Le diocèse avait déjà été sanctionné en mai 2022, par la suspension des ordinations prévue un mois plus tard, et concernant quatre prêtres et six diacres. Il avait été « visité » par Mgr. Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et métropolite de l’évêché de Toulon, en 2020. Mais cette visite n’a pas été ordonnée par Rome, du moins pas officiellement.
Une visite apostolique a été annoncée le 7 février dernier par la nonciature. Ces visites sont normalement effectuées par au moins deux évêques – dans ce cas, Mgr. Joël Mercier, ancien secrétaire de la Congrégation pour le Clergé, et Mgr. Antoine Hérouard, archevêque de Dijon.
Lors de ces visites, tout fidèle du diocèse, ainsi que tous les membres du clergé, peuvent être entendus à leur demande par les visiteurs. A la suite de quoi, ce dernier doit remettre un rapport à la Curie, au dicastère des évêques. Selon leur mandat, ils peuvent également avoir un pouvoir décisionnel immédiat, s’ils estiment qu’il y a urgence. La durée de la visite est fixée à 15 jours.
Mais pourquoi cette visite a-t-elle été ordonnée ? Probablement pas pour une question de morale, pour laquelle il y aurait eu une enquête à la manière d’une instruction. Le grief est connu de toute façon, car régulièrement agité, et il concerne l’action épiscopale de Mgr Dominique Rey, dans sa dimension de gouvernement.
Diverses critiques
Selon Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro, trois critiques majeures sont au cœur de cette visite apostolique. Le journaliste rappelle d’abord que le diocèse est l’un des plus dynamiques de France : ainsi, depuis des années, le nombre de candidats à la prêtrise est l’un des plus élevés du pays. En 2019, il était de 66, derrière les séminaires de Paris (100) et la communauté Saint-Martin (115).
Le premier grief serait la personnalité entreprenante et déterminée de l’évêque. Issu de la communauté charismatique de l’Emmanuel, le curé du diocèse a plusieurs points de divergence avec l’épiscopat français, notamment, il est moins « timide » sur un certain nombre de questions, comme la bioéthique. Ce qui n’est d’ailleurs pas du goût de certains prêtres de son diocèse.
Deuxième grief, toujours selon le chroniqueur du Figaro, l’accueil trop large accordé aux communautés, séminaristes, ou prêtres non agréés dans les autres diocèses. Cette politique d’accueil a ses succès et ses échecs. Celles-ci sont pointées du doigt, comme preuve d’un manque de prudence de la part de l’évêque du diocèse.
Enfin, troisième grief, Mgr Rey est critiqué pour son ouverture vis-à-vis des prêtres ou des communautés « traditionalistes ». Une fois connue la répugnance de la quasi-totalité des évêques français vis-à-vis de ces communautés, force est de constater que cette accusation est la plus virulente. Le diocèse de Fréjus-Toulon est considéré comme une sorte de corps étranger.
Déclaration du diocèse
Lorsque la visite a été annoncée, le diocèse a publié un communiqué de presse sur son site Internet. Le texte affirme que « cette visite apostolique sera l’occasion d’approfondir et de poursuivre le travail accompli par le cardinal Aveline lors de sa visite fraternelle. Ainsi, cela permettra une vision plus large et plus claire de la situation dans laquelle se trouve le diocèse de Fréjus-Toulon.
Il est évidemment difficile de faire des hypothèses à ce stade, d’autant plus qu’il peut y avoir de nombreuses inconnues. Cependant, il est raisonnable de penser que l’accueil bienveillant de l’évêque vis-à-vis de la « tendance » traditionnelle est plus ou moins au cœur de cette visite.
