Médecins et 2 150 passages aux urgences pour ce type d’infection pulmonaire, que SPF distingue de la bronchiolite, ont été recensés chez les moins de 15 ans la semaine dernière. Cela représente, respectivement, 2,2 et 2,5 % de l’activité totale. De tels niveaux dépassent largement les pics précédents, et ils sont inédits depuis au moins dix ans.
Comment l’expliquer ? « N’importe quel virus ou bactérie peut donner une pneumopathie, mais beaucoup de mycoplasmes circulent en ce moment », avance Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français. Au sein de cette famille de bactéries, les soupçons planent en particulier sur mycoplasma pneumoniae.
Des symptômes souvent semblables
Ce pathogène, bien connu des scientifiques, a très peu circulé pendant que nous étions confinés et masqués au début du Covid. Mais il est resté assez peu détecté par la suite, tandis que d’autres virus ou bactéries faisaient leur retour en force, rapportaient plusieurs scientifiques dans la revue médicale La Lancette en juin dernier. S’il finissait par réapparaître à son tour, il « pourrait affecter la population mondiale qui n’a pas été exposée au cours des trois dernières années et entraîner une hausse des formes graves », prévenaient-ils.
Habituellement, mycoplasma pneumoniae est responsable d’environ 30 % des pneumonies chez les enfants et jusqu’à 50 % chez ceux âgés de 5 à 15 ans, d’après la Société française de microbiologie. Les adultes peuvent eux aussi être touchés, et ceux les plus âgés sont les plus à risques d’infection sévère. « On observe en ce moment beaucoup plus d’infections bactériennes pulmonaires à mycoplasma pneumoniae que d’habitude. En quinze jours, on a hospitalisé une dizaine de patients à la Pitié-Salpêtrière », prévient Alexandre Bleibtreu, infectiologue à l’hôpital parisien. Un pédiatre urgentiste nous confie n’avoir « jamais vu une épidémie aussi forte que cette année ».
Les symptômes se ressemblent souvent : « De la fièvre, un état fébrile, parfois sans toux, et lorsque l’infection atteint le poumon, au bout de cinq jours, là le patient se met à tousser », décrit Alexandre Bleibtreu. « C’est assez classique des pneumopathies à bactérie intracellulaire. »
D’autres cas ont été recensés « à Versailles, à Nancy, à La Réunion… » Si les formes graves restent plutôt rares, certains patients ont dû être admis en réanimation. À ce stade, aucun décès n’a été rapporté. « On surveille, on est en train de se structurer en réseau pour faire remonter les cas », avance Gilles Pialoux, chef des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon (Paris). Les pays étrangers ne sont pas épargnés : Suisse, Angleterre… En Chine, où des hôpitaux pédiatriques sont débordés, on soupçonne la même bactérie.
« Est-ce une épidémie inédite ? »
Celle-ci est détectable par test PCR ou par analyse de sang. Elle se transmet habituellement par grosses gouttelettes ou par contact direct avec une personne infectée. Bonne nouvelle : des antibiotiques, dont l’azithromycine, sont censés être efficaces contre elle. « Le médecin du CHU avait parlé de faire un prélèvement pour identifier la bactérie si jamais l’antibiotique était inefficace après 48 heures, mais comme il l’a été, on lui a épargné ça », raconte d’ailleurs Élodie, la maman de Jean.
Les autorités sanitaires, sur le pont, multiplient les analyses. Reste à comprendre pourquoi mycoplasma pneumoniae fait son grand retour cette année. « Est-ce une épidémie inédite ? Si oui, pourquoi ? Est-ce que c’est une variation de la souche ? Personne ne peut encore le dire, et il n’est pas possible non plus d’affirmer qu’il y a plus de cas graves », avance l’infectiologue Alexandre Bleibtreu. Et de conclure : « Ce qui est sûr, c’est que depuis le Covid-19, cette bactérie avait disparu et qu’il y a une résurgence. »
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2023-11-23 20:43:00