Focus sur les machines : Fendt – de l’horloger à la marque haut de gamme

Fendt est désormais considérée comme la marque premium du groupe AGCO. Ce n’est pas un hasard car elle appartient au géant américain depuis 1996 et 27 ans donnent beaucoup de temps à l’entreprise pour positionner la marque où elle le souhaite sur le marché.

Aujourd’hui, les tracteurs sont vendus sur leur longévité et leur fiabilité, et comme il sied à un tracteur qui se veut le nec plus ultra de la modernité, sa composante numérique.

Et peut-être ne devrions-nous pas être trop surpris par l’élément de précision, car l’entreprise a été fondée par un horloger.

Racines familiales

Comme de nombreuses entreprises de machines en Allemagne, Fendt a grandi et prospéré en tant qu’entreprise familiale, une caractéristique des entreprises continentales qui étaient généralement financées par des banques industrielles, plutôt que par des banques d’affaires, qui accordaient la priorité aux intérêts des actionnaires.

Cette voie de financement explique en partie pourquoi tant d’entreprises manufacturières continentales sont encore familiales, Amazone, Pottinger et Lemken pour n’en citer que trois.

Les fondateurs de Fendt étaient Johann Fendt et son deuxième fils Hermann.

Démarrage à l’essence

Johann, avec Hermann et un charron local, Lukas Heel, ont construit leur première tondeuse automotrice en 1928, qui, malgré la direction ultérieure de l’entreprise, était en fait propulsée par un moteur à essence, que certaines sources attribuent à être fait par les frères Kramer.

Un développement ultérieur dans l’atelier a produit le premier tracteur Dieselross (Diesehorse), qui est apparu l’année suivante.

Il s’agissait d’un modèle de 6 ch entraîné par un moteur à allumage par compression Deutz MAH711, et c’est ainsi que la lignée des moteurs diesel a été fondée.

La conception était assez avancée pour l’époque, avec une tondeuse alimentée indépendamment de la transmission et donc détachable, permettant au tracteur de labourer ou d’être utilisé à d’autres fins.

La prochaine génération

Johann Fendt mourut en 1933 et le fils aîné, Xaver, retourna dans l’entreprise familiale après avoir passé du temps à travailler pour d’autres sociétés d’ingénierie.

Ensemble, avec leur mère, les deux frères ont donné une structure formelle à l’entreprise en 1937 et la société Fendt moderne est née.

Comme pour toutes les entreprises en Europe, la guerre a perturbé à la fois la production et le développement de nouvelles machines. Quels que soient les nouveaux tracteurs construits, ils étaient équipés de générateurs de gaz à bois en raison de la rareté du pétrole.

Cette situation a duré jusqu’en 1950 et l’introduction du Dieselross F15 qui s’est avéré un tel succès qu’en 1955, l’entreprise célébrait la construction de ses 50 000^e tracteur tandis que les 100 000^e suivie à peine six ans plus tard.

Fendt innove

L’entreprise n’était pas seulement préoccupée par les chiffres de production, il y a eu de véritables tentatives d’innovation au fil des ans, notamment le porte-outils de la série 200/300 qui a fait progresser le concept de manière spectaculaire.

Une autre avancée a été le volant d’inertie fluide, introduit en 1964, suivi de l’entraînement continu Turbomatik en 1972.

Les travaux de développement sur les transmissions hydrostatiques avaient cessé après la Turbomatik, mais ils ont été repris en 1987, aboutissant au lancement éventuel de la Favorit 926 en 1995 avec la transmission “Vario” à variation constante, offrant un nombre infini de vitesses avant et arrière.

Cette année-là a également vu les 500 000^e Fendt sort de la chaîne de production, une étape importante pour l’entreprise, bien qu’elle soit la dernière à être célébrée sous la propriété familiale, car les cinq héritiers restants vendent l’ensemble de l’entreprise à AGCO l’année suivante.

En 1981, les deux frères, Hermann et Xaver, se retirent de la direction active de l’entreprise et bien qu’elle soit encore familiale, la direction de l’entreprise est entièrement confiée à une structure de gestion indépendante.

Affaires corporatives

AGCO a, à son crédit, depuis encouragé le développement de l’entreprise, et elle s’est fermement établie comme un nom haut de gamme sur le marché, mais les pressions de la normalisation entre les marques de l’entreprise doivent rester fortes et dans quelle mesure elles resteront uniques est un question qui est maintenant souvent posée dans le métier et au-delà.

C’est un secret de polichinelle que la direction d’AGCO a envisagé l’idée de fusionner les trois grandes marques en une marque mondiale de tracteurs, une idée à laquelle les marques elles-mêmes ont fermement résisté.

L’union de Massey Harris et The Ferguson Company en 1953 avait provoqué un mécontentement latent jusque dans les années 1980, selon des initiés, et cela se répéterait très probablement s’il devait être réessayé.

Ce que nous voyons aujourd’hui de la part d’AGCO, c’est la promotion de Fendt comme le joyau de la couronne.

Des rapports récents aux actionnaires ont souligné le rôle de la société en tant que fabricant de gammes complètes et se sont concentrés sur sa présence croissante sur le marché en Amérique du Nord et du Sud.

Bien que Massey Ferguson et Valtra ne soient pas ignorés dans ces présentations au monde extérieur, il est assez évident de savoir où AGCO voit les plus grandes marges à réaliser et c’est avec un tracteur haut de gamme doté de toutes les dernières technologies numériques.

Il ne fait aucun doute que Fendt est promis à un avenir solide et le parti pris d’ingénierie profondément ancré au sein de la direction de l’entreprise lui permettra de continuer à innover et à être à l’avant-garde du développement de tracteurs pendant encore longtemps.

L’autre Fendt

Un petit détail qui est souvent omis de l’histoire de Fendt est qu’en 1938, un autre membre de la famille, Clemens Fendt, a également renoncé à fabriquer des horloges de tour et a développé un tracteur assez avancé pour l’époque et connu sous le nom de Mammut, un nom plus tard adopté par Eicher.

Malheureusement pour cette entreprise, le gouvernement allemand en temps de guerre a fermé tous les fabricants de tracteurs, à l’exception de deux, l’un étant l’entreprise d’Hermann Fendt.

Clemens Fendt s’est tourné vers la fabrication d’une gamme de remorques tirées par des chevaux que son entreprise a poursuivie jusque dans les années 1960.